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Le gouvernement semble bien déterminé à aller de l’avant avec le projet de dessalement. Cela, après des décennies de tergiversations et de promesses.
Effet d’annonce ou enfin du sérieux ? Face à la presse le mercredi 18 janvier, le ministre des Services publics et de l’Énergie, Joe Lesjongard a, une nouvelle fois, évoqué la possibilité d’avoir recours au dessalement en cette période où le pays fait face à une de ses pires crises de l’eau.
C’est la deuxième fois en trois mois que le ministre Lesjongard vient s’exprimer sur la nécessité d’un tel projet. S’il s’était uniquement contenté d’évoquer la nécessité d’investir dans le dessalement au mois d’octobre – cela, à l’issue d’un atelier de travail au sujet de l’eau sans toutefois donner plus de précisions sur la faisabilité du projet -, Joe Lesjongard a été un peu plus explicite mercredi. « Le gouvernement envisage sérieusement de se tourner vers le dessalement », a-t-il déclaré, tout en concédant que « l’expertise étrangère sera importante pour mener ce projet à bon port. Nous n’avons jamais fait cela (ndlr : dessalement) à grande échelle et c’est pour cela que nous avons besoin de l’aide de l’étranger. Il y a quelques pays amis qui sont venus de l’avant et qui sont prêts à nous aider ».
Il a aussi fait ressortir que le dessalement peut aujourd’hui se faire à travers des conteneurs, sans compter qu’avec les avancées technologiques, le coût du dessalement n’est plus aussi cher. « Ce qui est intéressant aujourd’hui, c’est que les énergies renouvelables peuvent baisser le coût de production. Il y a des conditions assez intéressantes qui sont réunies pour avancer dans cette direction », a avancé le ministre.
Quand pourra-t-on témoigner du démarrage du projet ? À cette question, le ministre Lesjongard a évoqué deux possibilités : la première qui consiste à faire du dessalement dans le court terme à l’aide des conteneurs ou la deuxième, sur une plus grande échelle. « Le Premier ministre nous a déjà demandé de travailler sur les ‘Terms of Reference’. Lorsque nous discuterons avec des pays, il faut que ces ‘Terms of Reference’ soient claires et nettes », a-t-il fait part.
Malgré les réserves exprimées par certains membres de la direction de la Central Water Authority (CWA) au sujet du dessalement dans un premier temps, tout semble indiquer que bon nombre de techniciens sont aujourd’hui convaincus de l’efficacité de ce projet. « Une, fois les stations de dessalement d’eau de mer sur les rails, nous répondrons ainsi à nos besoins en eau dans diverses régions. Ce projet sera bénéfique à la CWA dans le sens que l’organisme ne dépendra pas exclusivement sur la pluviométrie. Ce sera une ressource disponible tout le long de l’année. En gros, le dessalement sera d’un apport additionnel qui permettra à la CWA d’avoir une autre source d’approvisionnement outre les réservoirs, les nappes phréatiques, les rivières et autres cours d’eau », fait-on comprendre au niveau de la direction de la CWA.
On indique également que les habitants des régions côtières du Nord et de l’Ouest pourraient être les premiers à bénéficier de ce projet de dessalement. Cela permettra à la CWA de dévier l’eau afin de l’acheminer vers d’autres régions. La réalisation devrait par ailleurs nécessiter un cadre légal, « car il s’agit d’un nouveau projet et que des sociétés privées pourraient procéder à l’embouteillage de l’eau dessalée à des fins commerciales. Nous sommes suspendus au Water Bill qui sera présenté à la rentrée parlementaire. Il se pourrait bien que le projet de loi fasse mention du dessalement », avance un technicien de la CWA.
L’océanographe Vassen Kauppaymuthoo, qui avait été un des premiers à proposer de lancer le projet de dessalement à travers des containeurs, accueille favorablement l’annonce du ministre Lesjongard. Selon lui, en raison de la gravité de la situation, « c’est le seul projet efficace qui pourra soulager le pays ». « L’eau de la pluie ne sera pas suffisante dans un premier temps. En revanche, le dessalement peut être une solution facile à réaliser », dit-il. Aussi, dit l’expert, si le gouvernement se montre vraiment sérieux, les premières unités de dessalement par voie de conteneurs peuvent voir le jour d’ici un mois. « Il suffit de se tourner vers des pays comme l’Afrique du Sud, par exemple, pour procéder à l’importation de ces conteneurs et tout peut être prêt d’ici un mois », dit-il.
Le député du Parti travailliste, Osman Mahomed, est, quant à lui, plus sceptique et met en doute le sérieux de Joe Lesjongard sur le dessalement. « Ce n’est pas la première fois qu’il en parle. On a l’impression qu’il parle de dessalement uniquement pour faire plaisir à la population », dit-il. Le député rouge se dit aussi « inquiet » concernant « la viabilité » du projet en raison des infrastructures « défectueuses » qui seront utilisées pour véhiculer l’eau dessalée vers les foyers. « Plusieurs tuyaux de la CWA sont défectueux. Nous allons de ce fait perdre beaucoup d’eau », soutient-il. Osman Mahomed regrette que le pays n’arrive pas à faire une meilleure utilisation de l’eau de pluie.
Le projet de dessalement d’eau de mer est bel et bien une réalité à Rodrigues. Des unités sont opérationnelles dans diverses régions du pays, notamment à Pointe Venus, entre autres. Le gouvernement régional, avance un commissaire de l’Assemblée régionale, a opté pour des unités de dessalement containerisées. En août dernier, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, avait annoncé qu’une somme de Rs 1 milliard allait être injectée dans la construction de nouvelles unités de dessalement dans le pays.
Le Chef commissaire de Rodrigues, Johnson Roussety, déplorait, lui, le fait que la station de dessalement d’Anse-Goéland avait été mis en opération sans une étude technique. Les appareils de la station d’Anse-Goéland ont été placés à la station de Pointe Venus, car le projet de dessalement ne produisait pas les résultats escomptés. La relance des quatre unités de dessalement est une mesure phare du discours-programme 2022-2027 (Ndlr : intitulé « Travailler avec la population et pour la population ») pour l’alliance au pouvoir, présenté en mars. Le but : en finir une fois pour toutes avec le problème d’eau qui perdure depuis bon nombre d’années à Rodrigues.
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