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Les talibans avaient promis, lundi 21 mars, que les lycéennes et les collégiennes afghanes pourraient reprendre leur scolarité ce 23 mars, après en avoir été privées depuis que les fondamentalistes religieux ont pris le pouvoir en août dernier. Revirement et chaos ce matin : le ministère de l’Enseignement annonce que la rentrée est reportée à plus tard, sans préciser quand.
Devant les collèges et les lycées ce matin, des scènes déchirantes… comme celle à retrouver ci-dessous, filmée par la chaîne de télévision afghane Tolonews.
Video: A schoolgirl says when she heard about the reopening of schools yesterday, she cried from happiness. Today, she cried after she and her female classmates were prevented from entering their school.#TOLOnews pic.twitter.com/8aib9kVtvX
Une lycéenne en uniforme se confie à la journaliste : « J’étais tellement heureuse, hier soir, à l’idée de retourner à l’école, contente de porter mon uniforme ce matin. Mais quand je suis arrivée ici, ils nous ont dit qu’on n’avait pas l’autorisation… ». Les talibans n’ont pas tenu leur promesse de rouvrir les établissements secondaires aux filles. Le ministère de l’Enseignement a décidé de reporter la rentrée, mais pas avant « qu’un plan en accord avec la loi islamique, les traditions et la culture afghanes soit mis en place… »
Amère déception et désillusion en Afghanistan où des dizaines de jeunes Afghanes rejetées par leur établissement ont protesté dans les rues de la capitale, Kaboul. De nombreuses jeunes filles ont fait le pied de grue devant leur établissement sans grand espoir.
Pour Heather Barr, directrice associée de l’organisation Human Rights Watch interviewée par notre correspondante à Islamabad, Sonia Ghezali, ce revirement de situation est alarmant : « Si les talibans avaient tenu leur promesse de rouvrir toutes les écoles secondaires, cela aurait été un signe fort que les pressions internationales fonctionnent et que les talibans sont prêts à faire des compromis, y compris sur les droits des femmes afin d’obtenir une légitimité. Ce qu’il se passe envoie un message contraire. Cela montre qu’ils n’ont pas la volonté ou la capacité de faire ces changements et qu’ils s’accrochent à leurs doctrines fondamentales qui sont profondément misogynes. »
Les talibans montrent aussi leur faiblesse : c’est comme s’ils avaient peur de prendre une décision tranchée sur un sujet controversé au sein de leurs rangs, a réagi la chercheuse Ashley Jackson, co-directrice du Centre d’étude des groupes armés de l’Overseas Development Institute (ODI) qui a mené des recherches sur les talibans et les civils vivant sous leur contrôle en Afghanistan.
Lorsque les talibans étaient au pouvoir dans le pays entre 1996 et 2001, les filles étaient privées d’éducation et les femmes n’avaient pas accès à l’emploi. L’accès des filles à l’éducation est l’une des principales conditions fixées par la communauté internationale pour une éventuelle future reconnaissance de l’administration des talibans, qui ont pris le pouvoir en août dernier dans le sillage du retrait des forces américaines et alliées.
(Avec AFP)
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