“Je ne veux pas avoir le même style que mon voisin”: au Salon de la friperie, qui a lieu ce week-end aux Puces du Canal de Lyon à Villeurbanne, plusieurs centaines d’amateurs de seconde main sont en quête du vêtement rare, tout en se revendiquant “écolo”.
Océane Loukanta est arrivée dès l’ouverture samedi, armée d’un énorme tote-bag prêt à être rempli.
C’est une habituée des friperies depuis qu’elle s’est retrouvée à une soirée portant la même robe qu’une de ses amies, achetée dans une grande enseigne de fast fashion.
“Maintenant je ne vais plus qu’en friperie, comme ça je suis sûre de ne pas acheter quelque chose que tout le monde aura”, confie la jeune femme de 27 ans à l’AFP.
“Ici, on s’habille avec des pièces uniques”, confirme Léa Ecouffier, 21 ans, qui tient une boutique à l’entrée du grand chapiteau bleu sous lequel une cinquantaine d’exposants sont réunis.
“Parce que même si on est de plus en plus à adopter ce mode de consommation, ça reste une façon singulière d’exprimer son style dans un monde où tout le monde s’habille pareil”, ajoute-t-elle, verre de vin chaud en main.
“Depuis 25 ans, il y a une tendance très forte à la croissance du marché du vêtement d’occasion”, atteste Marie Vincent, coordinatrice du salon.
“Il y a eu un gros boom sur les cinq dernières années: sept personnes sur dix disent acheter des vêtements d’occasion et le secteur représentait sept milliards d’euros en 2021”, illustre l’organisatrice de l’événement, où 5.700 visiteurs sont attendue.
Fond musical d’ambiance des années 1980, vêtements vintage, lunettes, vinyles, photos rétro, chaussures old school, foulards, chapeaux, sacs, bijoux…
“J’ai toujours adoré chiner et au fur et à mesure que mon armoire se remplissait et que mes goûts changeaient, je vendais”, raconte Saskia Boquet, exposante et cliente de 28 ans, qui a “fait une affaire” en dénichant un t-shirt de la marque de luxe Yves Saint Laurent pour 15 euros.
– “Donner une nouvelle vie” –
Laure Hervieu, 58 ans, est commerçante dans la seconde main depuis 20 ans, “pour proposer une alternative à la consommation” et “faire concurrence à la fast fashion”, le tout en “étant éco-responsable”.
“On veut des pièces qui ont une histoire, auxquelles on peut donner une nouvelle vie, qui sont de bonne qualité et qui ne seront pas complètement déformées au bout de deux lavages”, énumère-t-elle.
Paul Couvé-Bonnaire, 24 ans, partage cet avis. “J’essaye d’acheter de moins en moins de vêtements neufs, je préfère les pièces anciennes mais résistantes car, au moment où je voudrais m’en séparer, ça pourra profiter à d’autres”, met en avant cet alternant dans une agence de tourisme, qui espère que le salon convertira de nouvelles personnes à cette tendance.
C’est le cas de Morgane Leblanc, 33 ans. “Ça faisait un bout de temps que je devais faire du shopping pour renouveler ma garde robe”, explique cette consultante manager.
“Je pensais aller comme d’habitude dans un grand centre commercial mais en lisant ce matin les programmes des candidats, je me suis décidée à voter” pour un programme écologiste, raconte-t-elle.
“Du coup, je me suis dis +il faut pas que tu ailles chez H&M, il faut que tu ailles en fripe, comme ça tu trouveras un vêtement écolo!+”, conclut la Lyonnaise devant le miroir d’une boutique, en plein essayage.
Bien que “le neuf reste dominant pour le moment”, a nuancé auprès de l’AFP le spécialiste Joan Le Goff, co-auteur du livre “La Nouvelle jeunesse de l’occasion” avec Faouzi Bensebaa, 70% des Français déclarait avoir acheté des vêtements d’occasion en 2021, contre 30% en 2018 et moitié moins en 2010, selon une étude de l’Institut Français de la Mode (IFM).
Un élan qui devrait se poursuivre, puisque d’après la plateforme américaine de consignation et de friperie “ThreadUp”, le marché de la seconde main sera plus lourd que celui de la fast fashion en 2028.
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