Le gestionnaire du réseau électrique français estime que les conditions météorologiques favorables couplées à la baisse de la consommation globale d'énergie atténuent les risques sur l'approvisionnement d'ici fin décembre. Mais les tensions se déplacent sur janvier, avec une baisse plus importante que prévu de la production nucléaire.
Par Florian Maussion
RTE a apporté une bonne et une mauvaise nouvelle ce vendredi matin. Dans un point de situation, le gestionnaire du réseau électrique français a affirmé que le risque de coupure d'électricité s'éloigne pour la fin de l'année 2022. Mais on peut s'attendre à un risque de forte tension plus fort que prévu début 2023.
L'entreprise a révisé à la baisse les difficultés d'approvisionnement en électricité pour les mois de novembre et décembre, avec un risque « diminué » par rapport à celui anticipé en septembre. Pour les deux derniers mois de 2022, la clémence des températures, qui restent pour l'instant plus élevées que les moyennes de saison, repousse l'hypothèse de la survenue d'une vague de froid dans les prochaines semaines. Elle s'ajoute à la poursuite de la baisse globale de la consommation d'énergie, provoquée notamment, au sein des entreprises, par le ralentissement de l'activité économique sous l'effet de l'inflation, pour abaisser le risque de tension.
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La mauvaise nouvelle est venue, une fois de plus, des difficultés du parc nucléaire d'EDF. Une nouvelle révision à la baisse de la capacité de production augmente mécaniquement le risque pour janvier.
RTE s'attend certes à un écart « petit mais réel » par rapport au scénario de base au cours des prochaines semaines, lié notamment aux mouvements sociaux dans les centrales au cours du mois d'octobre et à des aléas techniques survenus depuis. Mais c'est surtout en janvier que « l'écart sera plus significatif » par rapport aux prévisions initiales. Le gestionnaire table désormais sur une disponibilité du parc de l'ordre de 40 GW, contre 45 GW prévus en septembre. Des opérations de maintenance « assez lourdes » rendront indisponibles certains réacteurs pour une durée plus importante. Cette estimation est bien inférieure à celle publiée la semaine dernière par EDF, qui prévoyait une capacité de production de 48 GW au 1er janvier.
Le dispositif Ecowatt, pour alerter les Français et les appeler à réduire leurs consommations d'électricité, pourrait être plus sollicité, avec notamment plus de journées classées « rouge ». S'il est encore trop tôt pour parler de délestages, RTE souligne que ceux-ci pourraient toucher des particuliers situés dans des secteurs non prioritaires. Il précise toutefois que tous les moyens de production disponibles – y compris fossiles, notamment au sein de la centrale de Saint-Avold (Moselle) – seront mobilisés en cas de forte tension avant d'envisager de procéder à des coupures ciblées.
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Autre bonne nouvelle, l'hydroélectrique va pouvoir rejouer son rôle à plein. Si les inquiétudes étaient fortes, à la sortie de l'été, avec des réserves d'eau très en dessous des prévisions, le taux de remplissage des lacs à mi-novembre est jugé « satisfaisant » et « proche de la moyenne historique » Les conditions climatiques ainsi qu'une « gestion plus prudente » ont permis de moins solliciter les barrages pour la production d'électricité. De quoi « aborder plus sereinement la suite de l'hiver », alors que l'hydroélectrique est le deuxième plus gros moyen de production dans l'Hexagone.
EDF et Crédit agricole ont annoncé vendredi dans un communiqué la signature d'un prêt bilatéral vert de 1 milliard d'euros consacré au financement de la maintenance du parc nucléaire existant en France. « Il s'agit d'une première mondiale dans le domaine de la transition énergétique, écrivent les deux groupes. Le prêt s'inscrit dans le programme industriel majeur du Grand Carénage qui vise à améliorer la sûreté et à poursuivre le fonctionnement des réacteurs du parc nucléaire au-delà de quarante ans. »
Florian Maussion
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