Pièces complète 2 euro commémorative et accessoires protection pièces

Boris Vallaud (PS): "Le gouvernement ne recherche pas le compromis avec la gauche" – Challenges

Challenges Politique
Abonnés
SÉRIE ASSEMBLÉE SANS MAJORITÉ (3/6) – Alors que la session extraordinaire prend fin, Challenges revient avec les présidents de groupes parlementaires sur le fonctionnement inédit de l’Assemblée nationale sous l’ère Macron II. Entretien avec Boris Vallaud, chef de file au Palais-Bourbon d’un Parti socialiste qui a mis un net coup de barre à gauche.
Le président du groupe socialiste à l’Assemblée, Boris Vallaud.
C'est le président d'un groupe socialiste "new-look". Après l'échec de la présidentielle et les désastreux 1,7% d'Anne Hidalgo, le PS a choisi de mettre un coup de barre à gauche en ralliant la Nupes de Jean-Luc Mélenchon. Un pivot tactique qui a permis aux socialistes de sauver leur groupe de 31 députés à l'Assemblée nationale. Mais qui a suscité, dans le même temps, l'incompréhension d'une partie de son électorat et de ses cadres, redoutant de voir la formation de François Mitterrand et Lionel Jospin perdre sa culture de gouvernement. Alors que 82% des sympathisants socialistes souhaitent voir leurs députés négocier avec le gouvernement, le groupe PS a voté lui, avec la Nupes, une motion de censure "a priori" du gouvernement, avant même que tout texte puisse être étudié à l'Assemblée. "Nous n’avons pas été élus pour faire la majorité d’Emmanuel Macron", défend Boris Vallaud, tout en rejetant toute forme de "vassalité" aux insoumis : "Nous pouvons avoir des sujets de désaccords, que nous ne renoncerons pas à affirmer", assure-t-il.
Challenges : Le groupe PS a choisi de s'ancrer dans l'opposition en votant la motion de défiance de la Nupes. Pourtant 82% des sympathisants socialistes souhaitent voir leur parti négocier avec le gouvernement. Est-ce vraiment tenable ?
Boris Vallaud, président du groupe PS à l'Assemblée nationale : Nous n’avons pas été élus pour faire la majorité d’Emmanuel Macron, ni pour appliquer son programme que nous avons combattu devant les électeurs. Et c’est précisément parce que nous sommes dans l’opposition sur des positions différentes et que nous avons d’autres propositions qu’il y a éventuellement matière à négocier. Si nous étions dans la majorité, que nous resterait-il à négocier ? Rien. Être dans l'opposition, n'est pas une découverte. Nous étions dans l'opposition ces cinq dernières années. Nous avons eu une candidate à l'élection présidentielle qui se présentait contre le président de la République, et qui en contestait le bilan et le programme. Nous étions dans l'opposition aux législatives. Mais nous continuerons de travailler et de formuler des propositions. Nous croyons à la possibilité d'accords républicains mais cela suppose que l'exécutif et la majorité soient capables d'entendre au-delà d'eux-mêmes et de tirer un certain nombre de leçons de la défaite qu'a constituée pour elle la majorité relative. Or quand j'entends le président de la République le 14 juillet, je m'aperçois qu'il ne renonce à rien de son programme, estimant qu'il a été élu au premier tour de l'élection présidentielle. La réalité est toute autre. La question est : à quoi l'exécutif est prêt à renoncer, quelles propositions des oppositions est-il prêt à reprendre. Nous avons formulé, avec le groupe PS comme avec nos partenaires de gauche, des propositions ces premières semaines : la taxation des superprofits des multinationales, qui se sont enrichies lors de la crise. Demandée par la Commission européenne et réalisée par un certain nombre de nos voisins européens. Est-ce que le gouvernement a négocié ? Non, ça a été non. De même pour les augmentations de salaire. Donc, négocier d'accord, mais sur quoi ?
Quelle est vraiment la nature de vos rapports avec la France insoumise au sein de la Nupes ? Certains voient dans votre alignement sur les positions mélenchonistes une forme de vassalité motivée par la crainte d'une dissolution…
Avaler les propositions de droite du gouvernement serait responsable, travailler avec la gauche relèverait de la vassalité ? Non, soyons sérieux. Cette union de la gauche, c'est l'unité dans la diversité. Il y a quatre formations politiques avec leurs histoires, avec leurs identités, leurs styles et aussi un certain nombre de désaccords – par exemple, sur la ratification de l'entrée dans l'OTAN de la Suède et la Finlande, nous n'avons pas voté la même chose. Ce qui nous rassemble, c'est la justice et la recherche de l'égalité, la centralité de la question sociale et des classes populaires, mais nous pouvons avoir des sujets de désaccords, que nous ne renoncerons pas à affirmer. Nous sommes pleinement socialistes. Ce qui fait la force de cette union, c'est une addition à sommes positives. Sans possibilité de se différencier, l'union serait un jeu à sommes nulles.
