Accueil >> Stratégie RH >> Diversité >> Biais cognitifs, discrimination : comment éviter les erreurs durant un entretien RH ?
Entretien de recrutement, de recadrage, de licenciement… Nombre de professionnels tombent involontairement dans l'écueil du biais cognitif ou des questions discriminantes lors de leurs entretiens RH.
Les conseils de Corinne Souissi, co-auteure de l’ouvrage “10 entretiens RH incontournables”*.
De l’entrée à la sortie de l’entreprise, le salarié peut connaitre une vingtaine d’entretiens, de l’entretien d’embauche à celui de recadrage en passant par l’entretien annuel… Des échanges qui doivent respecter une méthodologie précise au risque de générer des erreurs, préjudiciables tant pour le salarié que pour l’entreprise. En écrivant notre livre, nous avons constaté que la plupart des entretiens manquent de préparation, d’objectifs et de structure. Si les jeunes recruteurs rencontrent des difficultés à poser un cadre, les plus aguerris cherchent à améliorer la structure de l’entretien. Mais personne n’est vraiment à l’abri de biais cognitifs inconscients, qui peuvent réduire drastiquement les chances d’un candidat à l’entretien d’embauche, par exemple. Or il existe près de 200 biais cognitifs…
Le plus souvent, oui. L’un jugera que les femmes ne peuvent pas exercer des métiers d’hommes, le second que le candidat en retard n’est pas prévoyant, le dernier pensera qu’une personne souriante est forcément communicative… Le biais de primauté, plus connu sous l’expression “la première impression est toujours la bonne” encourage le recruteur à trouver des éléments venant conforter son jugement premier. Le cerveau n’aimant pas la contradiction, il va chercher des éléments de confirmation induisant de fausses déductions. A ce biais de primauté s’ajoutent ceux de confirmation et de halo, qui confortent les préjugés de départ. Prendre conscience de ces biais cognitifs aide à se baser uniquement sur des faits. Il est impératif que le recruteur soit factuel et s’affranchisse de tous préjugés. Cela suppose de bien se connaître et de poser les bases de l’entretien avec un esprit vierge de toute critique.
Les questions à critères discriminatoires tels que les loisirs, le lieu de résidence ou l’origine du candidat, doivent être bannies. Or, il existe près de 24 critères de discrimination. Si le candidat arrive en retard, évitez de le questionner sur le temps de trajet car cela renvoie au critère de domicile. Il est préférable de l’interroger sur les moyens de transport dont il dispose. De même, plutôt que de demander à un candidat quels sont ses centres d’intérêt, mieux vaut essayer de savoir en quoi l’exercice de telle ou telle activité, sportive ou culturelle, permet un transfert de compétences vers le poste auquel il aspire. Ou encore, demander à un candidat étranger si l’entreprise doit effectuer des démarches administratives en vue de son embauche.
Le candidat qui se sent discriminé peut se rapprocher du défenseur des droits en avançant que l’entretien n’a pas respecté certains critères. Le recruteur risque alors 45 000 € d’amende et trois ans de prison avec sursis. Si de telles sanctions n’ont jamais été prises, certaines entreprises ont été montrées du doigt, ce qui nuit à leur image.
En amont de l’entretien, il est essentiel de poser un cadre et des objectifs précis, éléments avec lesquels le salarié doit être en accord. Il faut savoir s’adapter à son interlocuteur par effet miroir, se synchroniser au niveau de la gestuelle pour le mettre en confiance, tout en restant bienveillant. Le fond et la forme doivent être synchrones.
Lors d’un entretien de recadrage, par exemple, le message doit être reçu comme un conseil et non comme un reproche ou, pire, une menace. Cela suppose d’être prudent quant aux termes employés et à sa posture. Dans le cas d’un entretien de licenciement, il faut amener le collaborateur à comprendre que la situation peut lui être bénéfique en lui permettant de bifurquer vers un nouveau projet, plus en adéquation avec son profil. Cela suppose de reconnaître ses faiblesses mais aussi les points forts sur lesquels il peut capitaliser pour rebondir et poursuivre sa trajectoire professionnelle.
Propos recueillis par Frédérique Guénot
* “10 entretiens RH incontournables – Guide à l’usage des managers et des RH” par Corinne Souissi et Marie-Françoise Hosdain, Editions Gereso, février 2022.
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