Interface audio USB de la marque Antelope Audio
Ce produit n’est plus fabriqué.
Chez Antelope, les horloges et les convertisseurs, c’est leur dada, avec notamment leurs fameuses horloges atomiques, censées être 100 000 fois plus stables qu’une horloge classique. L’intérêt est, depuis le début, assez fort du côté des audiophiles, mais il est probable que la marque commence à intéresser le milieu de l’audio pro avec l’Orion 32, une interface 32 canaux USB à 2500€ présentée lors de l’AES 2012, que nous testons aujourd’hui…
L’annonce de l’Orion 32 fut pas mal suivie sur Audiofanzine, car ses caractéristiques et son prix sont, il faut bien le dire, assez alléchants. Le tout est de savoir maintenant si la marque ne va pas faillir à sa réputation et si cette première incursion dans le monde des interfaces audionumériques multicanaux est une réussite ou non… C’est ce que nous allons tenter de savoir dans cet article, mais tout d’abord, faisons connaissance avec la bête.
Ce n’est vraiment pas notre genre de s’extasier devant un rack, mais il faut avouer que l’Orion est plutôt classe, avec sa finition alu et ses petits boutons tout ronds. L’assemblage, fait en Bulgarie, est irréprochable, et les composants proviennent, selon le constructeur, de plusieurs pays (Suisse, Allemagne, Danemark, Chine, États-Unis…). L’écran central est composé de deux éléments : à gauche un affichage old school de type calculatrice pour la fréquence d’échantillonnage, et à droite un écran LCD assez petit, mais avec une bonne résolution, pour les niveaux des entrées et sorties.
Côté boutons, c’est spartiate, avec le on/off, le choix de la fréquence d’échantillonnage, le bouton « antelope » qui est une sorte de « shift/multifonction » permettant d’accéder à certaines fonctions (mode calibrage notamment) et enfin les 5 boutons qui rappellent des presets de setups (routing, mixage…). Un appui long sur l’un des cinq boutons permettra de mémoriser la config actuelle. C’est simple et efficace !
Derrière, c’est beaucoup plus chargé, et pour cause, l’Orion est assez complète et ne fait qu’une unité en hauteur. Pour les 32 entrées / sorties analogiques, on retrouve 8 prises D-Sub 25 broches (format Tascam), il faudra donc penser à acheter les câbles idoines si vous n’en avez pas. Côté numérique, on a les 64 entrées / sorties MADI en fibre optique, les 16 entrées / sorties ADAT (en fibre optique aussi) et les deux entrées / sorties S/PDIF en coaxial (RCA). On termine avec les prises BNC pour les horloges, et là, Antelope nous a gâtés. On retrouve deux entrées, dont une pour leur fameuse « 10M » atomique, et quatre sorties afin de pouvoir faire profiter de l’horloge intégrée (Oven Controlled Oscillator) de l’Orion au reste de votre home-studio. Une dernière bonne nouvelle pour la route : l’alimentation est intégrée, c’est toujours ça de moins qui trainera dans les pieds.
On regrettera quand même l’absence de sorties pour le monitoring, que ce soit pour les enceintes ou pour le casque. Il faudra obligatoirement passer un contrôleur de monitoring ou une table de mixage… De même, l’interface n’embarque aucun préampli, il faudra donc en posséder si vous voulez faire des prises avec des micros !
Après avoir installé le drivers (Mac et Windows, mais elle est aussi compatible iOS via le Camera Connexion Kit), on lance le panneau de contrôle qui, il faut l’avouer, est très simple à prendre en main. On retrouve deux séries de vumètres pour les niveaux en entrée et en sortie, on pourra d’ailleurs choisir leur type (analogique, MADI, ADAT, S/PDIF, USB…), un fader permettant d’ajuster l’éclairage de l’écran du rack et un autre permettant d’ajuster les volumes de toutes les sorties analogiques d’un coup, ça peut servir, éventuellement. On pourra choisir la source de l’horloge (Oven, WC ou n’importe quelle E/S numérique), la fréquence d’échantillonnage, et le preset comme sur la face avant du rack.
La partie principale se situe juste en dessous et permettra d’assigner le signal de n’importe quelle entrée (analogique, USB pour les retours séquenceur, MADI, ADAT, S/PDIF ou Mix pour le retour stéréo de la table de mixage virtuelle, nous y reviendrons) à n’importe quelle sortie (les mêmes que pour les entrées, avec cette fois-ci les 32 entrées de la table de mixage virtuelle). Ce qui est pratique avec cette interface, c’est que chaque type d’entrées a une couleur, et qu’il suffit de cliquer/glisser une entrée vers une sortie pour l’assigner. La sortie prend alors la couleur de l’entrée, c’est simple et visuel. Évidemment, il sera possible, en maintenant la touche Shift enfoncée, d’assigner une série d’entrées à une série de sorties… Vous ne serez pas obligés de vous taper les 64 canaux MADI un par un, ouf !
