Une demande de revalorisation de sa rémunération ne s’improvise pas. C’est pourquoi elle doit être correctement préparée.
Hausse du coût de la vie, difficultés de recrutement dans certains secteurs… La situation économique actuelle peut être propice pour demander une augmentation. Mais, pour que la négociation ait le plus de chances d’aboutir, l’entretien avec son manager doit être mené au bon moment et suffisamment argumenté. Si le manager refuse, il est possible d’activer d’autres leviers. Les conseils de Me Florence Bachelet, avocat, spécialisée en droit du travail.
Paris Match. Quelle est la réglementation en matière d’augmentation salariale ?
Me Florence Bachelet. Sachez que votre employeur n’est pas tenu légalement d’augmenter votre salaire chaque année. Deux exceptions subsistent : si vous percevez le smic ou si vous êtes couvert par une convention collective de branche professionnelle. Là, les revalorisations annuelles s’imposent. Dans les entreprises d’au moins 50 salariés et ayant un délégué syndical, la situation salariale collective doit être abordée durant la négociation annuelle obligatoire. La dernière possibilité est la demande individuelle via l’entretien professionnel, organisé tous les deux ans, ou à n’importe quelle période de l’année.
Comment faut-il procéder ?
Sollicitez votre manager pour un rendez-vous en face à face. Privilégiez l’oral à l’écrit. Un conseil : évitez l’envoi d’un mail, trop impersonnel. Choisissez le bon moment. Vous pouvez sereinement envisager une demande après avoir dépassé vos objectifs ou enchaîné les succès sur le long terme. De plus, votre initiative sera mal vue si l’entreprise connaît de graves difficultés économiques ou si vous avez déjà été augmenté dans les mois précédents.
En amont, énumérez dans un tableau vos points forts et vos points faibles
Il n’y a pas de place pour l’improvisation…
Il faut vous préparer comme vous le feriez pour la négociation d’un contrat. En amont, énumérez dans un tableau vos points forts et vos points faibles. Il est également important de définir votre rôle au sein de l’entreprise, mais aussi d’identifier les éléments visibles par votre manager quant à vos résultats ou vos prises d’initiative. Informez-vous sur la situation financière de votre employeur : cela vous permettra de négocier un salaire en adéquation avec le contexte de l’entreprise. Mettez également en avant votre positionnement : il importe de faire valoir votre évolution professionnelle dans la société et de montrer que vous connaissez votre valeur sur le marché du travail.
Quelle attitude adopter le jour J ?
Restez respectueux et professionnel. Ne faites pas de chantage à votre employeur et évitez la comparaison avec le salaire de vos collègues : non seulement vous risquez de braquer votre interlocuteur, mais vous perdrez en crédibilité. Assurez-vous que vos émotions ne prennent pas le dessus. Exprimez clairement vos attentes, mais n’affichez pas de montant démesuré : l’augmentation souhaitée doit être réaliste.
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Et si la demande est rejetée ?
Ne vivez pas cette décision comme un échec. Il se peut que votre employeur juge votre demande recevable, mais qu’il ne puisse y répondre favorablement immédiatement. Dans ce cas, convenez d’un délai pour relancer la négociation. Profitez de l’occasion pour demander des avantages en nature, comme une voiture de fonction, une carte d’abonnement au train, un vélo électrique ou encore un ordinateur.