En période de turbulences conjoncturelle et boursière, rien ne vaut les bonnes vieilles recettes pour tendre le dos. Deux d'entre elles sont particulièrement pertinentes pour traverser la crise avec sérénité
Par Laurence Delain
En investissant en Bourse l'épargnant sait qu'il s'expose à des risques et que les marchés financiers évoluent à la hausse comme à la baisse. Reste que la configuration baissière est souvent très mal vécue. Comment traverser les périodes de correction avec un peu plus de sérénité ?
La mécanique des versements programmés, systématisée de longue date par les réseaux financiers dans différentes déclinaisons (compte titres, PEA, assurance-vie), a la vertu de répondre à la délicate question du bon « market timing » qui, en période de forte volatilité, tient de la haute voltige. « Une personne qui a investi en un coup le 17 février 2020 s'est retrouvée au bout d'un an avec une perte de -3,41 % contre +58,6 % si elle avait investi un mois après, le 16 mars », calcule par exemple Fabien Villeneuve, gérant chez Eres.
A défaut d'être une martingale – on ne profitera pas pleinement des pics boursiers -, « l'investissement régulier a la vertu de lisser les points d'entrée sur les marchés, donc la prise de risque. Il permet à ceux qui n'ont pas le temps d'avoir les yeux rivés sur les cours de la Bourse de se laisser guider plutôt que de céder à leurs émotions, souvent génératrices de mauvaises décisions », résume Emilie Chauvet, directrice des solutions d'investissement et du marketing de Société Générale Private Banking France.
On échappe ainsi au biais de la finance comportementale « qui consiste à systématiquement investir au plus haut sur les marchés, comme le démontre, sur une période de vingt ans, la juxtaposition quasi parfaite de la courbe de la collecte d'assurance-vie en unités de compte à celle de l'évolution du CAC 40 », observe Thibaut Cossenet, directeur de l'offre financière du groupe Le Conservateur.
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En versant, par exemple, à période fixe (mensuelle ou trimestrielle) un même montant sur un ou plusieurs fonds éligibles au PEA, on achète automatiquement plus d'actions lorsque les cours sont bas et moins lorsqu'ils montent. Mieux, si les parts des fonds sont « décimalisées », c'est-à-dire fractionnées en millièmes de parts (ce qui est souvent le cas pour les plans boursiers programmés), l'investissement s'ajuste au plus près. Ainsi, si on place tous les mois 100 sur un fonds dont la part vaut 30, on achète non pas trois parts, comme ce serait le cas avec une mise unique, mais 3,3333 parts.
Proposée en version pilotée clé en main dans le cadre de l'assurance-vie, de l'épargne salariale ou encore du PER (choix par défaut), la gestion diversifiée par horizon consiste à moduler la quote-part risquée d'une allocation en fonction de l'approche du terme auquel l'investisseur envisage de récupérer les fruits de la capitalisation de son épargne.
Elle trouve sans doute son modèle le plus « abouti » dans le fonctionnement de la tontine. Ce placement atypique né au XVIIe siècle réunit des épargnants prêts à mobiliser leurs fonds a minima dix ans (pas de sortie anticipée possible).
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Chaque année, l'assureur lance une nouvelle association tontinière de longue durée (vingt-cinq ans) que rejoignent les adhérents au fil de l'eau. Une fois arrivée à terme, la tontine est dissoute et son actif capitalisé intégralement réparti entre ses membres. Ce blocage libère le gestionnaire de toute contrainte de liquidités et lui confère une belle latitude pour chercher de la performance sur les marchés financiers avant de sécuriser son portefeuille au fur et à mesure que la date de liquidation approche (la part obligataire qui est de moins de 15 % au départ devient majoritaire au bout de quinze ans).
Les résultats sont probants. A titre d'exemple, en se basant sur l'offre tontinière – quasi exclusive – du groupe Le Conservateur, le gain annuel moyen d'une prime de 100.000 euros versée il y a quinze ans en 2007 sur une tontine échue en janvier dernier (après les krachs de 2008, 2011 et 2020) est, en valeur actualisée au 1er avril, de 3,06 % nets d'inflation.
Laurence Delain
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