En cliquant sur « mixer », on bascule sur la table de mixage virtuelle, qui est on ne peut plus spartiate : pour chacune des 32 tranches, on a un réglage du panoramique, un fader pour le niveau, et deux boutons Mute et Solo. C’est tout. On pourra envoyer n’importe quelle entrée vers cette table de mixage, et récupérer le mixage stéréo afin de l’envoyer, lui aussi, n’importe où. L’Orion ne dispose d’aucun traitement en interne, ce qui est clairement un de ses points faibles par rapport à certains concurrents. De plus, on ne pourra faire qu’un seul mix pour ses retours musiciens. Si vous en voulez plus, il faudra vous débrouiller autrement avec du matériel supplémentaire. L’interface se destine donc aux ingénieurs du son et home-studistes qui ont la chance de posséder déjà du matériel, comme des préamplis, un contrôleur de monitoring, une table de mixage…
Quand on rentre dans la fenêtre des réglages, on accède à deux oscillateurs permettant de calibrer le matériel en générant des sinusoïdes à 1k ou 440 Hz à un certain niveau (-18 à 0 dBFS), on peut activer le mode S-Mux pour l’E/S MADI, et enfin il est possible de régler les entrées et sorties analogiques de 14 à 20 dBu (par incréments de 1 dB).
L’Orion propose donc pas mal d’entrées et sorties, fait finalement peu de choses, mais a le mérite de rester très simple d’utilisation. On notera quand même une limitation pour les utilisateurs de Mac : au-dessus d’une fréquence d’échantillonnage de 96 kHz, on sera limité à 24 canaux. Ce n’est pas le cas sous Windows, et c’est apparemment la faute du Mac. Voyons maintenant ce qu’elle donne côté son…
Pour essayer cette interface, nous avons fait une série de mesures avec notre Audio Precision 515 et nous avons comparé les mesures à notre Metric Halo ULN-8. Aussi, nous avons fait notre habituel « Loop Back Test » qui consiste à brancher les sorties sur les entrées, jouer un fichier audio et l’enregistrer une fois passé par les convertisseurs A/N et N/A. Un logiciel compare alors le fichier original et le fichier enregistré et établit un niveau de corrélation entre les deux. Plus ce niveau est élevé, plus le fichier enregistré est proche de l’original, et donc, mieux c’est.
Nous avons effectué les mesures sur un PC sous Windows 8 et essayé aussi l’interface sur notre MacBook Pro Retina. L’interface a une latence minimale de 4,47 ms (197 samples) en entrée et 3,67 ms (162 samples) en sortie. Nous n’avons pas observé de craquements audio intempestifs lors de nos tests.
Afin de mieux comprendre les chiffres que nous allons donner, nous avons publié un article dans la catégorie « Bien débuter ».
Voici le tableau récapitulatif des valeurs obtenues :
L’Orion 32 s’en sort donc très bien et les performances globales sont largement à la hauteur de nos espérances. C’est du tout bon !
Le loop back test nous a donné une valeur de 19,7 dB de corrélation, ce qui est en revanche moins bon que la valeur obtenue avec la Metric Halo (37 dB). Voici les fichiers :
Téléchargez le .Zip Loop back test
Nous avons aussi enregistré une source vers les deux interfaces en même temps, chacune branchée à un ordinateur faisant tourner une session de Studio One 2. Voici les deux fichiers :
Téléchargez le .Zip Source
Cette première incursion dans le monde des interfaces audionumériques multicanal est une réussite pour Antelope. L’Orion offre un très grand nombre de canaux pour une interface USB, qui est en plus compatible Mac, iOS et Windows. Sa connectique est très complète et son routing est flexible, même si on peut regretter le fait qu’on ne dispose que d’une seule table de mixage virtuelle et d’aucun traitement.
Côté son, c’est un sans faute, l’Orion obtenant de bons résultats lors de nos benchmarks. Certains regretteront peut-être l’absence de section de monitoring et de préamplis, ce qui empêche l’Orion d’être vraiment autonome en déplacement. Mais si votre studio est déjà bien équipé, l’Orion 32, avec son bon rapport qualité/prix, peut s’avérer être un choix judicieux.
Je suis rentré dans la musique par la rosace d’une guitare classique et depuis, j’essaie d’en sortir sans trop de conviction.
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