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Changer de métier, changer de vie : rencontres avec ces personnes qui ont bifurqué – Le Berry Républicain

Publié le 19/09/2022 à 06h02
Les enquêtes sont formelles, entre fin 2021 et début 2022, la France a connu 520.000 démissions selon la Dares (Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques). Un niveau très haut mais pas un record, difficile à quantifier dans le Cher, mais qui montre que l’idée d’exercer le même métier toute sa vie a du plomb d’aile.
Licenciement, rupture conventionnelle, démission, les raisons de tourner la page d’une vie professionnelle et d’en embrasser une autre sont variées. Le risque de Grande Démission n’est pas atteint. Il s’agit d’une expression américaine apparue en 2021. À la suite des premières vagues de la crise du Covid, des travailleurs ont quitté leur poste pour un autre ou pour se retirer de la population active. Les personnes que nous avons rencontrées n’ont pas toutes démissionné, mais ont changé de façon de travailler ou d’employeur, donc réorienté leur vie professionnelle.
« Ma fille de dix ans m’a dit : “Je préfère qu’on soit pauvre mais qu’on se voie.” »
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Mathieu Lamy crée un foot golf. Il a travaillé dix ans dans les énergies renouvelables mais la période du Covid a provoqué un déclic. « Ma fille de dix ans m’a dit : “Je préfère qu’on soit pauvre mais qu’on se voie.” » Effectivement, j’avais un bon train de vie mais cela correspondait à beaucoup de travail, de déplacements et de larges plages horaires. Une grosse emprise du travail comme si j’étais célibataire alors que je suis marié avec deux enfants. »
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Mathieu se casse le dos durant les vacances de Noël 2020. À la suite d’un désaccord avec son employeur, une procédure de licenciement pour faute grave est lancée. Il ne va pas aux prud’hommes, préférant réfléchir à la suite. « Le 1er avril de cette année, j’ai créé un foot golf et un disco golf à Saint-Bonnet-Tronçais, près de Thaumiers où je vis, sur trois hectares et neuf trous. Ils sont bien sûr adaptés au format d’un ballon de foot. »
Depuis la création, 2.500 personnes sont venues s’essayer à cette nouvelle pratique. Pour l’instant, Mathieu garde son chômage (2.300 euros) et ne se paie pas. « C’est sûr que ce n’est pas la même condition économique mais je vois mes enfants et j’ai retrouvé ma femme. C’est une autre vie. Je n’ai plus de stress. Ici, les gens viennent rire. Ils deviennent aussi addicts, car comme au golf, on a envie d’améliorer son score. J’adore jouer. Je détiens le record du parcours… J’ai fait dix-neuf ans de foot comme attaquant. Je serre les dents mais ça vaut le coup. Je m’épanouis au quotidien. J’ai juste à entretenir les hectares. »
J’ai pu m’occuper du jardin et j’ai compris qu’il y avait une autre vie en dehors du travail.
Jérémy Moulenat fait des bilans de compétences. Autre cas de figure avec cet homme de 45 ans qui a senti qu’il fallait basculer sur un autre versant à la moitié de sa vie. Il a fait huit ans d’armée de terre avant de se reconvertir dans la force de vente. « Je suis rentré chez Bouygues Télécom. Cela a duré quatorze ans. J’ai été intérimaire au centre d’appels, près de l’autoroute, à Bourges. J’ai fait deux ans au service client avant de partir en boutique à Nice pour revenir, à Bourges, comme responsable du magasin en centre-ville, pendant quatre ans. »
Le confinement est une épreuve. Les boutiques de téléphonie sont dans le flou. « Ce fut très difficile. Le fait que la boutique soit fermée m’a ouvert les yeux. Mes jumelles avaient quatre ans à l’époque. J’ai pu m’occuper du jardin et j’ai compris qu’il y avait une autre vie en dehors du travail. » Jérémy doit faire la reprise, les clients attendent dehors, il faut gérer flux, masques, visières et gants. « J’arrivais une demi-heure avant l’ouverture et partais une demi-heure ou une heure après la fermeture. J’avais un bon salaire, des cadeaux mais, avec le Covid, j’ai senti tous les travers du commerce. On avait aussi affaire à des clients énervés. On ne nous met pas de pression mais il faut être à jour sur les chiffres… »
Je suis à mon compte comme autoentrepreneur, j’utilise mon compte formation et me décris comme un artisan de l’humain.
Il se met sur pause, se demande ce qu’il apporte à sa famille et au monde. « Je voyais dans mon entourage des personnes démissionnant, faisant un burn-out. En novembre 2021, je fais une rupture conventionnelle et me forme pour réaliser des bilans de compétences, de la formation et des créations d’entreprises. Je nomme le tout Akoyas, du nom des perles de culture à Tahiti. Je pratique chez les gens, ou en visio s’ils sont éloignés. Je me suis aussi formé à la programmation neuro linguistique qui vient en complément des bilans de compétences. Les personnes veulent changer de métier ou se ressourcer dedans, opérer une évolution interne ou externe. Pour ma part, j’ai gardé les points positifs de mon expérience passée en laissant les points négatifs. Je suis à mon compte comme autoentrepreneur, j’utilise mon compte formation et me décris comme un artisan de l’humain », conclut Jérémy Moulenat.
