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Parmi les 154 personnes décédées lors de la bousculade meurtrière d’Halloween de samedi soir, quatre victimes étaient Chinoises. Ce lundi encore, la catastrophe fait les titres des médias en Chine, qui se font l’écho des témoins du drame.
De notre correspondant à Pékin,
Près de la moitié des étrangers en Corée du Sud sont Chinois et ils ne sont pas près d’oublier ce samedi soir d’Halloween à Itaewon, ce quartier des bars logé sur une colline de Séoul, où des jeunes fêtards ont été décimés comme dans un film d’épouvante, un véritable cauchemar dont on ressort difficilement indemne.
【亲历者忆梨泰院踩踏:当晚就在现场,回家后看报道吓得手都在抖】
10月29日晚,韩国首尔梨泰院发生踩踏事故已致153死。亲历者表示,当晚就在事发地,现在回想起觉得十分后怕,甚至在看现场报道时都在手抖。 pic.twitter.com/oeLBNhUINw
Deux jours après la bousculade meurtrière de Séoul, les réseaux sociaux, la presse chinoise diffusent de nombreux témoignages de survivants traumatisés, ou plutôt de survivantes ; car les jeunes femmes sont majoritaires parmi les victimes. « Rien que de songer à la scène, mes mains tremblent », confie ainsi une étudiante chinoise dans une vidéo diffusée par le site Pangpai. « En repensant à ce qui s’est passé, j’ai toujours du mal à respirer », affirme une autre dans les Nouvelles de Pékin. Elle s’appelle Xu Qing. Son récit a nourri les conversations à la cantine des « Danwei », les unités de travail ce midi en Chine. Xu Qing mesure 1,75 m. C’est sa taille qui l’a sauvé dit-elle, avant de décrire son parcours dans la ruelle de l’horreur : 45 mètres de long et 3,2 mètres de large où elle ne comptait pas se retrouver au départ.
Arrivée par le métro avec un ami vers 21h30, elle se souvient avoir eu le temps d’acheter deux glaces, puis de marcher pendant une quinzaine de minutes, quand l’atmosphère a changé. Le monde autour est soudain devenu plus compact. La marée humaine comme un mur pousse tout ce qui entrave son chemin. Xu Qing veut alors rentrer. Mais la foule les traîne et les entraîne vers une rue en pente, puis tout s’arrête au milieu.
Du haut de son 1,75 m, Xu Qing pouvait encore respirer. La jeune fille à côté d’elle n’a pas eu cette chance. Elle mesure 1,50 m et bientôt elle ne respire plus : « Je l’ai vu haleter et s’étouffer en 5 minutes. J’étais impuissante, je ne pouvais même pas bouger mon cou. À ma droite, un garçon étranger vomissait son sang sur moi. La seule chose que je peux dire, c’est que j’ai survécu ».
100000 fêtards étaient à Itaewon samedi soir, quartier de Séoul en Corée du Sud où 151 pers sont mortes écrasées dans un mouvement de foule. 200 policiers étaient sur place, pour la plupart chargés de la lutte contre la drogue et le harcèlement sexuel. https://t.co/7guO3xQ36y
Les médias chinois reviennent ce lundi sur ces minutes qui ont tourné au drame. À 22 h, les premiers fêtards trébuchent. À 22h10, les sapeur-pompiers reçoivent un premier appel d’urgence. Les terrasses des bars en surplomb regardent alors les hommes tomber, sans comprendre. Il y a la musique, l’alcool, peut-être des stupéfiants. Seulement 200 policiers étaient mobilisés ce soir-là, selon les médias sud-coréens, pour la plupart des agents chargés de la lutte contre le trafic de drogue et le harcèlement sexuel. Cette absence de force de l’ordre pour canaliser les flux a été souvent relevée dans les commentaires en Chine. Dès le lendemain de la tragédie, certains patriotes chinois du clavier, qui n’ont cure ni de la période de deuil, ni de la décence et du respect dû aux familles des victimes, ont d’ailleurs, dès le lendemain de la catastrophe, remis une couche sur la supposée maîtrise des masses par le régime communiste.
