Écrit par Tracy Heindrichs
Publié à 13:00
Un des problèmes qu’InfoMann rencontre au quotidien est que les hommes attendent souvent trop longtemps avant de reconnaître et d’accepter qu’ils ont besoin d’aide. (Photo: Shutterstock)
Depuis dix ans, InfoMann aide les hommes qui ont besoin d’informations, de soutien ou de consultations psychologiques. Delano s’est entretenu avec Francis Spautz et Alex Carneiro d’InfoMann, les représentants de l’association luxembourgeoise.
La lutte pour l’égalité des sexes a connu de nombreux progrès grâce aux travaux féministes des dernières décennies, mais il reste encore beaucoup à faire, déclare Francis Spautz. Ce psychologue de formation dirige le service, qui apporte aide, soutien et information aux hommes en situation de détresse aiguë. Cela prend la forme de consultations lors desquelles «toute personne qui s’identifie comme un homme et qui est dans le besoin peut venir».
Francis Spautz, Responsable du service, InfoMann asbl
En effet, alors que les femmes et les personnes qui ne se conforment pas au système binaire ont pu découvrir des modèles d’être non conformes, les hommes ne connaissent pas forcément des modes alternatifs et sains d’exploration de leur potentiel, explique Alex Carneiro.
Environ 200 hommes en détresse se rendent chaque année dans cette organisation subventionnée par l’État: certains n’y viennent qu’une fois, d’autres plusieurs, et certains reviennent tous les deux ans pour un complément.
«Les hommes qui viennent ici sont vraiment dans une situation d’urgence aiguë: ils se battent à la maison, ont des menaces de divorce qui planent au-dessus de leur tête, ou sont victimes d’intimidation sur leur lieu de travail. Ou bien ils sont vulnérables sur le plan socio-économique et se sentent vulnérables dans leur environnement», explique le responsable du service.
Un des problèmes qu’InfoMann rencontre dans son travail est que les hommes attendent souvent trop longtemps avant de reconnaître et d’accepter qu’ils ont besoin d’aide. Mais lorsqu’ils entrent en contact avec InfoMann – parfois à la demande d’un ancien patient –, ils apprennent à exprimer leurs besoins et leurs émotions, «clairement, calmement, avec respect», indique Francis Spautz.
En aucun cas, l’association ne souhaite faire passer le bien-être des hommes avant celui des femmes. «Les hommes ne devraient pas lutter contre l’émancipation des femmes», insiste Francis Spautz, «ils devraient travailler à leur propre émancipation et aller au-delà des idées traditionnelles de la masculinité, comme “serrer les dents”, “rester fort”, etc.»
Francis Spautz, Chef de service, InfoMann asbl
L’une des missions de l’association est donc de montrer qu’il est possible de ne pas être d’accord avec quelqu’un et de défendre sa position, mais qu’il ne s’agit pas de rabaisser l’autre ou de verser dans la colère. L’autre mission est d’aider les hommes à se libérer des idées préconçues sur ce qu’ils devraient être.
Le fait que des milieux socio-économiques et culturels différents aient des attentes différentes pour les hommes signifie qu’il n’y a pas une seule façon de se libérer des idéologies.
Les psychologues et les pédagogues d’InfoMann abordent donc cette question en fournissant des outils: «Il ne s’agit pas de soutenir les hommes contre les femmes, il s’agit de leurs propres attitudes. Nous travaillons avec eux pour découvrir le potentiel qu’ils peuvent explorer de manière constructive, collective, créative et sans violence.»
En dehors des consultations, InfoMann travaille aussi en abordant le sujet avec des adolescents ou de jeunes hommes, le tout par le biais d’ateliers éducatifs et en informant le personnel enseignant et les éducateurs.
L’approche est ici plus pédagogique et ludique, mais aborde toujours des sujets comme la violence – contre les hommes et les femmes – ainsi que la compréhension du contenu des médias. Avec les jeunes, InfoMann s’attache à les aider à identifier et à comprendre leurs propres limites et celles des autres, explique Alex Carneiro qui a mis au point ce contenu éducatif.
Mais il ne suffit pas de compter sur les jeunes générations pour entreprendre des changements, déclare encore Francis Spautz: «Il y a encore beaucoup de marge pour améliorer les choses. Je ne sais pas s’il suffit de miser sur les jeunes générations et de s’attendre à ce que les genres soient égaux dans les deux prochaines générations.»
«Il n’y a pas qu’un seul modèle de ce que doit être un homme», ajoute-t-il. Si InfoMann se concentre actuellement sur l’aide aux hommes en situation de crise, elle se dit prête à créer des ateliers pour l’environnement professionnel également. En attendant, l’équipe de sept personnes envisage d’ouvrir deux antennes – une dans le nord et une dans le sud du Luxembourg – pour compléter l’offre de son siège de Bonnevoie.
Les hommes qui sentent qu’ils ont besoin d’aide peuvent contacter l’association via son site internet.
Cet article a été rédigé par Delano en anglais, traduit et édité par Paperjam en français.
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