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'Chez moi vit la violence' : dans les mots des auteurs de violences intrafamiliales – RTBF

Les Grenades
© Getty Images
Dans son livre Chez moi vit la violence, la victimologue belge Isabelle Seret nous plonge dans un groupe de parole pour hommes auteurs de violences intrafamiliales, qu’elle a animé pendant plusieurs mois. En attente de jugement ou de réinsertion, ces hommes dévoilent peu à peu leur vécu.
Sans concession, le livre retranscrit leurs propos parfois dérangeants, leur manière de se victimiser ou de responsabiliser leur victime. Isabelle Seret capte aussi ses propres réflexions et agacements face à leur discours.
Ce faisant, elle questionne la relation thérapeutique en elle-même : le livre devient plus personnel lorsque, confrontée à toute cette violence, elle plonge dans ses propres souvenirs d’enfant témoin et victime de violences intrafamiliales, puis de femme ayant travaillé dans les pays en guerre.
Qu’est-ce qui la conduit à écouter ces hommes ? Comment les pousser à reconnaître et assumer leur passé violent ? Pourquoi se confronte-t-elle sans cesse à la violence ? Qu’en est-il des violences qu’elle-même a vécues, en tant qu’enfant, femme et mère ? Autant de questions qui ponctuent la lecture de ces pages.
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Lorsque j’ai animé ce groupe de responsabilisation pour auteurs de violences conjugales, il y avait une constante : les hommes ne comprenaient pas ce qu’ils faisaient là, ni ce qu’on leur voulait. J’ai trouvé que c’était un point de départ intéressant, car il y a très peu de littérature qui concerne la prise en charge des hommes violents”, explique Isabelle Seret aux Grenades. “Il était important pour moi de donner des pistes aux autres praticien·nes et surtout de parler du contre-transfert, c‘est-à-dire ce qu’on ressent quand on entend ce genre de propos. Dans ces groupes, on entend des choses déplaisantes. On n’en sort pas toujours indemne.”
Dans sa démarche clinique, elle essaie de comprendre cette violence, “sans l’excuser“, précise-t-elle. “Je me confronte à la violence, plutôt que de la mettre sur le côté sans vouloir la voir. Ce n’est pas en évitant cette confrontation qu’on ne résoudra le problème. Comment se reconnecter à l’humanité chez quelqu’un qui va à l’encontre de vos valeurs ? C’est cela qui m’intéresse”, souligne-t-elle. “Et c’est une problématique qui est fortement genrée“, poursuit Isabelle Seret. A propos des violences intrafamiliales, l’Institut pour l’Égalité entre les femmes et les hommes écrit en effet : “Les violences dans les relations intimes sont, le plus souvent, la manifestation, dans la sphère privée, des relations de pouvoir inégales entre les femmes et les hommes encore à l’œuvre dans notre société. […] Il apparaît que dans la grande majorité des cas, les auteurs de ces violences sont des hommes et les victimes, des femmes.
Isabelle Seret reprend : “Mon père était l’un d’entre eux. J’ai voulu le comprendre. Qui était cet homme ? Cela m’a donné une curiosité saine pour ces comportements violents. Et je me suis rendu compte que moi-même je minimisais certains comportements, car j’avais grandi là-dedans. J’ai dû faire un travail sur moi pour comprendre que, non, ce n’est pas normal de hurler ou de jeter des meubles… je pense que ce type de violence est taboue car elles sont commises par nos frères, nos pères, nos oncles… des hommes comme les autres et proches de nous.”
Il y a très peu de littérature qui concerne la prise en charge des hommes violents
Les ateliers qu’elle met en place pour le groupe ont plusieurs objectifs. “D’abord, qu’ils reconnaissent les actes répréhensibles qu’ils ont commis. On essaie aussi de leur permettre de reconnaître les signes qui les font passer à l’acte, on veut créer une écoute émotionnelle chez eux. La plupart d’entre eux n’ont pas appris à gérer leurs émotions, c’est un grand foutoir à l’intérieur qu’ils ne verbalisent pas, ne manifestent pas et qui sort par la violence. Ce que j’ai compris aussi, c’est qu’ils n’ont pas de hiérarchie dans la violence, pour eux une gifle ou un coup de couteau, c’est la même chose… On travaille avec des tableaux et différentes colonnes pour leur apprendre. Par exemple, dans la colonne rouge, on met hurler, dans l’orange, on met crier et dans la verte, parler“, résume Isabelle Seret. Petit à petit, certains participants amorcent un chemin de remise en question.
La victimologue a constaté que les auteurs ont souvent vécu des violences eux-mêmes durant leur enfance, ils ont un passé traumatique : “Il faut d’urgence permettre un suivi aux enfants et adolescent·es victimes, à qui ces jeunes peuvent-ils parler ? Qui va les croire ? Il y a aussi la honte, la culpabilité. Toutes ces violences intrafamiliales se passent dans le secret des foyers.” Une prise en charge des enfants victimes, comme une façon de briser cette transmission des violences, de génération en génération.
Le constat est le même du côté de l’asbl Praxis, basée à Liège qui travaille avec les auteurs de violences. “Les ruptures brutales avec l’environnement familial, le sentiment d’abandon, les placements précoces en institutions, le sentiment de dévalorisation, l’absence de reconnaissance etc. sont des vécus fréquemment entendus. C’est comme si cette expérience de vie créait chez la personne une impossibilité de faire confiance, de donner, de se lier. En même temps cette expérience de vie crée un énorme besoin de reconnaissance, d’amour. La peur de l’abandon et le besoin de contrôler (l’autre, l’environnement) sont les failles où s’installe la violence. Si ces facteurs peuvent expliquer la violence conjugale, ils ne la justifient pas aux yeux des intervenants“, peut-on lire sur leur site.
Pour Isabelle Seret, il faut donc travailler avec les femmes et enfants victimes, ainsi qu’avec les auteurs de violence. “Il est indispensable de ne pas opposer la prise en charge des victimes et celles des auteurs. Les deux sont nécessaires, car ce sont des violences systémiques, qui s’inscrivent dans une dynamique“, indique-t-elle.
Si les deux membres du couple sont impliqués, concernés par l’interaction, par le processus qui conduit le couple à la violence, seul l’un des deux passe à l’acte et domine le processus relationnel violent. Prendre à part l’auteur(e) des violences et entamer un travail de responsabilisation par rapport à ce passage à l’acte, c’est reconnaître le statut différent de l’auteur(e) et de la victime au sein du couple“, souligne encore à ce sujet Praxis.
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En responsabilisant les auteurs pour leurs actes, on déculpabilise les victimes : ce n’est pas aux victimes de faire attention à leur comportement, car ce n’est pas leurs comportements à elles qui expliquent les violences. Ce sont les actes des auteurs qu’il convient d’interroger, de remettre en question.
Un autre livre sur le même sujet sortira en janvier 2023. Écrit par Mathieu Palais, il s’intitule Nos pères, nos frères, nos amis. Dans la tête des hommes violents. Dans cette enquête immersive, l’auteur a eu accès à la parole de victimes et d’auteurs de violences.
Il défait les clichés qui leur collent à la peau : les femmes battues ne sont pas toutes fragiles et soumises, les auteurs de violences peuvent venir de milieux aisés.
Deux livres pour briser des tabous tenaces et éclairer certains angles morts de notre société.
Attention, cet extrait contient des descriptions de violences.
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