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Cinéma : en salles ce mercredi, "Tout le monde aime Jeanne" réenchante la comédie dépressive ! – Midi Libre

En salles ce mercredi 7 septembre, "Tout le monde aime Jeanne" est le premier film de Céline Devaux, une réalisatrice surdouée, qui mêle ici prises de vues réelles et animation à la main. Une petite merveille portée par un duo de comédiens en état de grâce : Blanche Gardin et Laurent Lafitte. Critique et rencontre avec son autrice.
Jeanne a failli sauver le monde. Jeanne a failli. Écolo active, elle avait conçu une super structure pour récupérer les plastiques qui polluent les océans. Mais le jour de son lancement, devant les caméras, son invention révolutionnaire a sombré… Et Jeanne n’a pas tardé à faire de même. Aujourd’hui, surendettée et démoralisée, elle se voit contrainte d’aller à Lisbonne, la ville de son enfance, pour vendre le bel appartement de sa mère suicidée un an plus tôt. À l’aéroport, elle croise Jean, un ancien camarade d’école, vaguement balourd, clairement kleptomane.
Arrivée sur place, au lieu de faire des cartons et s’activer à chercher des acheteurs, Jeanne procrastine. Elle erre comme une âme en peine dans l’appartement hanté par le fantôme de sa mère. Et mâchouille sa mélancolie comme un vieux chewing-gum dont la saveur a depuis longtemps disparu… Bientôt, Jean tape l’incruste dans sa retraite lisboète. Fantasque, décontractée, gouailleur et attachant, il va en bousculer le morne et angoissé ordonnancement…
Avec Tout le monde aime Jeanne, son premier film après trois courts métrages multi-primés, Céline Devaux ne craint pas de se colleter à un sujet pas drôle dans une comédie qui ne se contente pas de l’être: la dépression, c’est pas marrant, quoique, quand même un peu. Du moins, ici. Pour rendre de l’agitation subcrânienne de son héroïne, la réalisatrice et illustratrice a imaginé un petit avatar dessiné. Une touffe de cheveux longs stylisée, cousine du Capitaine Caverne des cartoons Hanna-Barbera, qui n’a de cesse de la ramener, sarcastique, cynique, dans de chouettes séquences animées à la main… Elle incarne les angoisses de Jeanne, mais aussi ses sentiments, ses souvenirs, ses idées… Bref, elle est la somme de ses voix intérieures qui la harcèlent, l’agacent, l’empêchent.
Mais Céline Devaux ne se satisfait pas de jouer du décalage drolatique, névrotique, entre ce que vit Jeanne et ce qu’elle en pense. Avec une grande délicatesse, elle donne aussi à ressentir le comblement progressif du fossé entre son héroïne paumée, inquiète, sombre, et son entourage, attentif, décontracté, solaire. Un rapprochement des cœurs réels qui ira en éloignant, forcément, le chœur imaginaire. Dans cette belle entreprise consolatrice et résiliente, Céline Devaux a pu compter sur un duo de comédiens meilleurs que jamais. Réputée pour sa lucidité immolatrice, Blanche Gardin se révèle ici d’une précision et d’une émotion affolantes, et Laurent Lafitte s’avère génial en émule du Big Lebowksi, pas simplement poilant mais touchant. Bref, Tout le monde aime Jeanne... nous aussi.
L’origine
"Après plusieurs courts métrages, j’avais décidé de passer au long. Ce qui n’est pas une bonne manière d’entamer l’écriture d’un scénario : il est préférable d’avoir une idée claire, moi j’en avais à peu près cent vingts, c’était un peu compliqué ! Finalement, j’ai compris que ce qui m’intéressait le plus, c’était de raconter la honte : comment fait-on pour continuer à vivre, à communiquer, à être à peu près fonctionnel, en faisant avec toutes les voix toxiques (et chez certains d’entre nous, elles sont assez inarrêtables) qu’on a à l’intérieur de la tête ?"
L’animation
"Ce qui m’intéressait c’est ce qu’on n’est pas censé montrer quand on réalise un film en prises de vue réelles. Ordinairement, on filme des gens, et on compte sur les spectateurs pour entrer en empathie avec eux et imaginer ce qu’il se passe dans leur tête. Or, moi, je voulais représenter l’intériorité par le biais de l’animation. D’où l’idée de cette créature chevelue, non genrée, constamment honteuse, qui rappelle en permanence à l’héroïne ses préoccupations du moment, ses souvenirs, ses inquiétudes… Je voulais rendre compte de l’expérience de "je suis en train de te parler, et je me demande si j’ai un truc entre les dents, et je pense à ma maman que j’ai oublié de rappeler…" Bref, cette espèce de multiplicité de l’expérience d’être conscient, qu’on ne peut pas vraiment montrer au cinéma normalement où l’on filme des gens faisant des choses…"
Le montage
"Dès l’écriture, la part de l’animation était déjà bien définie. Au moment du montage, une partie ayant été déjà réalisée, je pouvais l’intercaler dans les scènes prévues et si j’avais des idées nouvelles, j’allais les dessiner chez moi et je les ajoutais durant le montage. Mais il fallait toujours que cela soit au service du film ! Pas question de s’attacher à une scène animée juste parce que je l’avais créée. C’est parfois le défaut des gens dans l’animation : on se fait tellement chier à les faire, ça prend tellement de temps qu’on a du mal à s’en séparer, même si ça n’est pas utile au propos. Comme l’héroïne va de mieux en mieux, le petit personnage qui est en quelque sorte l’ambassadeur de sa nostalgie, de sa tristesse, de sa honte, se fait de plus en plus discret… Bon, sans disparaître, tout de même !"
