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Des archéologues ont mené une nouvelle étude sur une pièce en or découverte il y a trois siècles en Transylvanie et considérée jusqu’ici comme une contrefaçon. Selon les résultats, elle serait bien authentique et confirmerait l’existence d’un empereur romain nommé Sponsanius.
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Et si le mystérieux “empereur” romain Sponsianus avait bien existé ? C’est ce que suggère une étude publiée ce mois-ci dans la revue PLoS ONE. Au cœur de ces travaux : une pièce en or retrouvée en 1713 en Transylvanie et portant le nom et l’effigie de ce qui a semblé être un empereur. Mais l’artéfact était-il réellement authentique ?
La pièce a été trouvée avec plusieurs autres dont certaines présentaient des portraits d’empereurs romains du IIIe siècle de notre ère, dont Gordien III et Philippe l’Arabe. Trois autres montraient des représentations du mystérieux Sponsanius, sauf que ce dernier n’est apparu dans aucune source historique, suscitant le doute quant à l’existence du personnage.
Les premiers chercheurs ont estimé que les quatre pièces étaient des imitations “barbares” de monnaies romaines fréquemment fabriquées au-delà des frontières de l’empire. C’est ainsi que Sponsianus en est venu à être considéré comme un usurpateur local, qui a pu chercher à accéder au pouvoir pendant les guerres civiles de 248-249 sous le règne de Philippe l’Arabe.
En 1868, toutefois, les affirmations d’un expert sont venues rebattre les cartes. Le numismate français Henry Cohen a en effet tourné en dérision les artéfacts, qu’il considérait comme des fabrications “modernes ridiculement imaginées et très mal faites“. D’autres spécialistes ont abondé dans son sens, faisant de cette théorie la version prédominante.
Le travail d’une équipe britannique vient aujourd’hui mettre sérieusement en doute cette thèse. Pour eux, ces pièces ne sont ni “barbares ni contrefaites“. Elles présenteraient même plusieurs traces attestant de leur authenticité et donc de l’existence du mystérieux Sponsianus.
Pour apporter une réponse définitive au mystère, les scientifiques de l’University College de Londres (UCL) ont mené de nouvelles recherches et passé au crible certaines pièces provenant du trésor roumain et conservées à l’université de Glasgow. Les examens au microscope ont confirmé ce que le professeur Paul Pearson pensait avoir observé sur des photographies : des traces d’usure.
En les comparant à des pièces à l’authenticité reconnue, les chercheurs ont conclu que ces traces étaient similaires à celles des premières, suggérant que les objets supposés faux auraient bien été en circulation active pendant des années. Par ailleurs, une analyse chimique a indiqué que les monnaies avaient été enterrées dans le sol durant des centaines d’années avant d’être exposées à l’air.
“Je pense que nous avons établi avec un niveau très élevé de confiance que [les pièces] sont authentiques“, a expliqué le Pr. Pearson, principal auteur de l’étude, au Guardian. Ce qui implique que la mystérieuse figure qu’on peut y voir aurait bien existé. “Sponsianus devrait être réhabilité en tant que personnage historique“, estiment ainsi les chercheurs dans leur rapport.
Mais qui était-il vraiment ? Le doute demeure. “On ne peut rien savoir de lui avec certitude, mais les pièces elles-mêmes“, ainsi que leur provenance, “donnent des indices sur sa possible place dans l’histoire“, jugent les chercheurs selon qui le dirigeant n’a “jamais contrôlé d’atelier de monnaie officielle” et n’a “certainement jamais régné à Rome“.
Ils pensent que ses pièces étaient peut-être utilisées pour payer des soldats de haut rang et des responsables, en or et en argent au poids, et étaient échangées à un taux élevé pour des pièces impériales classiques qui circulaient déjà dans la province. “L’analyse scientifique de ces pièces extrêmement rares sauve l’empereur Sponsianus de l’obscurité“, a renchéri le Pr Pearson pour l’AFP.
Les conclusions “suggèrent qu’il a régné sur la Dacie romaine, un avant-poste isolé de mines d’or, à une époque où l’empire était en proie à la guerre civile et les frontières submergées par les pillages et invasions“. La Dacie, territoire antique qui recouvre la Roumanie actuelle, a été coupée du reste de l’empire vers 260 de notre ère.
Cerné par les ennemis, Sponsianus aurait ainsi été un officier de l’armée contraint de prendre le commandement suprême pendant cette période de troubles. “Il y a [eu] d’autres précédents d’empereurs régionaux“, a précisé le principal auteur de l’étude. “Si nous permettons aux empereurs romains de s’auto-proclamer, il était un empereur romain“.
L’une des quatre pièces est conservée au musée Brukenthal de Sibiu, en Roumanie. Pour son directeur intérimaire Alexandru Constantin Chituță interrogé par l’AFP, si les résultats de cette étude sont “reconnus par la communauté scientifique“, ils permettront d’ajouter “un personnage historique important à notre histoire“.
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THE HUNTERIAN/AFP
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