En quoi une personnalité comme Élisabeth de Borne, ancienne conseillère de Lionel Jospin, directrice de cabinet de Ségolène Royal, est-elle si éloignée des positions du Parti socialiste ? Vous avez fait partie de la même administration…
Elle est la Première ministre en charge de mettre en œuvre la politique d'Emmanuel Macron. D'une certaine manière, “il décide, elle exécute”. Et elle exécute une politique de droite. L'allongement de l'âge de départ à la retraite sans considérer réellement la pénibilité dont certains critères ont été supprimés, les contreparties au RSA, une réforme de l'assurance-chômage qui va se faire sans les partenaires sociaux, une nouvelle politique asile-immigration… On peut toujours sauter comme un cabri sur sa chaise en disant : "Je suis de gauche, je suis de gauche" mais parfois on est ramené à la réalité de ses actes. Ce qui n'enlève rien aux qualités personnelles d'Elisabeth Borne, le sérieux qui est le sien. Je n'ai pas de problème personnel avec elle, seulement un problème politique.
C'est le président d'un groupe socialiste "new-look". Après l'échec de la présidentielle et les désastreux 1,7% d'Anne Hidalgo, le PS a choisi de mettre un coup de barre à gauche en ralliant la Nupes de Jean-Luc Mélenchon. Un pivot tactique qui a permis aux socialistes de sauver leur groupe de 31 députés à l'Assemblée nationale. Mais qui a suscité, dans le même temps, l'incompréhension d'une partie de son électorat et de ses cadres, redoutant de voir la formation de François Mitterrand et Lionel Jospin perdre sa culture de gouvernement.
 Alors que 82% des sympathisants socialistes souhaitent voir leurs députés négocier avec le gouvernement, le groupe PS a voté lui, avec la Nupes, une motion de censure "a priori" du gouvernement, avant même que tout texte puisse être étudié à l'Assemblée nationale. "Nous n’avons pas été élus pour faire la majorité d’Emmanuel Macron", défend Boris Vallaud, tout en rejetant toute forme de "vassalité" aux insoumis: "Nous pouvons avoir des sujets de désaccords, que nous ne renoncerons pas à affirmer", assure-t-il.
Challenges: Le groupe PS a choisi de s'ancrer dans l'opposition en votant la motion de défiance de la Nupes. Pourtant 82% des sympathisants socialistes souhaitent voir leur parti négocier avec le gouvernement. Est-ce vraiment tenable?
Boris Vallaud, président du groupe PS à l'Assemblée nationale: Nous n’avons pas été élus pour faire la majorité d’Emmanuel Macron, ni pour appliquer son programme que nous avons combattu devant les électeurs. Et c’est précisément parce que nous sommes dans l’opposition sur des positions différentes et que nous avons d’autres propositions qu’il y a éventuellement matière à négocier. Si nous étions dans la majorité, que nous resterait-il à négocier? Rien.
Être dans l'opposition, n'est pas une découverte. Nous étions dans l'opposition ces cinq dernières années. Nous avons eu une candidate à l'élection présidentielle qui se présentait contre le président de la République, et qui en contestait le bilan et le programme. Nous étions dans l'opposition aux législatives. Mais nous continuerons de travailler et de formuler des propositions. Nous croyons à la possibilité d'accords républicains mais cela suppose que l'exécutif et la majorité soient capables d'entendre au-delà d'eux-mêmes et de tirer un certain nombre de leçons de la défaite qu'a constituée pour elle la majorité relative.
Or quand j'entends le président de la République le 14 juillet, je m'aperçois qu'il ne renonce à rien de son programme, estimant qu'il a été élu au premier tour de l'élection présidentielle. La réalité est toute autre. La question est: à quoi l'exécutif est prêt à renoncer, quelles propositions des oppositions est-il prêt à reprendre?
Nous avons formulé, avec le groupe PS comme avec nos partenaires de gauche, des propositions ces premières semaines: la taxation des superprofits des multinationales, qui se sont enrichies lors de la crise. Demandée par la Commission européenne et réalisée par un certain nombre de nos voisins européens. Est-ce que le gouvernement a négocié? Non, ça a été non. De même pour les augmentations de salaire. Donc, négocier d'accord, mais sur quoi?
