Par Johan Fabin
Depuis 7 ans, le prévenu et sa victime forment un couple tumultueux, marqué par les séparations, les insultes et les violences. Pacsé, parents d’un enfant, mais toujours amoureux, ils ont tenté d’apaiser le quotidien en prenant chacun leur appartement. Ce qui n’a rien arrangé.
À la barre, il acquiesce d’un mouvement de tête et avoue : « Oui, c’est bien moi qui lui ai envoyé plus d’une centaine de messages électroniques humiliants, insultants et menaçants ». Ainsi que des dizaines de messages par jour lui remémore la juge, « où vous la traitez de pute, de garce, où vous lui affirmez qu’elle ne sait pas élever votre enfant et espérez qu’elle se crève les yeux ». Mille et une méchancetés qui ont eu raison de la santé de la jeune femme : « Des certificats médicaux signalent des troubles anxieux et un état psychologique altéré nécessitant une prise en charge » « Ma santé n’était pas bonne non plus, se justifie le prévenu. Je venais de me faire agresser, de perdre mon travail et de voir ma saison de vélo interrompue. Je n’avais pas besoin de conflits conjugaux en plus. Et puis je veux bien prendre ma part de responsabilité, mais ça va dans les deux sens ». « Tout le monde rencontre des hauts et des bas dans son couple, pourquoi en arriver là ? » l’interroge la magistrate. « C’est un tout, j’ai entendu certaines choses qui m’ont fait dérailler. Je ne peux pas tout accepter de mon ex-compagne, qu’elle me traite de père irresponsable et affirme que je consomme de la drogue dure ». « Il n’y avait pas moyen de faire autrement ? » « Je m’étais séparé d’elle pour éviter cela ».
Au milieu, l’enfant a vu, entendu, subi… « Mon fils es
Invitée à s’exprimer, son ex-compagne le consent : leur relation est toxique. « Si je suis venue au tribunal, c’est pour qu’il comprenne que ce qu’il m’a imposé ne se fait pas. Mais j’ai l’espoir qu’il change, que ça fonctionne entre nous s’il est accompagné. Il a deux côtés extrêmes, l’un où il est très gentil, l’autre où il peut être violent ».
Au casier du prévenu, deux condamnations dont une pour homicide involontaire commis sous l’emprise de l’alcool.
Maître Morardet-Vallet se félicite que le prévenu fasse ses excuses à sa cliente : « Nous sommes dans un dossier atypique où il y a une relation toxique mais deux personnes qui ne parviennent pas à tirer un trait dessus. Le prévenu est immature, irresponsable et le maître mot de ce dossier est la violence, celle des mots et du comportement. Il doit comprendre ce que ses actes provoquent sur sa victime »
La procureure Mauboussin est moins indulgente : « Il s’acharne sur madame en dépit du bon sens et des interdictions. La toxicité du couple est liée à sa personnalité, des mains courantes ont été déposées contre lui par une coiffeuse, la patiente d’une salle d’attente, un automobiliste. C’est un individu agressif, malsain et ça me met en colère de l’entendre dire que son fils est dur. Qui est dur ? C’est vous ! Dans les réponses de votre victime, il n’y a pas une insulte ! Ce couple ne doit plus vivre ensemble, l’enfant en a besoin » Elle demande 12 mois de prison avec sursis probatoire deux ans, obligation de travail, de soins et interdiction d’entrer en contact avec la victime.
Le tribunal opte pour neuf mois avec sursis probatoire deux ans et notamment des obligations de travail et de soin.