Pièces complète 2 euro commémorative et accessoires protection pièces

Ces fonctionnaires de l'urgence au secours des Français à l'étranger – Les Échos

Ukraine, Afghanistan… Le Centre de crise et de soutien (CDCS) du Quai d'Orsay est en permanence confronté au bouillonnement du monde. Parmi ses missions : venir en aide aux ressortissants français à l'étranger en cas de crise, et apporter l'aide humanitaire d'urgence de la France.
Par Marianne BLIMAN
Cette nuit du 24 février 2022, Stéphane Romatet n'est pas près de l'oublier. « C'était un jeudi. Vers 3-4 heures du matin, le quart-veille m'appelle pour me dire que des chars russes ont, pour la première fois, franchi la frontière avec l'Ukraine. Aussitôt, j'alerte le cabinet du ministre [à l'époque Jean-Yves Le Drian, NDLR] et je décide de déclencher une cellule de crise. À 6 heures, les quinze personnes du Centre de crise et de soutien (CDCS) qui sont d'astreinte ce jour-là arrivent dans les locaux et se mettent en place dans la salle prévue à cet effet. À 7 heures, nous tenons notre premier briefing, pour commencer à nous organiser. Et à 8 heures commence la première réunion de crise ici, dans la grande salle du CDCS. Autour de la table sont présents les directeurs de cabinet de l'Elysée, de Matignon et des principaux ministères concernés (Armées, Quai d'Orsay…). Nous sommes tous là avec bien sûr, en visio depuis Kiev, Etienne de Poncins, notre ambassadeur en Ukraine. Et tout de suite, notre priorité absolue, c'est la mise en sécurité de notre communauté française, dont nous nous sommes rendu compte qu'elle était beaucoup plus nombreuse que celle enregistrée au consulat. » Des moments tendus, intenses comme celui-ci, n'existent pas que dans les séries. Et si Stéphane Romatet n'est arrivé à la tête du CDCS qu'en septembre 2021, il a le sentiment d'y être depuis toujours, tant les événements « chauds » se succèdent. « On est, là, en permanence dans le bouillonnement du monde, dans ce qu'il peut avoir de tragique et convulsif. »
Pourtant, le Centre de crise et de soutien ne dit pas grand-chose à qui ne fréquente pas de près la sphère diplomatique. Placé sous l'autorité directe de la ministre de l'Europe et des Affaires étrangères – Catherine Colonna – , il joue un rôle crucial dans l'action consulaire et humanitaire d'urgence de la France. La chute de Kaboul, la guerre en Ukraine, les inondations cataclysmiques au Pakistan , des Français morts à l'étranger, la pandémie de Covid hors de France, l'explosion du port de Beyrouth , et tant d'autres encore, mais aussi les « Conseils aux voyageurs »… le spectre du Centre de crise est large, très large. Et ses missions, vastes. Assurer la protection des ressortissants français à l'étranger en cas de crise. Coordonner les réponses humanitaires d'urgence mises en place en direction de pays affectés par des conflits, des catastrophes naturelles, climatiques ou sanitaires ; puis, en sortie de crise, élaborer et mettre en oeuvre des programmes de stabilisation. Mener, enfin, des missions d'anticipation, de veille et d'alerte.
« L'ADN du Centre de crise, c'est l'urgence », explique Alexis Le Cour Grandmaison, directeur adjoint du CDCS jusqu'à fin septembre dernier et ambassadeur de France en Jordanie depuis. « Nous sommes au début de tout. Si on loupe quelque chose, si on arrive après la vague, c'est trop tard. Nous devons être à l'affût en permanence », insiste Samuel Jacquin, le chef adjoint du Centre de situation. Véritable boussole stratégique du CDCS, ce dernier est composé de 32 agents répartis dans trois unités. La première, le coeur du coeur, est l'unité de veille, qui compte quatre veilleurs de jour et treize veilleurs de nuit (qui, par roulement, travaillent la nuit, le week-end et les jours fériés).
C'est là qu'arrivent les informations en provenance du monde entier, émanant directement des ambassades (les postes, comme on dit chez les diplomates) et de sources multiples en accès libres ou plus confidentielles. Des informations qui sont recoupées, traitées, puis dispatchées aux personnes concernées. « La nuit, nous représentons à la fois l'ensemble du ministère, puisque nous sommes le point d'entrée unique, et nous sommes là pour la sécurité des ressortissants français à l'étranger. Alors, lorsqu'on voit une information sur un risque, on doit tout de suite la vérifier puis la transmettre », explique Antonine Lacroix, veilleuse de nuit.
