Jusqu’à
version
papier
version
numérique
Jusqu’à
et de nombreux cadeaux
au choix
Qu’on suive une psychothérapie depuis plusieurs années ou qu’on entre dans le cabinet d’un.e psy pour la première fois, on est en droit d’attendre un comportement professionnel et adapté de celui ou celle qui va nous guider sur le chemin de la guérison psychique.
Mais la porosité du lien qui unit praticien et patient, tant on touche à l’intime même de ce dernier lors de ce cheminement, brouille les frontières. Au point que parfois, il peut être difficile de savoir si celui ou celle qui est là pour nous aider, ne transgresse pas les limites que la déontologie impose.
En premier lieu, “il est important de savoir de quel type de thérapie on parle, et à quel genre de patient on s’adresse”, précise Liliane Holstein, psychanalyste et spécialiste des thérapies brèves. On ne parlera pas de la même manière à un.e jeune patient.e qui souffre de TCA ou à une personne plus âgée qui vient de perdre un conjoint, à un couple au bord de la séparation, à une personne hypocondriaque qui tente d’apaiser ses angoisses ou à un.e patient.e qui veut entamer un long travail de psychanalyse pour questionner ses failles créées dans l’enfance.
Toutefois, malgré la pluralité de situations, tous les psy se doivent de rester professionnels. Voici les signes qui doivent vous mettre la puce à l’oreille en consultation, pour éviter dérives et situations toxiques.
Premier signe d’alerte auquel prêter attention : le/la thérapeute est là pour vous écouter avant tout. Si le/la praticien.ne peut évidemment donner des pistes de réflexion et amener le/la patient.e à s’ouvrir, il ne doit pas s’accaparer la discussion au risque de freiner voire d’annihiler le travail psychanalytique.
“Lors des premières consultations, il est parfois nécessaire de poser des questions sur la vie du/de la patient.e, de relancer la réflexion (car l’inconscient peut la bloquer par mécanismes de défense) mais non pas de peser sur les pensées ou les opinions du/de la patient.e. Il doit pouvoir s’exprimer avec beaucoup de fluidité et de liberté, sans avoir peur de déplaire au thérapeute”, souligne Liliane Holstein.
“Un psy n’est pas un coach en développement personnel et si le patient souhaite trouver quelqu’un qui l’invite à l’autopersuasion, avec des exercices de type “regarde toi chaque matin dans la glace en te disant que tu es la plus belle”, il doit faire le bon choix”, conseille Céline Brocheray, psychologue et psychanalyste.
Paroles de patiente : “Je suis tombée sur un psy assez charmant, il faut bien l’avouer, mais qui devait trop le savoir et qui du coup s’écoutait beaucoup parler”, plaisante Marine. “Il en venait à raconter les mêmes choses de séance en séance, ne me permettant pas d’évoluer et de pouvoir moi m’exprimer facilement. J’ai fini par le laisser en plan, lui et sa ressemblance avec George Clooney”.
“La thérapie est une réflexion profonde”, explique Liliane Holstein. Ce n’est ni le rôle, ni le travail du/ de la thérapeute de donner son avis sur ce que quelqu’un doit ou devrait faire. Le professionnel est là pour accompagner le/la patient.e et l’aider à démêler les résistances et les symptômes à répétition. Donner la solution en mâchant le travail n’aurait rien de constructif et pourrait générer de nouvelles résistances inconscientes. Le/la praticien.ne ouvre des pistes en posant des questions qui ouvrent des portes jusqu’alors verrouillées pour le/la patient.e. D’autant que c’est le/la patient.e qui détient la solution profondément refoulée de ce qui pourra le/la soulager, pas son/sa psy. S’il/elle décide de ne pas s’en servir, c’est son choix”, ajoute Céline Brocheray.
Dans la thérapie de couple, le pro laisse parler les deux membres, sans jamais prendre parti. Cette liberté d’expression a pour but de les amener à comprendre les mécanismes de blocages et les points qui génèrent des conflits. « Bien sûr, un.e thérapeute peut guider pour donner des outils de communication, des angles de réflexion afin d’affiner la réflexion du couple, de libérer leur parole, de les aider à se parler autrement et parfois à prendre des décisions. En aucun cas le/la thérapeute peut prendre ou induire des décisions pour le couple.
Paroles de patiente : “Je suis tombée sur un psychiatre qui semblait un peu avoir la science infuse et me disait toujours comment je devais faire si ou ça pour que ma vie aille bien mieux. Seulement, il n’écoutait rien de mes blocages ou craintes, voulait tout, tout de suite, c’était très brutal pour moi”, regrette Claire, qui a vite changé de praticien.
“Je vous comprends, moi aussi j’ai divorcé/j’ai perdu un enfant/j’ai été licencié… “, “Il m’est arrivé la même chose”, “J’ai vécu telle ou telle expérience”… Autant de phrases qu’un.e thérapeute ne devrait jamais prononcer face à un.e patient.e, “car même si l’on veut se montrer humain avec lui/elle, on ne peut pas créer un retour d’empathie”, précise Liliane Holstein.
On n’est pas obligé d’avoir vécu la même chose pour pouvoir aider quelqu’un : par exemple, tous les chirurgiens cardiaques ne sont pas faits opérer du cœur, et n’en sont pas moins compétents et professionnels. Tout ce qui se passe dans un cabinet est très humain certes, mais il n’y a pas de lien personnel entre le patient et le/la thérapeute, qui est formé.e pour l’aider.
NEWSLETTER
Toute l’actu Marie Claire, directement dans votre boîte mail
Je m’abonne