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Avec les jeunes de la « Première Ligne » sur les barricades en Colombie – solidaire.org

Solidaire
Le 19 juin 2022 restera dans lʼhistoire de la Colombie comme le jour où le premier président de gauche a été élu. Petya Obolensky, député bruxellois du PTB et spécialiste de lʼAmérique latine où il a vécu, était sur place pendant la campagne électorale. Il y est retourné plus longuement en août, pour rencontrer celles et ceux qui ont fait basculer le pays.
Ce lundi 15 août, j’ai rendez-vous à proximité du fameux stade de foot « construit » par Pablo Escobar dans son quartier de jeunesse à Envigado, près de Medellin. Des dizaines de jeunes s’entraînent sur la pelouse et la piste d’athlétisme qui la borde. Foot, course à pied, gymnastique, musculation, l’activité y est intense. Mais nous avons rendez-vous dans l’arrière-cour d’une maison à l’abri des regards car les deux jeunes que je doit rencontrer sont menacés de mort pour leurs activités de journalisme alternatif. Leurs reportages publiés surtout sur Instagram ont fait connaître la réalité de la lutte de classe et de la répression qui s’est développée en Colombie ces trois dernières années. Ils ont documenté ce qu’on appelle « la Première Ligne » en Colombie : ceux et celles, très jeunes souvent, qui ont constitué la première ligne des manifestations et rassemblements pendant le mouvement social, et qui ont affronté directement les forces de l’ordre avec des armes défensives artisanales.
La Colombie est un pays meurtri par presque 75 ans de conflit armé et de terrorisme d’État parrainé par les USA. Le pays le plus au nord de lʼAmérique du Sud est aussi lʼun des plus grands du sous-continent et un des plus inégalitaires. La Colombie est connue comme le pays où les syndicalistes et activistes sont les plus réprimés. Ces dernières années un important mouvement social y a eut lieu contre le néolibéralisme et pour le respect des accords de paix et la réforme agraire. Cela a débouché sur l’élection du premier gouvernement de gauche de l’histoire du pays en juin dernier.
Deux mois après cette victoire historique, j’ai eu l’occasion de retourner en Colombie. Fin mai avec une camarade, nous avions été invité comme observateurs internationaux mais dans un contexte fort cadré, hôtel de luxe, etc. J’ai eu la chance d’y retourner cet été et d’y rester plus de trois semaines pour vivre ces moments avec les gens, avec les travailleurs et paysans colombiens. Je tenais absolument à rencontrer Camilo et Hernan, deux jeunes qui symbolisent cette nouvelle génération qui est en train d’écrire son histoire en Colombie.
Camilo Restrepo, 19 ans, est étudiant de droit à l’université d’Antioquia et conseiller municipal au Conseil de la Jeunesse (dans le système local, il y a des « Conseils de la Jeunesse » qui ont une fonction, surtout symbolique, de participation et de dialogue entre jeunes et institutions) pour le Polo (Pôle démocratique alternatif, parti de gauche qui fait partie de la coalition du Pacte Historique du président Petro, composée de forces progressistes, dont le parti communiste, et qui lui a permis d’accéder à la présidence) à Envigado, à côté de Medellin. Il est membre actif du media de communication digital et alternatif « Cofradia Para el Cambio », suivi par plus de 100 000 jeunes en Colombie.
Hernán Muriel a 25 ans. Il est communicateur social, vit à Medellin et est directeur du média cyberactiviste Cofradia et journaliste digital. 
Hernán Muriel. Le mouvement social qui a commencé fin 2019 et qui a abouti à une grève générale de plusieurs mois au printemps-été 2021 ne vient pas de nulle part. C’est le produit en premier lieu de besoins sociaux historiquement insatisfaits et le produit d’une répression systématique de l’État, de l’establishment en tant que tel, contre les travailleurs, contre les gens qui survivent dans le secteur informel, contre les indigènes, contre les paysans, contre la jeunesse… Avec le président ultra-libéral Ivan Duque ces dernières quatre années, il y a eu de nouvelles attaques contre l’éducation gratuite, contre l’éducation populaire, contre la possibilité d’ascension sociale, contre la liberté de conscience et la liberté de presse et contre toutes sortes de choses qui nous définissent comme être humain.