Une information qui, lorsqu'elle signe un événement majeur, peut aboutir au déclenchement d'une cellule de crise. Ce qui s'est produit en août 2021, l'année du retour des talibans au pouvoir en Afghanistan. David Martinon, l'ambassadeur de France depuis 2018, avait entrepris de diriger les évacuations au moment de la chute de Kaboul mi-août 2021 . « On s'est très tôt rendu compte que chaque seconde que mon équipe sur place et moi passions au téléphone, c'était une seconde que nous ne pouvions pas utiliser pour sortir des gens du pays. Tout était compliqué : les identifier, récupérer des papiers, leur en donner d'autres, les radioguider pour les amener à un point où ils pourraient peut-être passer pour aller à l'aéroport… Alors très vite, instruction a été donnée au Centre de crise de centraliser toutes les demandes. »
INTERVIEW – David Martinon : « Les talibans modérés, ça n'existe pas »
CRITIQUE – Diplomate, au-delà des apparences
Ouverte assez rarement, pour une durée variable mais limitée, cette configuration de crise décidée par le directeur du Centre dispose de moyens renforcés. Au total durant cette opération « Apagan », 146 agents du CDCS et d'autres services du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères se sont relayés sans discontinuer du 14 au 29 août, période de fonctionnement de la cellule de crise. Bilan : 230.000 appels téléphoniques reçus – un record, atteint grâce au soutien de nombreux bénévoles -, près de 2.900 personnes mises en sécurité via 38 vols d'évacuation Kaboul-Abou Dabi et Abou Dabi-Paris. Autant de personnes venues s'ajouter aux 623 déjà exfiltrées entre le 10 mai et le 17 juillet.
Car, à l'urgence répond la gestion du temps long. Soudaine dans son déclenchement, particulièrement étirée dans sa durée, sur une échelle géographique démultipliée, la crise du Covid a été d'une complexité folle à gérer. « La mobilisation du CDCS, pendant près de quatre mois, a été exceptionnelle », juge Stéphane Romatet, qui était alors l'ambassadeur de France en Egypte. Elle a ainsi permis à plus de 240.000 Français de regagner le territoire national – dans des conditions financières maîtrisées, comme l'a souligné la Cour des comptes dans son rapport 2021. Le Centre de crise a également été à la rescousse de pays étrangers pour les aider à lutter contre les ravages du coronavirus. Comme en Inde en mai 2021 . « Nous avons acheminé là-bas une trentaine d'unités de production d'oxygène permettant chacune d'alimenter, de façon autonome, un hôpital de 300 lits », raconte Hélène Sabaton, du Centre des opérations humanitaires et de stabilisation (COHS), qui complète le Centre de situation et le Centre des opérations d'urgence au sein du CDCS.
La stratégie suivie pour ce type d'opérations : répondre d'abord au plus près aux besoins formulés par le pays demandeur et, in fine, s'assurer que les dons arrivent bien à destination. Ce fut donc le cas pour l'Inde où, souligne Hélène Sabaton, « grâce au travail de terrain de notre ambassade, en amont et sur le moment, ainsi qu'à un infirmier du CDCS envoyé sur place, les unités d'oxygène ont été mises en service très rapidement et ont permis de sauver la vie de nombreuses personnes en déficience respiratoire grave ».
C'est aussi sur cette « stratégie du premier et du dernier kilomètre » que reposent les opérations d'aide humanitaire effectuées par la France au profit du peuple ukrainien, au total près de 40 depuis le déclenchement de la guerre. Parmi elles, « Un bateau pour l'Ukraine », inédite par son ampleur – plus de 1.000 tonnes de matériels de sécurité civile, médicaux, de construction – acheminés par voie maritime. Si elle a été annoncée publiquement le 24 août par Emmanuel Macron en personne, le CDCS était à pied d'oeuvre, depuis plusieurs mois déjà, avec différents partenaires.
