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Le début d’année a sonné les fins des aides à la pompe pour les professionnels du transport. Ils espèrent que les négociations en cours aboutiront rapidement à des mesures de soutien, rappelant que "sans transport, pas d'économie". Chaque année, les routiers transportent en effet 27,63 tonnes de marchandises… par Français!
Vous n’avez pu que vous en rendre compte: depuis le 1er janvier, s’en est fini des aides à la pompe et le prix de certains carburants frise de nouveau les deux euros par litre. Côté particuliers, une indemnité de cent euros reste tout de même possible pour les travailleurs les plus modestes. Côté professionnels en revanche, pas de dispositif de remplacement. En tout cas pour le moment.
“On ne veut pas crier au loup“, commence Jean-Marc Montagnac, secrétaire général de l’Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE) Paca, le syndicat des transporteurs basé à La Farlède. Les organisations professionnelles sont en effet en cours de négociation avec le gouvernement. Mais en attendant que celles-ci aboutissent, peut-être mi-janvier, l’inquiétude demeure. Au point de craindre des défaillances d’entreprises d’ici à septembre 2023.
“On en a déjà eu“, assure le responsable, soulignant que “sans transport, pas d’économie!“. Avec un carburant vendu à prix d’or, alors qu’il représente au minimum 30% des budgets des transporteurs, le danger est grand.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ces professionnels bénéficient depuis 2008 d’une indexation du prix du carburant, dont ils peuvent répercuter les hausses sur les factures de leurs clients.
Cependant, à l’heure des augmentations brutales et importantes, ce dispositif ne peut répondre à l’urgence, les retours étant étalés sur quarante-cinq ou soixante jours. Et puis, ajoute Jean-Marc Montagnac, “les donneurs d’ordre ne sont pas toujours très disposés à appliquer ce dispositif légal et tentent de couper la poire en deux“. Résultat: les transporteurs sont obligés de piocher dans leur trésorerie.
D’autant plus que le carburant n’est pas la seule variable: “Il y a aussi l’entretien, les pièces détachées, les péages, les charges sociales…” Ce qu’attendent les professionnels, c’est donc “des mesures de soutien décorrélées de la question du gasoil“. “Une aide par véhicule, détaille le secrétaire général de l’OTRE, de 300 à 1.300 euros selon les camions, versée en une fois.“
“Nous avons bon espoir, croise-t-il les doigts. Surtout pour les plus petites entreprises qui ont un, deux, trois camions, qui souffrent énormément, notamment parce qu’ils n’ont pas la même force que de plus grosses structures pour négocier avec leurs clients. Ce sont eux qu’il faut aider en priorité.“
Gros ou petits, les transporteurs espèrent être fixés lors des vœux de leur organisation, le 18 janvier prochain, et pouvoir ainsi souhaiter une bonne année 2023 à leur profession.
À peine quatorze camions et tout juste dix salariés en CDI, en plus de deux en CDD lorsque le besoin se fait sentir. Les transports Rastègue, du nom d’Hervé leur patron, sont une petite structure du transport varois, installée dans la ZAC de Nicopolis à Brignoles. Spécialisée depuis trois générations dans le transport de vin en citerne dans un triangle entre Nice, Montpellier et Bollène, à la frontière du Vaucluse avec la Drôme, l’entreprise profite d’une niche et de non-concurrence. Ce qui permet à son gérant de rester serein dans une situation pourtant inquiétante.
“Je ne suis pas le plus malheureux“, estime Hervé Rastègue. N’empêche que depuis un an, il a bien été obligé d’utiliser le dispositif légal d’indexation du carburant. “Je ne le faisais pas auparavant, mais là, l’impact est énorme.” Le routier décrit un budget carburant passé de 35.000/40.000 euros par mois à 55.000/60.000 euros. Une augmentation de l’ordre de 50% qui, malgré l’indexation n’est pas répercutée à la même hauteur. “Ça a un impact sur les marges qui sont de plus en plus étroites…“
Le gasoil et le reste
“Ce qui est vraiment pénalisant, c’est la trésorerie“, confirme Olivier Riandée, président de l’OTRE Paca et patron de Provence distribution logistique, un poids lourd du secteur dans le Var, avec plus de cent camions et près de cent cinquante salariés. Parce que “le problème, ce n’est pas que le gasoil“: “Tous les coûts de revient augmentent de 8 ou 9%. Je suis obligé de les répercuter sur les clients, mais pour eux ça ne passe plus non plus!“
Des difficultés qui se cumulent au point de mettre en péril l’activité de ces transporteurs? Olivier Riandée et Hervé Rastègue ne voient pas le tableau aussi noir. Même si, lance le premier, “à force de subir on devient fou!“. Et le second d’expliquer: “Aujourd’hui, la difficulté est surtout morale. Les gens se sont rendu compte pendant le Covid de l’importance des transporteurs, mais ça a été un feu de paille. Depuis, on est redevenu la dernière roue du carrosse.“
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