Patricia Borghini est devenue prof. Celle qui est devenue grand-mère durant notre entretien a obtenu un BTS action commerciale, a été vendeuse chez Pimkie avant de travailler onze ans au Crédit agricole. Elle choisit de suivre son mari militaire au gré de ses mutations, fait jouer un bilan de compétences, démissionne de la banque pour se retrouver dans le monde du management.
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« J’étais dans un centre d’appels de Bourges avec une quinzaine de personnes sous ma responsabilité. Je m’occupais du recrutement, de la formation, de l’animation ; durant onze ans, comme au Crédit agricole ! Je dois fonctionner par cycle. Je trouvais mon activité redondante. Je sentais que j’arrivais au bout de mon expérience en même temps qu’à la cinquantaine. J’avais envie d’autre chose. »
Patricia bénéficie d’une rupture conventionnelle. Elle quitte son employeur le 29 avril, démarre une nouvelle carrière dans l’Éducation nationale le 2 mai. « Je me suis d’abord occupée d’élèves en Segpa (Section d’enseignement général et professionnel adapté) dans un collège de Bourges. Depuis la rentrée, j’enseigne l’économie, la gestion et le commerce dans un lycée. J’ai des élèves de seconde, première et terminale. »
” Je ne vends rien mais je leur apprends à vendre un produit. Pour le reste, être prof, c’est être autonome. “
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Elle renoue ainsi avec une envie d’enseigner ressentie lors de ses études de BTS. « J’ai construit mon projet en février, envoyé une lettre de trois pages au rectorat. Sans réponse. J’ai appelé et suis tombée sur la personne qui, justement, recrutait. L’Éducation nationale a besoin de contractuels, ma candidature a été validée. Mes années d’expérience ont dû compter. Sans me vanter, les élèves de Segpa voulaient me garder, c’est plutôt bon signe. Maintenant, je ne vois pas énormément de différence sinon que je dois construire des cours avec une obligation de réussite, celle de nos élèves. Je ne vends rien mais je leur apprends à vendre un produit. Pour le reste, être prof, c’est être autonome, il faut chercher l’information car chacun est dans son domaine. J’étais dans une grosse société mais l’Éducation nationale est un énorme paquebot.» Patricia Borghini voudrait terminer son périple professionnel par cette dernière expérience. « On a m’a suggéré de passer le concours de professeur des écoles mais ce n’est pas le même public. »
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Hervé Bouty a quitté le Bourges Basket. Il est né à Cognac, et il est arrivé à Bourges par le basket. « Je suis devenu responsable du centre de formation du Bourges Basket puis entraîneur adjoint de Pierre Vincent avec quatre titres de champion de France, trois coupes et une finale de coupe d’Europe. Nous avions le collectif, la cohésion et des recrutements intelligents.» Mais Hervé Bouty fait le choix de partir car les exigences du sport de haut niveau ne sont pas compatibles avec sa nouvelle de vie de papa.
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Un bilan de compétences en 2011, le réseau du basket et il atterrit chez Bouygues comme responsable conseillers clientèle. Il y reste sept ans. « Ce fut une très bonne expérience qui a permis de conforter mes compétences managériales. Comme le Bourges Basket ne conçoit que la victoire, j’avais le sens de la gagne… »
Puis il sent qu’il a fait le tour de son poste. On lui propose alors la mobilité volontaire sécurisée. « Ce système permet d’aller chercher un emploi ailleurs jusqu’à la fin de la période d’essai chez le nouvel employeur. Du coup je suis recruté comme responsable d’agence chez Supplay (intérim), à Bourges ».
« Je cherchais un management avec plus d’adrénaline, plus de responsabilités. Je voulais mettre les mains dans le cambouis. Seulement le Covid a sérieusement impacté le secteur du travail temporaire. J’avais trois salariés. J’y suis resté un peu moins de quatre ans. J’ai donné ma démission en mai dernier ».
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Hervé Bouty utilise cette fois le dispositif démission-reconversion qui permet de toucher les allocations-chômage si le projet est réel et sérieux. « Mon dossier est passé en commission régionale en avril et j’ai eu la réponse positive en mai. L’immobilier me titillait depuis un moment. Avec IAD Immobilier, je mets en application toutes les compétences acquises au fil des années. » Il travaille chez lui, fait des visites pour voir les vendeurs et éventuels acquéreurs de biens. « Je suis conseiller en immobilier. Je pense finir ma carrière professionnelle à ce poste. Le secteur est concurrentiel. J’ai réalisé mon rêve avec le basket mais, là, cela se passe très bien. À ma grande surprise. »
 
François Lesbre
francois.lesbre@centrefrance.com

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