Je crois que ce mouvement social a des racines très profondes en Colombie et ce qui s’est passé en 2021 avec la lutte contre la réforme fiscale injuste (en pleine crise Covid le président Duque a voulu faire passer une réforme fiscale néo-libérale qui augmentait notamment la TVA sur les produits de première nécessité permettant à une famille de se nourrir, NdlR), c’était comme la goutte qui a fait déborder le vase et renforcé ce mouvement historique. Parfois on réduit tout au processus électoral mais on sous-estime toute la force citoyenne et tout le mouvement social qui est derrière. Et toute cette rage, toute cette indignation, ce saut qualitatif en terme de conscientisation politique a débouché sur l’élection du premier gouvernement progressiste de l’histoire colombienne.
Hernán Muriel. Medellin est considérée comme étant la ville la plus innovatrice du pays. Hier, lors d’une rencontre avec des jeunes qui était dans « la première ligne », des jeunes de 15 ou 16 ans, j’ai été marqué par le fait que la plupart ne savaient pas lire et écrire. Ça veut dire qu’on peut avoir 15 ans dans la ville la plus innovatrice de Colombie et ne pas avoir accès à l’éducation, ne pas savoir lire un livre et ne jamais avoir écrit son nom ! Cela montre toute la catastrophe politique et sociale actuelle.
Mais ces dernières années, la jeunesse acquiert de plus en plus de conscience politique, à cause des besoins sociaux et de l’incapacité politique a résoudre ces problèmes. Les jeunes veulent un avenir, ils en ont marre. Ils se sont dit : « Il faut changer ça et nous avons un rôle à jouer ! »
Camilo Restrepo. Il faut se rendre compte qu’énormément de jeunes dans le pays ont faim, ne mangent jamais plus d’une fois par jour, voir pas tous les jours. Et dans les endroits qu’on appelait « lieux de résistance » où se concentraient les jeunes, il y avait toujours des marmites communautaires apportées par les gens. Grâce à cette solidarité, les Colombiens qui avaient un peu plus donnaient à manger pour tout le monde. Grâce à cette initiative, de nombreux jeunes pouvaient enfin manger trois fois par jour !
Hernán Muriel. Je crois qu’on peut critiquer les réseaux sociaux sur de nombreux aspects, mais, comme cela a été le cas dans d’autres mouvements sociaux récents aussi en Europe, les réseaux sociaux en Colombie ont été déterminants dans les mobilisations populaires. Parce qu’ils nous ont donné la possibilité de démocratiser l’information et de forger l’opinion publique qui était jusque-là toujours influencée uniquement par l’hégémonie des médias traditionnels. Nous avons réussi, comme jeunes, à trouver un refuge mais aussi une catapulte pour ce processus de conscientisation massive.
Maintenant, le problème c’est que si on sort des grandes villes, Bogota, Medellin, Cali, si on va dans les périphérie, si on va dans les campagnes, il y a un gros problème d’accessibilité à Internet. A certains endroits, on n’arrive même pas à 5 % de la population disposant dʼune connexion. Pour amplifier le mouvement social, je pense qu’il faut absolument digitaliser tous les territoires en Colombie.
Camilo Restrepo. Le droit d’être informé, la revendication d’Internet comme un droit global, c’est quelque chose de central. Pendant la lutte, il y a eu des cas où la principale chaîne de télévision privée du pays donnait des fausses informations sur la soi-disant fin du mouvement social et de la mobilisation populaire. Mais grâce aux réseaux sociaux, des centaines de milliers de jeunes à travers tout le pays pouvaient prouver à l’opinion publique que c’était faux et que le mouvement social continuait de plus belle !
Hernán Muriel. Les réseaux sociaux, les médias alternatifs ont joué un rôle essentiel dans le réveil des consciences, pour exprimer ce que le peuple colombien voulait dire : « Plus jamais ! On va s’organiser, on va exprimer notre indignation et on va ouvrir les portes d’un pays confisqués par quelques familles richissimes » !
