Par Mariama Soumana
BBC Afrique, Niamey
Crédit photo, BERTRAND GUAY/AFP via Getty Images
Un soldat de la force Barkhane tient une arme dans un hélicoptère alors qu'il vole près de la base militaire de Ouallam, le 15 juillet 2022, lors d'une visite officielle des ministres français des Affaires étrangères et des Forces armées au Niger.
Lorsque les dernières troupes françaises ont quitté le Mali, elles ne sont pas rentrées chez elles. Elles ont traversé la frontière pour se rendre au Niger.
Des mois après un vote de l’Assemblée nationale autorisant le redéploiement de la force Barkhane dans ce pays, le sujet continue à diviser l’opinion nationale.
Après les députés, les acteurs de la société civile ravivent les débats avec des opinions qui divergent.
''La présence de la force française empêche toute collaboration possible mais pourtant indispensable entre le Mali et le Niger dans le cadre de la lutte contre l’insécurité'', affirme Souley Abdoulaye.
Il est le coordonateur du mouvement M62 qui a relancé ce débat controversé en annonçant une marche pour exiger le départ des troupes françaises du Niger.
La marche a été interdite par les autorités, mais ses initiateurs ont opté pour une autre tactique : initier une pétition pour faire valoir leur cause.
Il leur faut récolter 10 000 signatures pour que la pétition soit examinée par les autorités.
Souley Abdoulaye justifie la démarche du M62 par la dégradation de la situation sécuritaire au Niger.
Souley Abdoulaye, coordinateur du M62.
Il doute que la présence de Barkhane soit une bonne option : ''Si la solution, telle qu’on est en train de vouloir la définir et l’imposer au Niger était une solution efficace, le Mali serait en paix.
Nous avons des doutes sérieux sur le fait que la vocation de la présence française au Niger, c’est de lutter efficacement contre les terroristes'', conclut-il.
Pour le coordonnateur du M62, la sécurisation du pays doit être l’apanage exclusif des forces de défense et de sécurité du Niger.
''Il n’y a aucune force qui peut mieux assurer notre sécurité, qui peut mieux défendre notre territoire que nos forces de défense et de sécurité.
Il suffit tout simplement que nos autorités aient confiance en ces forces de défense et de sécurité, les dotent de moyens dont elles ont besoin et qu’elles aient la latitude elles-mêmes de définir leurs stratégies.''
Mais son avis sur la présence de la force Barkhane ne fait pas l’unanimité au sein de la société civile du Niger.
Laouali Sayabou, président du réseau des ONG de développement et de droits de l’Homme (RODADD), estime que le vote des députés nationaux en faveur du redéploiement de l’armée française dans le pays représente l’opinion de la population qui a besoin d’être sécurisée des attaques des groupes armés.
Laouali Sayabou, président du réseau des ONG de développement et de droits de l’Homme (RODADD).
''C’est l’Etat du Niger qui a demandé, ce n’est pas la force Barkhane qui est venue comme une force d’occupation et il a demandé pour sécuriser les populations et que désormais le Commandant en chef, c’est son excellence Mohammed Bazoum. C’est lui qui doit donner des ordres, qui doit exprimer ses besoins. La France est là pour appuyer.''
Laouali Sayabou considère la France comme un partenaire stratégique pour le Niger dans la lutte contre le terrorisme et juge, donc, la présence de la force Barkhane plus que nécessaire. Il cite l’ampleur de la menace djihadiste, comme raison principale.
''Aujourd’hui tout se réalise dans le cadre de la coopération internationale. Ce sont des négociations et nous, nous avons négocié avec la France un appui. Et l’appui; il est en formation. On ne peut pas faire une formation en ligne, la formation militaire ne se fait pas en ligne sur le net. La formation militaire ne se fait pas virtuellement, il faut une présence physique'', explique-t-il.
Après la fin de leur mission au Mali dans un contexte de tensions entre la France et les autorités de la transition de Bamako, la force Barkhane s’est redéployée au Niger.
Le pays a récemment été visé par des attaques des groupes armés dans les zones proches de la frontière avec le Mali et le Burkina Faso.
Cependant, les voix discordantes au sein de la société civile à propos de la présence des troupes françaises au Niger remettent à table l’incertitude sur la durée de leurs opérations, malgré l’aval des autorités.
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