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Christophe Honoré : «Durant les deux ou trois années qui ont suivi la mort de mon père, j'en ai voulu à la terre entière» – Le Figaro

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Évocation d’un drame personnel, son film
Le Lycéen dépeint un adolescent d’aujourd’hui
et révèle le talent d’un comédien, Paul Kircher.
Lucas a 17 ans quand il perd brutalement son père dans un accident de voiture. Son adolescence perdue, et désormais affranchi de toute autorité paternelle, il noie son chagrin dans une vie à cent à l’heure. Cette histoire est celle du film Le Lycéen, mais aussi celle de son réalisateur, Christophe Honoré. Au-delà de livrer une œuvre autobiographique, il a assouvi une envie de décrire un jeune homme d’aujourd’hui et révèle aussi les talents d’un jeune comédien. L’acteur en question s’appelle Paul Kircher, il irradie aux côtés de Juliette Binoche et de Vincent Lacoste.

Madame Figaro. –Quel lycéen étiez-vous ?
Christophe Honoré. – Une tragédie soudaine et brutale ayant surgi dans ma vie très idyllique, j’ai été un adolescent particulier, très libre. Durant les deux ou trois années qui ont suivi la mort de mon père, j’en ai voulu à la terre entière. C’est un sentiment partagé par beaucoup d’adolescents, mais ma blessure personnelle faisait que je ne croyais plus au monde. Quand on perd sa mère ou son père, on a l’impression d’être seul et on sait qu’on peut faire ce qu’on veut, car tout le monde vous trouvera des circonstances atténuantes. Je me permettais donc tout et j’avais ce fantasme honteux que perdre mon père était un appel d’air, car plus personne ne me surveillait et que je n’avais plus de comptes à rendre à qui que ce soit. Or, si on associe toujours la liberté à une valeur positive, valorisante, elle peut aussi être chargée de détresse, très empoisonnée, et la manière dont j’étais libre à 15 ans était vénéneuse.
Comment Paul Kircher s’est-il imposé à vos yeux ?
Il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir son talent ! Paul, préselectionné pour le César du meilleur espoir, s’est imposé au fur et à mesure des castings parce que c’est un acteur insensé. Il a une grande aisance, une liberté. Son histoire ne ressemblant en rien à celle de Lucas, son personnage, il devait composer ; en cela, il fallait attendre l’émergence d’un comédien et non pas d’une nature. C’est très difficile pour les jeunes acteurs d’être capables de se mettre dans différents états de sensibilité, et j’ai vu que Paul était en mesure de jouer le mélange des registres et d’exprimer une multiplicité d’émotions. Ça me rappelle la manière dont Juliette Binoche est apparue au cinéma dans Rendez-vous, d’André Téchiné, avec un rôle romanesque très difficile et complexe. J’ai d’ailleurs vu que Juliette se reconnaissait dans Paul et dans sa volonté de se préparer à chaque scène, d’être très inventif. J’ai été témoin de son admiration.
Je crois que le film fonctionne dans ce double enjeu : être à la fois un autoportrait et un portrait d’un jeune homme d’aujourd’hui
Comment aborde-t-on en tant que réalisateur un thème aussi difficile que le deuil ?
Il faut du temps. Le Lycéen est mon quatorzième film, et au fil des années, j’ai fini par être moins prudent, oser moins fabriquer les choses et être dans une sincérité plus profonde. Il faut s’épuiser un petit peu en tant que réalisateur pour arriver à ça. Finalement, avec Le Lycéen, je signais un pacte de loyauté envers moi-même : je me disais qu’il fallait que ce film soit le plus sincère possible envers mes émotions d’adolescent et qu’elles ne soient pas filtrées par mon regard d’homme de 50 ans. Je crois que le film fonctionne dans ce double enjeu : être à la fois un autoportrait et un portrait d’un jeune homme d’aujourd’hui. Je ne pense pas que j’aurais été capable de cette gymnastique-là il y a cinq ou six ans.

Que vous reste-t-il de votre adolescence ?
Comme beaucoup de garçons, je suis resté adolescent très tardivement, jusqu’à mes 27-28 ans. J’ai même cultivé cet état dans mes films et mes romans, c’est-à-dire que j’ai essayé de faire en sorte que la question de l’inachèvement, marqueur fort de l’adolescence, soit une manière d’envisager mon travail. Je me suis toujours méfié de la maîtrise et j’ai toujours préféré le côté un peu tremblé des choses. Il y a des cinéastes qui sont très marqués par leur enfance (quand on découvre les films de Wes Anderson, on voit celle d’un petit garçon de 10 ans et on se dit que c’est dingue d’avoir conservé ce regard-là sur le monde), mais moi, j’ai l’impression d’avoir commencé à me construire au moment de l’adolescence. Cette construction chaotique est certainement liée au fait que je n’ai jamais voulu m’enfermer : j’ai d’abord écrit des livres, j’ai réalisé des films, puis je suis allé vers le théâtre… Cette manière de me confronter sans cesse à mon incompétence me fait sentir très adolescent, mais j’arrive à un âge où il ne faut pas que cela devienne une coquetterie, et dans un sens, je pense que Le Lycéen achève un peu mon adolescence. Il faut maintenant que j’assume mon rôle d’adulte, de père, au risque d’être ridicule.
Tout me pousserait pourtant à renoncer parce que l’ambiance générale actuelle est quand même un peu lourde et, en tant qu’artiste, on s’interroge forcément sur notre fonction
Quel père êtes-vous ?
La question de l’éducation est très liée à l’autonomie pour moi. J’ai l’impression d’avoir essayé d’éduquer ma fille pour qu’elle puisse se passer de moi, ce qui est certainement dû au fait que j’ai perdu mon père jeune. Tout en étant très présent, j’ai l’impression de l’avoir préparée à être autonome et affranchie de sa famille, de ses parents. Cela a dû marcher puisqu’elle passe son bac et ne cherche que des écoles loin de Paris. Je me dis que j’ai réussi, mais que cela va me retomber dessus !
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Quelles sont vos envies pour la suite ?
Je reprends Le Côté de Guermantes, d’après Proust, à la Comédie-Française, en février et commence un prochain scénario. Tout me pousserait pourtant à renoncer parce que l’ambiance générale actuelle est quand même un peu lourde et, en tant qu’artiste, on s’interroge forcément sur notre fonction. Je crois qu’il faut persévérer, sans forcément témoigner de l’époque, et que le cinéma n’est jamais aussi fidèle avec le réel que lorsqu’il ne prétend pas être plus fort que lui. Je ne vois pas pourquoi les cinéastes seraient des prophètes et comment un réalisateur peut se dire : «Je vais faire un film et expliquer ce qu’est l’hôpital aujourd’hui.» À travers un documentaire, pourquoi pas, mais par la fiction, je trouve que cela relève d’une indécente prétention qui me terrifie sur la question d’être cinéaste aujourd’hui.
«Le Lycéen», de Christophe Honoré, avec Paul Kircher, Juliette Binoche, Vincent Lacoste, Erwan Kepoa Falé…
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Christophe Honoré : «Durant les deux ou trois années qui ont suivi la mort de mon père, j’en ai voulu à la terre entière»
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