Corinne Vignon, députée Renaissance de Haute-Garonne et présidente de la Commission sur la condition animale, revient pour CNEWS sur les différents leviers permettant de faire évoluer une cause encore trop incomprise chez certains politiques.
En tant que présidente du groupe d’études sur la condition animale à l’Assemblée nationale, Corinne Vignon, députée Renaissance de la 3e circonscription de Haute-Garonne, est le visage de cette cause dans l’hémicycle.
Forte notamment de dix ans d’expérience sur la préservation des animaux marins au Costa Rica, elle entend ainsi faire avancer des sujets, acquis par la société civile, mais encore nettement incompris par beaucoup de politiques.
L’élue est parvenue récemment à faire voter une loi visant à interdire les colliers dits de «dressage» électriques, étrangleurs, en raison des souffrances qu’ils provoquent. Le fruit d’un travail étroit avec les acteurs de l’éducation animale. Un secteur qu’elle compte bien faire évoluer.
Comment fonctionne cette Commission sur la condition animale que vous présidez ?
J’ai été nommée présidente de ce groupe d’études, à la suite de la non-réélection de Loïc Dombreval. C’est un groupe transpartisan qui a pour but d’étudier tous les types d’animaux, qu’ils soient domestiques ou sauvages. Le champ d’action est très large, nous évoquons des sujets afin de faire des propositions de loi. Nous faisons en sorte qu’elles soient les plus consensuelles possibles pour l’ensemble du groupe.
Récemment votre texte visant à l’interdiction des colliers de dressage a été voté à l’Assemblée nationale. Peut-on parler de «première victoire» ?
Bien sûr et il était important d’agir. Historiquement, je connaissais le problème depuis longtemps. Plusieurs clubs canins de ma circonscription m’avait déjà fait remonter la problématique de ces colliers. Puis, j’ai lu un rapport de la Fondation Brigitte Bardot qui en parlait très largement. C’est à ce moment qu’avec Aurore Bergé, la présidente du groupe Renaissance, nous avons décidé qu’il fallait faire une proposition de loi car cela ne pouvait plus durer. Cet objet est maléfique pour le chien. Il souffre, mais l’humain aussi, car il peut se faire attaquer par l’animal en peine. Il est d’ailleurs impossible de séparer l’agressivité du chien et le port de ce collier, car un animal de 3 mois, peu importe sa race, ne naît jamais agressif.
A quoi est dû ce mauvais comportement humain que vous dénoncez ?
Il est lié à une mauvaise information. Les gens prennent parfois un chien sans se préoccuper de ses besoins. Et s’il aboie, pour exprimer son malheur, le maître peut décider de lui mettre un collier électrique. C’est de ce manque d’informations que naissent les chiens stressés et agressifs. La SPA et les refuges sont remplis de chiens qui sont ingérables en raison de mauvais traitements. Si certains sont récupérables, les autres seront euthanasiés. Les propriétaires doivent être conscients de ce qu’ils achètent.
Est-ce important pour vous de collaborer avec les différentes associations et fondations qui luttent contre la maltraitance animale ?
C’est même essentiel, mais il n’y a pas que ces personnes. Au cours de mes déplacements, j’ai également eu l’occasion de rencontrer des clubs canins, des vétérinaires, des éthologues, qui ont tous dénoncé l’utilisation des colliers électriques.
Peut-on remettre en cause le système de formation des éducateurs canins ?
Absolument, c’est du grand n’importe quoi. Il est possible de devenir éducateur canin en obtenant l’Attestation de Connaissances pour les Animaux de Compagnie d’Espèces Domestiques (ACACED), qui peut être acquise en seulement deux jours de formation en ligne. C’est illogique alors qu’il existe des diplômes d’éducateur canin. Il faut des vraies méthodes et, pour cela, il faut encadrer le métier.
Prévoyez-vous d’encadrer cette profession ?
Je compte m’entretenir très bientôt avec Carole Grandjean, la ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels. L’encadrement de la profession d’éducateur canin va être une de mes grandes batailles.
Vous souhaitez également instaurer un étiquetage du bien-être animal, en quoi cela consisterait ?
Nous devons encore travailler dessus en commission. L’idée est de fixer des critères sur le bien-être animal, qui ne consiste pas seulement à nourrir et loger son animal. Je suis certaine qu’un étiquetage, à l’image du Nutriscore pour les aliments, apporterait compréhension du bien-être animal.
Trouvez-vous que les Français sont réceptifs à la question du bien-être animal ?
Oui, une grande partie de la population s’intéresse de plus en plus à cette question, au contraire des politiques. La jeune génération est plus sensible à cette cause, qui rentre petit à petit dans l’hémicycle. C’est une bonne chose car je trouve que nous, les politiques, avons beaucoup de retard par rapport à la société civile, qui paraît plus clairvoyante.
Le député Aymeric Caron a défendu un texte de loi pour l’interdiction de la corrida, avant de le retirer. Que prévoyez-vous contre cette pratique ?
Tout d’abord, je tiens à rappeler que je suis totalement contre la corrida. La maltraitance contre le taureau lorsqu’il est dans l’arène est indiscutable. La loi d’Aymeric Caron ne pouvait pas passer car, malheureusement, c’était ce dernier qui la portait. Certains ont été bloqués par l’aspect radical de monsieur Caron, qui a des convictions chevillées au corps, ce que je respecte énormément.
Cependant, la question de la corrida va revenir sur le devant de la scène. Mais cette fois-ci, il faudra y aller pas à pas. Le bien-être animal est tellement nouveau dans l’esprit des politiques qu’il ne faut pas urger. Je pense qu’il faut y aller petit à petit.
Le bien-être animal est un sujet très sensible, il faut être tactique. Je préfère réussir un petit pas, plutôt que d’en échouer un grand.
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