Lire aussi Aurore Bergé (LREM): "Le RN est considérablement aidé par l'attitude de LFI à l'Assemblée"
Quelle est vraiment la nature de vos rapports avec la France insoumise au sein de la Nupes? Certains voient dans votre alignement sur les positions mélenchonistes une forme de vassalité motivée par la crainte d'une dissolution…
Avaler les propositions de droite du gouvernement serait responsable, travailler avec la gauche relèverait de la vassalité? Non, soyons sérieux. Cette union de la gauche, c'est l'unité dans la diversité. Il y a quatre formations politiques avec leurs histoires, avec leurs identités, leurs styles et aussi un certain nombre de désaccords – par exemple, sur la ratification de l'entrée dans l'OTAN de la Suède et la Finlande, nous n'avons pas voté la même chose.
Ce qui nous rassemble, c'est la justice et la recherche de l'égalité, la centralité de la question sociale et des classes populaires, mais nous pouvons avoir des sujets de désaccords, que nous ne renoncerons pas à affirmer. Nous sommes pleinement socialistes. Ce qui fait la force de cette union, c'est une addition à sommes positives. Sans possibilité de se différencier, l'union serait un jeu à sommes nulles.
En quoi une personnalité comme Élisabeth Borne, ancienne conseillère de Lionel Jospin, directrice de cabinet de Ségolène Royal, est-elle si éloignée des positions du Parti socialiste? Vous avez fait partie de la même administration…
Elle est la Première ministre en charge de mettre en œuvre la politique d'Emmanuel Macron. D'une certaine manière, “il décide, elle exécute”. Et elle exécute une politique de droite. L'allongement de l'âge de départ à la retraite sans considérer réellement la pénibilité dont certains critères ont été supprimés, les contreparties au RSA, une réforme de l'assurance-chômage qui va se faire sans les partenaires sociaux, une nouvelle politique asile-immigration…
On peut toujours sauter comme un cabri sur sa chaise en disant: "Je suis de gauche, je suis de gauche" mais parfois on est ramené à la réalité de ses actes. Ce qui n'enlève rien aux qualités personnelles d'Elisabeth Borne, le sérieux qui est le sien. Je n'ai pas de problème personnel avec elle, seulement un problème politique.
La possibilité d'une liste commune de la Nupes aux élections européennes est évoquée par certains cadres de LFI. Pourtant rien ne paraît aussi éloigné que vos positions respectives sur l'Europe. Y souscrivez-vous?
C’est une question qui n’a pas été discutée et qui le sera le moment venu. Nous sortons d’une élection, nous avons beaucoup de choses à faire avant de parler de la prochaine… la question est prématurée.
Jean-Luc Mélenchon a-t-il fait une faute en affirmant qu'il n'y a "qu'une seule Chine" dont Taïwan est "une composante à part entière"? Ses positions engagent-elles la gauche dans son ensemble?
La position de la France est constante: la reconnaissance de la République populaire de Chine et pas de Taïwan comme Etat, qui pour autant bénéficie d’une représentation permanente. Mais le sujet ici c’est celui de la démocratie, des combattants de la liberté. D’une manière générale et en particulier à l'égard de la Chine, il faut toujours être du côté de la démocratie et des démocrates. La Chine n'est pas une démocratie, pas un Etat de droit. Je pense au peuple Ouïghours dont nous sommes solidaires. C'est un Etat autoritaire qui s'affirme comme tel et qui est dans un rapport de force avec les démocraties libérales. Celles-ci doivent défendre ce qu'elles sont en toutes circonstances.
Êtes-vous satisfait de voir l'Assemblée retrouver ses lettres de noblesse en redevenant le centre du pouvoir?
Je n'ai pas le sentiment, à ce stade, que l'on ait tiré toutes les conséquences pratiques du parlementarisme que les urnes ont imposé. Je n'ai pas le sentiment qu'il y ait eu beaucoup de nouveautés dans la façon de faire du gouvernement, que ce soit sur les délais, sur la recevabilité des amendements, sur les amendements gouvernementaux déposés en séance. Et s’agissant de la gauche, on ne peut pas dire que le gouvernement ait jamais sérieusement cherché de compromis avec elle.
Nous sommes encore dans une phase d'échauffement. Nous prenons tout juste collectivement la mesure de cette majorité relative et du pluralisme à l'Assemblée nationale. Maintenant, il faut que nous soyons capables, pour peu que le gouvernement le veuille, de faire différemment. En ce qui concerne les socialistes, nous travaillons depuis quelques semaines avec des constitutionnalistes et des spécialistes du droit parlementaire pour identifier, à cadres juridiques constants, les modifications de pratiques qui pourraient être autorisées.