Le casting
"Au cours de l’écriture qui a été assez longue et ardue, je me suis retrouvée coincée : je n’arrivais plus à développer mon héroïne. Je me suis mise à imaginer que cette femme c’était Blanche Gardin. Je ne la connaissais pas. Il se trouve juste que je l’aimais beaucoup. Mais le fait de l’imaginer dans le rôle de cette femme a débloqué quelque chose dans mon écriture. J’ai eu vachement de chance qu’après lecture du scénario, elle ait accepté de le faire ! Quant à Laurent Lafitte, il est arrivé alors que Blanche Gardin était déjà attachée au projet, il fallait trouver un duo, et c’est clair qu’il y a une évidence entre ces deux comédiens ! Et cela s’est avéré encore plus fort quand ils se sont retrouvés sur le plateau à incarner leurs personnages."
Le tournage
"J’étais pétrifiée d’angoisse. Imaginez : vous vous retrouvez sur un plateau avec 50 personnes, alors que d’ordinaire vous êtes dans votre chambre dans le noir, à dessiner sur votre planche, en écoutant des podcasts, le niveau de flip est vertigineux ! Mais au fond, comme je suis habituée à travailler seule, si je cherche des collaborateurs ou des collaboratrices, c’est pour qu’ils m’apportent ce que je ne sais pas faire.Je savais ce que je faisais. Alors en choisissant Blanche Gardin et Laurent Lafitte qui jouent, écrivent, mettent en scène, je savais à quoi je m’exposais. C’était se préparer à une grande exigence, notamment par rapport au texte, mais comme ça servait le film, ça allait ! Au final, je suis trop contente de les avoir un peu "délogés" ! Blanche, je trouve, a en elle une grande qualité tragique, pas dans l’autodérision, vraiment dans le tragique : elle est très belle, elle a une diction très juste, elle parvient à exprimer des choses très subtiles avec des changements de regard. Je sentais qu’elle pourrait apporter cela au film. Je trouve qu’elle a offert une sobriété de jeu inouï à ce personnage à qui il arrive des trucs quand même pas marrants ! De la même façon, Laurent Lafitte est naturellement très élégant. Là il est sapé n’importe comment, il est hors sol, anarchique et je trouvais assez chouette de l’amener là-dedans sachant qu’il avait un spectre de comédie extrêmement large."
L’humour
"Mon idée était de mettre en scène de l’humour pour servir une histoire grave avec des personnages tendres. Je ne voulais pas que la méchanceté soit le moteur de l’humour. Je ne voulais pas que l’un ou l’autre des personnages trouve des solutions à ses difficultés par le cynisme. L’humour méchant ne dure pas, il s’efface vite, alors que l’humour bon perdure, car il nous amène à aimer les autres, et je trouve ça assez chouette."
Le regard
"Mon histoire, au fond, a une structure très classique. On a une femme confrontée à différents types d’amour : son frère, son ancien amant et un nouvel intérêt… J’avais envie de montrer combien la vie d’une femme est drôle ! Car ce n’est pas ce qu’on voit d’ordinaire. Ce sont les mecs par exemple qui sont rigolos quand ils racontent leurs histoires de branlette. J’ai grandi avec ce genre de représentations. Alors que les personnes les plus drôles de ma vie, ce sont mes copines quand elles me racontent leurs histoires de femmes ! Et ça, on ne le montre pas. Ou alors on est dans le "truc de meuf pour les meufs". Ok, dans mon film, c’est une hétéro qui a des histoires avec des hommes, mais je tenais à ce que les mecs échappent eux aussi aux attendus et des codes. Ainsi le frère de Jeanne prend soin d’elle et exprime mieux ses sentiments qu’elle alors que le cliché voudrait que la femme soit plus dans l’attention et dans la communication… Il faut à un moment changer les représentations, sinon comment voulez-vous que cela évolue ?"
La dépression
"Dès l’écriture je me suis posé des questions. OK, j’ai choisi un sujet un peu lourdingue, quand même, qui est la dépression. Alors qu’est-ce que je fais ? Je m’adresse à ceux qui ont vécu la même chose, ils vont s’y reconnaître et il va se créer une complicité, voire une universalité ? Ou alors je me dis, que comme ça concerne énormément de gens mais que c’est un sujet que beaucoup ont du mal à aborder, je vais essayer de trouver une petite pirouette pour que ce soit drôle et qu’on ne se rende même pas compte qu’on est en train de parler de la dépression ? J’ai une référence, c’est On connaît la chanson d’Alain Resnais. Ce film j’ai dû le voir 25 fois quand j’étais petite, je l’adorais. Avec mes frères et sœurs, on n’arrêtais pas de regarder la VHS enregistrée à la télé française par ma grand-mère comme on habitait à l’étranger. Pour moi, c’était un film drôle, génial, avec plein de chansons super. J’ai grandi et j’ai compris que c’était bien plus que ça. Voilà, ça, j’adore ! Resnais a une générosité dans sa mise en scène telle qu’il transmet la joie autant que la perte de la joie, c’est fou de réussir à faire ça, et toi, tu te retrouves en empathie avec des gens qui vont très mal sans t’en rendre compte si tu n’as pas traversé une dépression… et si tu en as connu une, alors, là, cela devient ton film fétiche pour la vie ! La phrase de Bacri : "Ah, j’ai une dépression, je suis tellement soulagé, je pensais que j’allais mourir", c’est quand même fou ! Alors, si je m’inscris dans cette veine, c’est la classe."
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