La Bourse de Paris s’installe dans le rouge dans un marché qui reste focalisé sur la politique monétaire des banques centrales. La BCE et la Banque d’Angleterre devraient emboîter le pas de la Fed en relevant leurs taux directeurs de 50 points de base.
Par John Wiburg
Exit les 6.700 points ! La Bourse de Paris poursuit son recul à l’approche de la décision monétaire de la Banque centrale européenne. La première réduction de l’ampleur des hausses des taux de la Fed depuis juin est par ailleurs contrebalancée par la perspective d’une inflation durable aux Etats-Unis, même si la tendance est au ralentissement.
A mi-séance, le Cac 40 perd 1,04% à 6.660,70 points, le rebond de mardi consécutif aux bons chiffres de l’inflation de novembre outre-Atlantique est désormais effacé. Le volume d’affaires reste limité à 835 millions d’euros. Les contrats futures sur indices américains perdent entre 0,7% et 1,3%.
La Fed a, comme prévu, annoncé un relèvement de 50 points de base de ses taux directeurs dans une fourchette de 4,25% à 4,5%. La banque centrale américaine a également indiqué que le rythme des resserrements allait ralentir, tout en tablant sur un taux des Fed funds à 5,1% fin 2023, contre 4,6% prévu en septembre, selon l’estimation médiane des membres du FOMC (dot plot), qui serait un niveau inédit depuis la crise de 2007, et à 4,1% fin 2024, un taux supérieur de 1% aux anticipations pré-FOMC.
Jerome Powell a annoncé que d’autres hausses suivront l’an prochain, même en cas de récession, ajoutant que le coût pour l’économie pourrait être encore plus élevé si la banque centrale ne se montre pas ferme face à l’inflation. Les nouvelles projections économiques ont également surpris, avec une inflation « core » estimée à 3,5% fin 2023, contre 3,1% précédemment et une croissance du PIB limitée à 0,5% l’an prochain, contre 1,2% auparavant et un taux de chômage revu de 4,4% à 4,6%.
Le mélange de sombres prédictions et d’un ralentissement de la hausse des taux d’intérêt génère forcément de la frustration. Ainsi, « soit vous pensez que l’orientation de la politique monétaire n’est pas assez restrictive, soit vous estimez qu’elle est suffisamment proche du but pour qu’une hausse [de 25 points de base] soit sur la table pour février », pointe Steve Blitz, de TS Lombard, mais « vous ne pouvez pas penser les deux », tranche-t-il.
La Banque d’Angleterre et la BCE s’apprêtent à annoncer leur décision monétaire et, là encore, une hausse des taux de 50 points de base, à 3,5% pour le repo britannique et à 2% pour le taux de dépôt dans la zone euro, est attendue. « Mais même si la BCE ralentit le rythme de ses hausses des taux, elle maintiendra une stratégie hawkish dans la mesure où la BCE ne veut pas que le marché interprète des relèvements de moindre ampleur comme signifiant un taux terminal plus bas ou des baisses de taux plus proches », préviennent les stratégistes de Deutsche Bank, dont Jim Reid.
Christine Lagarde entamera sa conférence de presse à 14h45. Les prévisions économiques devraient être abaissées et celles concernant l’inflation relevées. La présidente de la BCE pourrait également fournir un calendrier concernant le resserrement quantitatif, ce qui serait une bonne chose. Et si tout se passe bien, la hausse de l’euro qui en découlerait « pourrait permettre de maîtriser une partie des pressions inflationnistes, ce qui rendrait les coûts des matières premières et de l’énergie plus abordables pour les entreprises et les foyers européens », prédit Ipek Ozkardeskaya.
Le secteur du luxe est généralement en baisse, affaibli par la flambée des contaminations au Covid-19 à Pékin, ainsi que par la forte baisse des ventes au détail en Chine. LVMH perd 1,8%, Hermès 2,1% et Kering 4,4%. JPMorgan a abaissé son objectif de cours sur la maison mère de Gucci de 690 à 620 euros.
Même tendance pour les valeurs technologiques, sensibles à l’évolution des taux d’intérêt. STMicroelectronics baisse de 2,6% et Worldline de 4,6%.
BioMérieux prend 1,3%. Le spécialiste des diagnostics in vitro a annoncé relever ses perspectives 2022 et la version préliminaire de ses perspectives de résultats pour 2023.
John Wiburg
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