Camilo Restrepo. La répression a toujours été là et a augmenté encore avec la grève générale. Les policiers nous appelaient personnellement en nous faisant savoir quʼils avaient des infos sur nous pour nous intimider, nous insulter, nous menacer directement aussi physiquement parfois…
Je suis menacé depuis que j’ai documenté un assassinat policier « à la George Floyd » (Le 25 mai 2020 aux États-Unis, George Floyd, homme noir de 46 ans et père de deux filles, a été assassiné par un policier, Derek Chauvin, avec l’aide de trois autres agents. Sa longue agonie a été filmée en direct par des passants, provoquant l’écœurement et la colère dans tout le pays et à travers le monde, NdlR). Je me suis fait menacer par la suite par la police. J’ai porté plainte mais ça n’avance pas depuis plus d’un an et demi. Pourtant, les manifestants qui sont traînés devant les tribunaux sont vite condamnés eux. Mais quand les manifestants portent plainte contre la violence policière, cela n’aboutit jamais. Et la dernière fois que j’ai été menacé, c’était la semaine passée suite à mon travail comme conseiller communal municipal de la jeunesse pour mes positions critiques par rapport à la gestion politique de la municipalité. Lorsque tu vas porter plainte, on te traite de tous les noms, on te stigmatise et on te criminalise. Un policier a pu me dire carrément que s’il me croisait en rue, il allait me mettre une balle dans la tête.
Hernán Muriel. Pour moi, lors de ces deux dernières années, il n’y a pas eu de répression mais un vrai massacre d’État. Parce qu’il y a des centaines de personnes qui sont disparues, qui sont mortes, qui ont été gravement blessées, emprisonnées… Nous deux, comme journalistes, par exemple, nous avons pu sauver trois jeunes qui étaient en train de se faire tabasser par les policiers ici à Medellin. Je me souviens de ma mère qui pleurait et qui me suppliait de ne pas retourner sur les barricades tellement elle avait peur pour ma vie.
C’est facile de voir la guerre ou la mort par la télévision, mais lorsqu’on se retrouve sur les barricades dans des quartiers populaires avec des gens qui tombent devant toi, au milieu des bruits de tirs et que cette personne meurt juste parce qu’elle avait faim, tu comprends alors ce qu’est la guerre. On constate ce qu’est un massacre d’État, un état assassin.
Moi-même encore aujourd’hui, j’ai peur de sortir dans la rue et de rencontrer un policier. J’ai peur que ma mère ne revienne pas du travail, j’ai eu peur lorsque j’ai vu des policiers traîner autour de ma maison tous les jours, j’ai eu peur lorsque j’ai vu ces policiers abîmer la moto de mon frère qui était restée à l’extérieur. C’est une persécution constante. J’ai eu peur lorsque après avoir fait une réunion officielle avec des représentants des institutions de l’État, le commandant de la police t’appelle par ton nom propre, comme si l’ordre avait été donné depuis la même salle de réunion institutionnelle à laquelle tu avais participé. On peut dire que nous deux, nous avons de la chance d’être encore en vie et moi je demande pardon à ma famille pour les avoir mis dans cette situation d’angoisse permanente. Car il y a tellement de jeunes qui ne sont jamais revenus auprès de leur famille. Dites-moi comment est-ce qu’une mère peut pardonner quand son fils qui est sorti manifester n’est jamais revenu à la maison ?
Hernán Muriel. Le gouvernement de Gustavo Petro a pris des décisions dans ces premiers jours qu’on attendait depuis des décennies. Notamment sur l’accès à la santé, aux hôpitaux publics. Il a lancé le chantier de la réforme agraire et de l’industrialisation des campagnes pour pouvoir nourrir les paysans. Pour la première fois on a entendu un président qui disait que le rôle d’un policier n’est pas de réprimer le peuple mais de l’aider. Petro a changé la tête de l’armée et plus de 50 généraux qui la dirigeaient depuis des décennies ont dû se retirer. On va essayer de changer cette doctrine criminelle et on va commencer à voir la population comme des gens qu’il faut protéger et pas des gens qu’on doit tuer. Oui, moi j’ai de l’espoir quand je vois ça. J’ai de l’espoir quand je vois mon frère qui doit travailler jusque tard le soir recevoir enfin une compensation financière, parce que c’est maintenant obligatoire. Mais les défis dans tous les domaines sont énormes et un homme seul ne peut rien faire, le mouvement social doit s’approfondir.
 
 
 
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