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Investi dimanche 7 août, Gustavo Petro est devenu le premier président de gauche de l’histoire du pays. L’ancien guérillero a prêté serment devant des dizaines de milliers de personnes. Gustavo Petro s’est fait élire sur un programme social, promettant de combattre les inégalités et la corruption, mais aussi de ramener la paix avec les groupes armés. Entretien avec Angelica Montes Montoya, docteure en philosophie, spécialiste de l’Amérique latine.
RFI : La paix avec les groupes armés, promise par Gustavo Petro est peut-être l’un des enjeux les plus importants de ce mandat. On sait déjà que le principal groupe dissident des FARC a proposé un cessez-le-feu. Le président, lui-même un ancien guérillero, a sans surprise déclaré lors de son investiture qu’il était ouvert au dialogue avec les groupes armés. Son arrivée au pouvoir peut-elle calmer les tensions avec certains groupes ?
Angelica Montes Montoya : Je pense qu’il ne faut pas s’attendre à ce que la seule présence du nouveau président et de sa vice-présidente Francia Marquez puisse donner naissance immédiate à un accord de paix avec l’ELN. Il faudra une mise en confiance réciproque et la mise en place d’un mécanisme de négociations entre ces guérillas et ce nouveau gouvernement. La Colombie a déjà l’expérience des processus de paix, suite aux accords avec les FARC. Mais chaque acteur est très particulier, l’ELN n’a pas la même histoire que les FARC. Les accords ne sont pas pour tout de suite, ça va démarrer, mais ça va prendre son temps.
Gustavo Petro change quand même de cap par rapport à son prédécesseur Ivan Duque, qui avait lui relancé les hostilités avec les groupes armés.
Le ministre des Affaires étrangères reprend justement là où Ivan Duque a abandonné les accords de négociations. L’équipe du gouvernement de Petro est convaincue que la paix est la seule issue.
Le Clan del Golfo, l’un des cartels de drogue les plus puissants au monde, a annoncé dimanche 7 août un cessez-le-feu unilatéral, tandis que dans son discours, Gustavo Petro a visé la fin de la guerre anti-drogues pour une politique de prévention. Peut-on s’attendre à un apaisement ?
Peut-être un apaisement, mais ce n’est pas la première fois que le Clan del Golfo propose un arrêt des hostilités. On n’en est pas à la première tentative d’apaisement de conflit avec ces groupes. Le Clan del Golfo reste quand même un groupe criminel qui, au gré des conjonctures, se prononce régulièrement concernant l’arrêt de ses activités illégales.
►À lire aussi : Colombie: les défis qui attendent le nouveau président Gustavo Petro investi ce dimanche
Gustavo Petro s’est fait élire en promettant de combattre les inégalités et la corruption. Mais ce ne sera pas une mince affaire puisque le pays est très inégalitaire justement : quels sont précisément les défis qui l’attendent de ce côté-là ? Comment compte-t-il s’y prendre ?
Si on écoute Petro et sa vice-présidente, il y a beaucoup de réformes à faire. Trois réformes sont urgentes : la réforme fiscale, la réforme sur le système de santé, et la réforme de la police. Concernant la réforme fiscale, elle est urgente, car 12 % de la population est en état de pauvreté extrême. La priorité est de mettre en place une réforme qui taxerait les 10 % les plus riches, qui détiennent 70 % de la richesse du pays. L’idée est de créer un système fiscal solidaire, qui ne voit pas, comme le président le dit, la fiscalité comme un châtiment, mais comme la participation solidaire au changement et la transformation positive du pays.
Comment la financer, cette réforme ?
La question est plutôt de savoir si on va réussir à la mettre en place. Car cette réforme met l’accent sur la taxation des 10 % les plus riches, donc les propriétaires souvent, mais aussi les entreprises et les capitaux d’investissements. C’est une réforme progressiste qui cherche à rassurer les investisseurs, tout en rappelant qu’aucun pays ne peut éradiquer la pauvreté sans élan de solidarité, notamment pour les plus fortunés.
►À lire : Colombie: investi président, Gustavo Petro vise la fin de la «guerre anti-drogues»
Où en est d’ailleurs le mouvement de contestation sociale, qui avait éclaté en 2021 ? Quelles sont les attentes de ces manifestants qui avaient battu le pavé ?
Pour le moment, ils sont apaisés. Ce mouvement œuvrait beaucoup justement pour cette transformation historique. Ils vont probablement attendre un peu, voir ce que ces trois premiers mois vont donner. Ils sont enthousiastes, on verra bien d’ici à trois mois si le gouvernement peut et réussit à mettre en place des éléments essentiels concernant la réforme fiscale, la santé et peut-être une attention particulière à la politique d’éradication de la malnutrition, notamment dans le nord du pays et sur la côte Pacifique.
À l’international, ce nouveau gouvernement pourrait changer la donne. C’est la première fois que la Colombie se dote d’un président de gauche. Le Venezuela et la Colombie ont renoué leurs liens diplomatiques hier, à l’occasion de cette investiture. Comment cela va-t-il se traduire ?
Déjà, la relation historique entre la Colombie et le Venezuela est traversée par les rapports commerciaux. La frontière fermée et les tensions diplomatiques ont beaucoup frappé l’économie frontalière entre les deux États. Il y a aussi eu une migration colombienne vers le Venezuela pendant des décennies et vice-versa à présent. Il y avait un intérêt à apaiser ces relations, à ouvrir ces frontières – qui n’étaient pas totalement fermées, il y avait quand même un flux permanent. Maintenant, il y a l’idée de réactiver la vie économique de la frontière et accompagner un processus de stabilisation de la sécurité et de l’ordre dans la zone, où sont présents des narcotrafiquants et des guérilleros.
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