En septembre, l'opération « Un bateau pour l'Ukraine » a été opérée par le CDCS avec l'aide, notamment, de la Fondation CMA CGM qui a mis un roulier à sa disposition.©Nicolas Tucat/AFP
Car « le Centre de crise est un agrégateur, un ensemblier », résume Alexis Le Cour Grandmaison. Fondations d'entreprises, opérateurs de l'Etat à l'étranger, organisations non gouvernementales, entreprises françaises, le CDCS dispose d'un vaste réseau d'entités qu'il sollicite pour nombre de ses opérations. Pour « Un bateau pour l'Ukraine », la Fondation CMA CGM a, dans le cadre du partenariat noué début 2020, mis une nouvelle fois à disposition à titre gracieux son navire roulier Aknoul pour transporter le chargement de Marseille à Constanta, en Roumanie. Outre les partenaires privés, le CDCS entretient des liens permanents avec d'autres ministères, principalement ceux des Armées, des Solidarités et de la Santé, de l'Intérieur et de la Justice. Toujours dans le cadre d'« Un bateau pour l'Ukraine », pas loin de 40 membres des forces militaires de la sécurité civile (les Fomisc) ont ainsi acheminé les véhicules roulants de Constanta à Suceava, à la frontière avec l'Ukraine. Partis avec eux le 3 octobre, deux agents du Centre de crise travaillant au COHS étaient présents, s'assurant de la bonne marche des opérations, en lien permanent avec les différentes parties en France et sur place.
DIAPORAMA – CDCS : « Un bateau pour l'Ukraine », l'humanitaire d'urgence à une échelle inédite
En 2021, le Centre de crise et de soutien comptait 117 agents – soit 101,5 équivalents temps plein -, dont 16 composant les task forces Afghanistan et coronavirus. Des professionnels ayant une grande expérience de terrain, des compétences spécialisées affirmées et un grand sens de l'engagement. À Marseille le 28 septembre pour le départ de l'Aknoul, la ministre Catherine Colonna n'a d'ailleurs pas retenu ses mots, saluant « le travail extraordinaire » des équipes du CDCS.
Alors que la guerre dure depuis plus de dix mois, avec désormais la rudesse de conditions climatiques hivernales, la France et l'Ukraine organisent une conférence internationale le 13 décembre à Paris. Une réunion qui « s'attachera à apporter des réponses concrètes aux besoins immédiats de la population ukrainienne pour affronter l'hiver ainsi qu'à renforcer la coordination de l'aide internationale », indique-t-on au Quai d'Orsay.
Qui n'a, avant un voyage touristique ou un déplacement professionnel de courte durée à l'étranger, scruté avec attention, parfois inquiétude, les « Conseils aux voyageurs » ? Sur l'application comme sur le site du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, des informations pratiques d'ordre et d'importance très variés (alertes météo, épidémies, accidents, éruptions volcaniques…) et des recommandations sécuritaires sont disponibles, mises à jour en temps réel par le Centre de crise et de soutien. Quelque 191 fiches pays sont aussi proposées, ainsi que des cartes et des fiches thématiques. Le tout complété par le service Ariane, qui permet de recevoir par mail ou SMS des messages d'alerte et des consignes de sécurité si la situation dans le pays le justifie.
Conseils aux voyageurs : 63 millions de visites sur le site, record de fréquentation absolu, en raison de la pandémie de Covid.
Service Ariane : 182.078 nouvelles inscriptions et 2.316 campagnes d'alerte diffusées.
31.000 appels reçus en dehors des crises à l'unité de veille et 26 jours de mobilisation en cellule de crise.
Action humanitaire et stabilisation : 131 millions d'euros de budget et 260 projets subventionnés.
Marianne Bliman
Tous droits réservés – Les Echos 2022

source

A propos de l'auteur

Avatar de Backlink pro
Backlink pro

Ajouter un commentaire

Backlink pro

Avatar de Backlink pro

Prenez contact avec nous

Les backlinks sont des liens d'autres sites web vers votre site web. Ils aident les internautes à trouver votre site et leur permettent de trouver plus facilement les informations qu'ils recherchent. Plus votre site Web possède de liens retour, plus les internautes sont susceptibles de le visiter.

Contact

Map for 12 rue lakanal 75015 PARIS FRANCE