Pourquoi cette absence apparente de force de l’ordre, alors que toute la jeunesse de Séoul se presse sur la colline de Yongsan déguisée en fantôme et autres personnages qui font peur ? C’est aussi la question que se pose Liu Tong. « La rue est très étroite et en pente, des gens venaient de toutes les directions et il n’y avait aucun agent de sécurité pour nous guider », explique un étudiant venu de la province chinoise de Hubei dans les pages d’un journal local. Une heure pour faire moins de 40 mètres et Liu Tong a du mal à respirer. Il a pu finalement quitter les lieux avant 22 heures, mais il imagine très bien la suite : « Il y a ceux qui voulaient sortir de la ruelle et ceux qui voulaient entrer, et tout le monde s’est mis à pousser ».
A video of how well the People’s Republic of #China controls the masses did not take long to appear on Chinese social media after the #Itaewon tragedy. pic.twitter.com/bOkOE0Pm0T
Selon la police sud-coréenne, la bousculade meurtrière s’est produite sur une portion de moins de 6 mètres de long. « Il y avait plus de 300 personnes dans un espace d’environ 18 mètres carrés, soulignent les Nouvelles de Pékin, les témoins ont entendu des gens demander de pousser et de pousser dans les deux sens, puis les gens sont tombés couche par couche dans la pente, comme des dominos, ce qui a conduit à la tragédie. »
« Quand trois personnes meurent à côté de toi, que tu as eu leur visage sur ton visage, tu sais ce que c’est que le désespoir. J’ai vraiment failli fermer les yeux, je voulais juste vivre », indique Xu Qing. La jeune femme d’1,75 m ne peut se sortir de la tête cette rue devenue piège qui a avalé tant de jeunes venus faire la fête. Comme de nombreux survivants, elle culpabilise : « J’avais prévu de marcher pendant une heure, de 21h30 à 22h30, puis de rentrer chez moi, je ne m’attendais pas à ce que ce qui devait être une promenade d’une heure se transforme en un cauchemar que je n’oublierai jamais. Je regrette de n’avoir rien pu faire, j’ai juste pu survivre. » Xu Qing est un nom d’emprunt. Le journal n’a photographié que ses jambes et ses mollets couverts d’ecchymoses, signes de l’intense pression exercée sur les corps et les esprits ce soir-là.
Zhang Tong était là, elle aussi. Cette jeune femme chinoise était déguisée en nonne pour Halloween. Elle a pu s’extraire de la rue avant la bousculade mortelle, mais elle a senti que les choses risquaient de mal tourner : « Les gens étaient très excités. Ils criaient ‘Descends, descends’ et en fait il voulait dire ‘d’aller plus vite’, car la rue est en pente, mais personne ne pouvait vraiment bouger ». Le bruit, la musique, l’alcool, les accents étrangers, Zhang Tong est déboussolée, mais la jeune femme repense à ses cours de survie : « En Chine, nous avons eu des enseignements sur les mouvements de foule et nous savions qu’il fallait rester près du mur pour pouvoir continuer à avancer, sachant que les magasins avaient fermé leurs portes, après qu’une partie des marcheurs se sont réfugiés à l’intérieur ». Sur son compte Weibo, la police chinoise a diffusé ce lundi un film en 3D donnant des conseils pour tenter de survivre lorsqu’on est écrasé par grande foule : « Assurez-vous de former un triangle avec vos bras pour protéger votre poitrine ».
La police chinoise a de son côté publié sur son compte weibo un film en 3 D donnant des conseils pour tenter de survivre par grande foule : « assurez-vous de mettre vos bras en triangle pour protéger votre poitrine. » 👉 https://t.co/kGjNlKIchU pic.twitter.com/cmM46UY780
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