Je suis convaincu que des latitudes existent qui nous permettront de rénover le travail parlementaire. Sans doute serons-nous amenés à moins légiférer, ce n'est pas forcément un mal, mais aussi à mieux travailler en assurant un continuum entre l'évaluation, le contrôle des politiques publiques et de l'action du gouvernement, et la fonction législative. Les Français ont voulu ce parlementarisme de fait, ils n’ont pas voulu donner une majorité absolue au Président, il faut désormais le traduire en actes dans la façon de faire et cela peut se faire sans blocages.
Les commissions mixtes paritaires (CMP) semblent devenues le noyau décisionnel de l'ère Macron II. Quelques parlementaires qui négocient le contenu de la loi à volets fermés… N'y a-t-il pas là un problème démocratique?
La centralité prise par la commission mixte paritaire est la traduction institutionnelle d'une réalité politique. C'est le produit de la coalition, la collusion des droites, entre LREM et Les Républicains. Le président de la République a été élu avec un programme de droite et désormais, en plus, il gouverne avec la droite. Nous l'avons vu car les CMP ont été conclusives, c'est-à-dire qu'il y a eu un accord entre la majorité gouvernementale et la majorité du Sénat qui est LR. Il est ennuyeux que les choses se jouent de la sorte mais le gouvernement a fait ses choix. Ils se sont entendus avec la droite.
Lire aussiOlivier Marleix (LR): "Nous ne sommes fongibles ni dans le macronisme ni dans le lepénisme"
Quels seront les combats du Parti socialiste à l'Assemblée nationale, notamment lors de l'examen du Budget?
Ce qui me paraît assez évident, c'est que la question du pouvoir d'achat se reposera certainement à l'identique dans quelques mois. Il y a beaucoup de Français qui ne vivent pas de leur travail et les chèques Macron ne seront qu'une réponse partielle dont le caractère ponctuel ne soulagera pas la récurrence des problèmes. Il y aura toujours une question de pouvoir d'achat et derrière celle-ci se posera encore celle du partage de la valeur ajoutée, de la richesse, des salaires, du travail qui paye.
Nous sommes le parti du travail et des travailleurs, nous les socialistes, et nous voulons défendre le travail qui paie, le travail digne, porteur de sens, qui n'abîme pas. Nous aurons des combats, notamment sur la réforme de l'assurance-chômage et celle des coûts de l'énergie qui se posera avec acuité pendant l'hiver. Elle se posera rudement aux Français les plus modestes qui vivent dans des passoires énergétiques. Nous avons des propositions à faire et nous espérons, sur ces sujets-là, entraîner à gauche au Parlement, mais également au-delà.
Assemblée nationale Parti Socialiste
En cliquant sur « je m’abonne », vous acceptez que Challenges utilise votre adresse email dans le but de vous adresser ses newsletters. Vous affirmez avoir pris connaissance de nos Conditions générales d’utilisation, et de notre Politique de confidentialité qui vous informe des modalités de traitement de vos données, ainsi que des moyens d’exercer vos droits sur ces données. Vous pouvez vous désinscrire à tout moment à l’aide des liens de désinscription ou en nous contactant à l’adresse dpo@challenges.fr
En cliquant sur « je m’abonne », vous acceptez que Challenges utilise votre adresse email dans le but de vous adresser ses newsletters. Vous affirmez avoir pris connaissance de nos Conditions générales d’utilisation, et de notre Politique de confidentialité qui vous informe des modalités de traitement de vos données, ainsi que des moyens d’exercer vos droits sur ces données. Vous pouvez vous désinscrire à tout moment à l’aide des liens de désinscription ou en nous contactant à l’adresse dpo@challenges.fr
Centre de préférence
de vos alertes infos
Vos préférences ont bien été enregistrées.
Si vous souhaitez modifier vos centres d’intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.
Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?
Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

source



A propos de l'auteur

Backlink pro

Ajouter un commentaire

Backlink pro

Prenez contact avec nous

Les backlinks sont des liens d'autres sites web vers votre site web. Ils aident les internautes à trouver votre site et leur permettent de trouver plus facilement les informations qu'ils recherchent. Plus votre site Web possède de liens retour, plus les internautes sont susceptibles de le visiter.

Contact

Map for 12 rue lakanal 75015 PARIS FRANCE