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ChatGPT: aubaine pour les étudiants, casse-tête pour les enseignants – Le Figaro

Par Jeanne PaturaudVictor Mérat • Publié le • Mis à jour le
TÉMOIGNAGES – À l’Inseec Lyon, des étudiants ont rendu des copies quasi similaires, sans être pénalisés. Un parfait exemple du phénomène ChatGPT dans l’enseignement supérieur.
Paul* est en 3e année de droit à la Sorbonne. Lui qui pouvait mettre jusqu’à 4 heures avant de trouver un plan de dissertation, n’y consacre désormais que «quelques minutes». «Je lui donne mon sujet et il trouve les parties et sous-parties à ma place. Cela me fait gagner beaucoup de temps et d’énergie même si, forcément, je travaille moins, explique l’étudiant de 21 ans qui, sur le fond, estime l’application encore limitée. Elle trouve difficilement des phrases d’accroche et a du mal à citer ses sources… Je m’en sers parfois mais je sais que je dois compléter ce qu’il me propose.»
Des bancs de l’université à la salle des professeurs, ChatGPT est sur toutes les lèvres. Capable de résumer un livre, de formuler un plan de dissertation ou de traduire un texte en l’espace de quelques minutes, le robot conversationnel mis en ligne fin novembre par la start-up californienne OpenAI bouscule les méthodes des enseignants et l’apprentissage des étudiants.
ChatGPT est aussi devenu un outil précieux pour Lou-Anne. Étudiante en prépa ECG (économique et commerciale) à Lyon, l’application lui fait gagner du temps au quotidien. «Je lui demande de tout m’expliquer comme si j’étais un enfant, raconte la jeune fille. Si je lui pose une question sur mon cours de géopolitique, il me répond immédiatement et avec précision. Je l’utilise aussi pour mes fiches: il me fait le résumé d’une œuvre ou d’un programme en maths et j’utilise cela pour apprendre plus vite». Mais, au-delà des limites rédactionnelles du robot, Lou-Anne pose aussi ses conditions: «Je ne l’utiliserai jamais pour préparer une khôlle ou pour rendre un devoir. Mon objectif est d’être prête le jour du concours, je n’ai aucun intérêt à tricher comme ça».
Les précautions prises par l’étudiante soulèvent d’ailleurs une question: utiliser ChatGPT, est-ce tricher? «C’est une zone grise, car l’interdiction formelle d’utiliser cette application n’existe pas chez nous, reconnaît Manuel Clergue, enseignant chercheur en informatique et en intelligence artificielle à l’Esiea, une école d’ingénieurs. L’enjeu est de savoir à quel moment c’est un travail personnel de l’étudiant, car ChatGPT ne plagie pas et en même temps, il n’invente rien.» Charles Perez, enseignant à l’école de commerce PSB, poursuit: «Les réponses de ChatGPT n’appartiennent pas aux utilisateurs, donc on ne devrait pas les citer sans sourcer. Les prendre et se les approprier me semble un problème éthique. D’autant qu’une intelligence artificielle produit souvent les mêmes réponses. Ainsi, à qui cela appartient, et quel est le droit d’exploitation que j’ai sur ce texte-là?»
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Une deuxième difficulté s’impose aux professeurs: celui de l’évaluation des compétences des étudiants. Pas dupes, les premiers savent que leurs élèves peuvent avoir recours au robot conversationnel. Et en particulier dans les écoles d’informatique ou de codage, ChatGPT pouvant générer des lignes de code. «En informatique, c’est plus facile à détecter car si l’on voit que le code produit change d’une partie à l’autre, on se pose des questions. Ensuite, l’évaluation d’un projet ne se fait pas que sur la production, donc il y a toujours une phase où l’on interroge à l’oral l’étudiant sur son travail», explique Manuel Clergue.
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À l’Inseec Lyon, les copies d’un devoir maison d’anglais ont récemment confirmé ces spéculations: la structure des réponses de plusieurs étudiants s’est révélée similaire. «C’était très bien écrit et c’étaient les bonnes réponses, explique Gabriel Guallino, directeur du campus. On ne peut pas sanctionner, même s’il y a un soupçon de plagiat. Mais comme les outils anti plagiat ne peuvent pas lutter contre ChatGPT, les étudiants ont eu la note maximum. En revanche, quand on leur demande de répondre aux mêmes questions en classe, le résultat est moins bon.»
De l’avis de tous, certaines modalités d’examen doivent de facto être revues. «Il faut s’attendre à ce qu’on demande moins de questions banales, moins de connaissances brutes, mais plus de réflexion et d’argumentation», anticipe Gabriel Guallino, pour qui l’avènement de ChatGPT pourrait signer la mort des traditionnels devoirs maison au profit de l’oral.
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S’adapter est donc le maître mot. Car il n’est pas – pour l’instant – question d’interdire le robot. «On ne peut pas se permettre de prendre du retard, alerte Charles Perez. On pourrait par exemple laisser ChatGPT dans certains cours, faire des tests avec des élèves pour voir comment ils s’en servent, voire comparer si la réussite des élèves change selon qu’ils l’utilisent ou pas.» Par ailleurs, à l’Esiea, un futur groupe de travail devra réfléchir sur la façon dont ces outils d’intelligence artificielle seront intégrés dans les cursus. D’autant qu’ils sont aussi utilisés dans les entreprises.
À Sciences Po, le vent souffle dans le sens contraire. Dans une lettre adressée aux enseignants, le directeur de la formation et de la recherche de la grande école, Sergeï Guriev, explique que l’usage du robot est «pour l’instant strictement interdit lors de la production de travaux écrits ou oraux par les étudiants». Et ce, «sous peine de sanctions qui peuvent aller jusqu’à l’exclusion de l’établissement voire de l’enseignement supérieur». La lettre précise, malgré tout, que «l’utilisation» de «ChatGPT ou de tout autre outil ayant recours à l’IA» peut faire l’objet d’une exception: celle d’un «usage pédagogique encadré par une enseignante ou un enseignant». La course contre, ou avec, ChatGPT ne fait que commencer: une nouvelle version 579 fois plus puissante que l’actuelle sera bientôt disponible.
*Le prénom a été modifié


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