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C’est dans la plus grande discrétion que des experts militaires russes, ukrainiens et turcs discutent ce mercredi à Istanbul des possibilités de déblocage des exportations de céréales au départ des ports ukrainiens actuellement sous blocus russe. « Des délégations militaires des ministères turc, russe et ukrainien de la Défense, ainsi qu’une délégation des Nations unies, s’entretiendront demain à Istanbul sur la livraison en toute sécurité vers les marchés internationaux des céréales en attente dans les ports ukrainiens », avait, en effet, annoncé, la veille, le ministre turc de la Défense Hulusi Akar.
De fait, ni le lieu ni l’horaire de la rencontre n’ont été rendus publics par le ministère turc de la Défense, qui a indiqué à l’AFP qu’il entendait garder « confidentielles » ces discussions. Une déclaration à la presse sera publiée à l’issue des travaux, selon la même source.
Et le temps presse. Car voilà près de cinq mois que s’est déclenché le conflit en Ukraine et que des dizaines de millions de tonnes de céréales sont bloquées dans les ports de la mer Noire, situation qui pèse sur la sécurité alimentaire mondiale. En cause d’une part, l’intervention de la marine russe qui empêche les denrées de quitter les ports. D’autre part, Kiev a placé des mines aux alentours pour sécuriser la zone.
Résultat, la situation s’enlise et les pays importateurs de céréales ne peuvent que constater les conséquences de ce blocage : les prix ont considérablement augmenté. S’ils étaient déjà élevés avant la guerre (le cours du blé, notamment, est monté sur tous les marchés dès l’automne 2021 et s’est maintenu à de hauts niveaux à la faveur de la reprise économique post-Covid), la flambée s’est poursuivie entraînant les prix de l’énergie, des engrais azotés (fabriqué à partir de gaz), ainsi que des transports. Sans compter des événements climatiques défavorables comme les fortes chaleurs qui ont entraîné une récolte catastrophique au Canada, important exportateur mondial de céréales.
Tant et si bien que, dans un rapport publié le 10 juin, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime que la facture des importations alimentaires dans le monde pourrait culminer à un record absolu de 1.800 milliards de dollars, en hausse de 51 milliards de dollars en 2022 comparé à l’année 2021. Mais, surtout, la FAO insiste sur le fait que, sur ces 51 milliards, pas moins de 49 milliards sont dus au « seul fait de la progression des prix ». Une inflation dramatique qui fait planer le risque d’une crise alimentaire mondiale.
Toute aide est donc bienvenue pour tenter de faire avancer les négociations entre la Russie et l’Ukraine et faire partir les tonnes de céréales coincés dans les ports ukrainiens par le blocus russe. Depuis des semaines, la Turquie, membre de l’Otan, multiplie les efforts diplomatiques pour faciliter le retour de ces livraisons. Considérée comme une alliée de l’Ukraine à laquelle elle fournit des drones de combat, la Turquie veille néanmoins à garder une position neutre envers la Russie, dont elle dépend pour ses approvisionnements en gaz notamment.
Début juin, des négociations se sont engagées à la demande de l’ONU, sous l’égide d’Ankara, pour mettre en place des « corridors maritimes sécurisés » permettant d’exporter les stocks ukrainiens, sans toutefois donner de résultat. Moscou demandait la levée au moins partielle des sanctions occidentales, accusées d’aggraver la crise alimentaire, une demande que le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait qualifiée de « chantage ». Par ailleurs, le Kremlin a annoncé mardi un entretien bilatéral entre les présidents russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan en marge d’un sommet sur la Syrie le 19 juillet à Téhéran avec leur homologue iranien Ebrahim Raïssi.
La réunion de ce mercredi à Istanbul s’ouvre alors que, selon des responsables turcs, 20 navires marchands attendent actuellement en mer Noire et pourraient être rapidement chargés de céréales ukrainiennes. La veille, le directeur du département des organisations internationales au ministère russe des Affaires étrangères, Piotr Ilitchiov, a confirmé la rencontre, tout en soulignant que Moscou avait une liste de demandes. « Une nouvelle session de consultations d’experts est prévue pour le 13 juillet à Istanbul », a-t-il déclaré, cité par l’agence de presse russe Interfax. « Nos conditions compréhensibles comprennent la possibilité de contrôler et fouiller le navire pour éviter la contrebande d’armes, et un engagement de Kiev à ne pas organiser de provocations », a-t-il ajouté.
Ces négociations s’annoncent d’autant plus difficiles que l’Ukraine, qui refuse catégoriquement de laisser fouiller ses navires, accuse Moscou de voler du blé ukrainien. Kiev a, ainsi, affirmé que le cargo russe Zhibek Zholy, parti jeudi 30 juin du port ukrainien de Berdiansk sous occupation russe, avait à son bord une cargaison de 7.000 tonnes de céréales obtenues illégalement. L’ambassade d’Ukraine à Ankara a alors demandé à la Turquie d’arrêter le navire. Malgré le silence des autorités turques, la diplomatie russe a reconnu que des contrôles turcs étaient en cours sur le cargo.
Mais ce dernier est finalement parvenu à entrer dans les eaux territoriales russes en direction de Port-Kavkaz, dans le détroit de Kertch qui relie la mer Noire à la mer d’Azov, après avoir quitté les côtes turques jeudi dernier, selon un haut responsable turc et une source diplomatique turque, qui ont requis l’anonymat. Le Zhibek Zholy a émis son dernier signal à une vingtaine de kilomètres des côtes turques dans la nuit de mercredi à jeudi, selon le site spécialisé Marine Traffic, qui permet de suivre le trafic maritime en direct. Selon l’agence de presse turque DHA, le cargo a coupé son transpondeur, l’appareil permettant le suivi des navires en mer.
« Nous regrettons que le navire russe Zhibek Zholy, chargé de céréales ukrainiennes volées, ait été autorisé à quitter le port de Karasu malgré les preuves (…) présentées aux autorités turques », a réagi sur twitter le porte-parole de la diplomatie ukrainienne, Oleg Nikolenko, annonçant la convocation de l’ambassadeur de Turquie à Kiev par le ministère ukrainien des Affaires étrangères.
(Avec AFP)
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