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Après en avoir créé l’antenne varoise, Christine Villelongue vient d’être nommée présidente nationale de "France dépression", qui vient en aide aux malades et à leur entourage.
La dépression ? Parlons-en ! Le simple fait d’évoquer ce mot suscite des réactions.
À chacun la sienne, pourrait-on dire, tellement le sujet est vaste, mais encore trop souvent considéré comme “tabou”. Beaucoup y sont confrontés, mais peu arrivent à la nommer.
Ce mal-être dévastateur qui vous submerge et vous fait sombrer – au point de ne plus pouvoir sortir du lit pour certains – est devenu un véritable problème de santé publique aujourd’hui.
Nommée présidente nationale de l’association “France dépression” à Nancy (1) début octobre après avoir créé l’antenne varoise en 2021, la Dracénoise Christine Villelongue en est convaincue : “La dépression (2) est une maladie qui se développe à vitesse grand V. Un sujet qui va évoluer et sur lequel il faut se pencher. Selon les chiffres de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), en 2026, une personne sur 6 pourrait être touchée” déclare-t-elle avant de se livrer sur son parcours professionnel… Et sa vocation.
À 57 ans, cette femme à la force tranquille, ancien personnel de surveillance dans l’administration pénitentiaire et retraitée depuis le confinement, consacre désormais une grande partie de son temps aux personnes chez qui la détresse psychologique s’est invitée… Sans prévenir.
Aurait-elle été touchée par ce fléau ?
“Pas à titre personnel, mais débloquer une situation psychologique auprès de mes proches, de mes collègues, j’ai toujours été sensible à ça. L’avenir est sombre, le monde est violent, agressif. Dans le cadre de mon travail, j’ai développé des formations sur la gestion du stress et des conflits qui touchaient le personnel” poursuit-elle.
La France se situerait en effet au 3e rang des pays recensant le plus grand nombre de dépressions liées au travail (source OMS).
La maladie toucherait aussi près d’une personne sur 5 au cours de sa vie, et concernerait 3 millions de Français, d’après une étude de 2021.
La crise sanitaire a fait exploser les chiffres : solitude, isolement, perte d’emploi, entreprises en difficulté… Les confinements successifs ont été lourds de conséquences. Les cas d’anxiété et de dépression ont augmenté de 25 % dans le monde en raison de la pandémie de COVID-19.
La santé mentale des Français s’est donc considérablement dégradée.
“Pendant cette période, je me suis demandée ce que je pouvais apporter à la société, ce que je pouvais laisser de moi, se souvient Christine Villelongue. J’ai tapé le mot “dépression” sur Internet et j’ai créé l’antenne varoise, avec trois lieux d’écoute dans le département” .
Elle lance parallèlement son auto-entreprise en coaching et développement personnel, et poursuit ses formations auprès du personnel de l’administration pénitentiaire dans toute la région PACA.
“Aider les autres, c’est mon moteur, confie avec un large sourire celle qui est aussi maman de deux filles, c’est dans mon ADN, je ne peux pas rester centrée sur moi”.
“Et puis en faisant du bien aux autres, on se fait du bien à soi”.
La capacité d’écoute n’étant pas donnée à tout le monde, l’association est toujours à la recherche de bénévoles. Mais nul besoin d’être “un écoutant” pour apporter son soutien :
“Il n’y a pas de conseil à apporter aux personnes qui sombrent dans la dépression, il faut les laisser parler, les orienter en respectant leur avis, et ne pas être dans le jugement, cela permet aux malades de s’ouvrir et de se confier”.
Bienveillance, attention, soutien et écoute sont donc les maîtres mots.
Et de conclure: “La dépression est un sujet qui touche l’humain, le mal-être, la vie des gens, ça doit être pris en compte et développé. Ma mission est de convaincre les politiques et les acteurs de santé publique qu’ensemble, on peut y arriver”.
(1) Christine Villelongue a été nommée présidente de l’association lors du congrès national de France Dépression qui s’est tenu les 7, 8 et 9 octobre à Nancy et où ont été célébrés les 30 ans de la structure.
(2) La dépression (ou trouble dépressif) est une maladie psychique fréquente qui, par ses troubles de l’humeur, perturbe fortement la vie quotidienne.
L’association France Dépression lutte contre la dépression et les troubles bipolaires. Avec son slogan “Une écoute, un sourire, une force”, la structure est présente dans de nombreuses régions.
Elle a pour but de soutenir les malades ainsi que leur entourage, et d’informer sur l’évolution des traitements.
Depuis la crise sanitaire, les écoutes téléphoniques ont augmenté et six nouvelles antennes ont ouvert leurs portes en France. Également présidente de l’antenne varoise, Christine Villelongue en présente les missions et enjeux.
Vous êtes “écoutante nationale”, quel est votre rôle ?
C’est d’être à l’écoute et de diriger les malades vers les professionnels de santé, ou de maintenir les liens déjà créés avec ces derniers. Nous sommes complémentaires d’une aide médicale. Dans le Var, nous travaillons avec le soutien de l’hôpital intercommunal de Fréjus Saint-Raphaël. Nous mettons aussi en place des groupes de parole, pour les malades et les aidants.
Combien de temps dure une dépression?
Elle peut durer en moyenne trois ans, tout dépend des ressources de la personne, de son environnement et de sa situation personnelle. C‘est une vraie maladie !
Le sujet est-il toujours tabou?
Oui. On ne dit pas “je souffre d’un cancer” comme on dit “je souffre d’une dépression”. Il y a encore une honte à dire “je suis bipolaire”, les gens le cachent plus qu’ils ne le verbalisent. Il y a aussi cette crainte de dire ” je ne suis pas à la hauteur” .
Paradoxalement, la maladie touche toutes les catégories d’âges et de personnes, de plus en plus de chefs d’entreprise me disent “ça ne peut pas m’arriver à moi, je perds pied”. Les personnes touchées par la dépression ont tendance à culpabiliser. On les rassure en leur disant “qu’ils ne sont pas fragiles, c’est la maladie qui les fragilise.”
Les thérapies sont-elles toujours efficaces ?
Quel que soit le mode d’accompagnement, c’est positif et complémentaire. Bouger fait aussi beaucoup de bien au moral. Ça peut aider pour la rémission de la maladie.
Où en est la prise en charge?
Les séances de psychothérapie remboursées par l’État ne sont pas suffisantes, il reste beaucoup à faire en France. Les hôpitaux et les services de psychiatrie saturent et sont démunis. Des choses se mettent en place néanmoins. Des Comités locaux de santé (CLS) voient le jour dans les villes comme à Draguignan où la santé mentale fait déjà partie des priorités.
Avez-vous déjà ressenti un sentiment d’échec?
Il y a des jours où on a plus de satisfactions que d’autres. Je n’évalue pas mes journées avec les fleurs que j’ai cueillies… Mais avec les graines que j’ai semées.
Les permanences de France Dépression ont lieu :
– À Draguignan :
Tous les 15 jours, les vendredis, de 14 heures à 17 heures au club Léo Lagrange, bd des Fleurs (Gare routière). Sur rendez-vous.
-À Saint-Raphaël :
Tous les vendredis de 14 heures à 17 heures à la Maison des associations. Sans rendez-vous.
– À Hyères :
Tous les 3e jeudis du mois, au Point d’accès au Droit. Sur rendez-vous.
-Les prises de rendez-vous se font par mail à l’adresse suivante : francedepressionvar@gmail.com
Numéro d’appel d’urgence : 07 84 96 88 28
Du lundi au vendredi, de 9 heures à 12 heures et de 14 heures à 20 heures.
Le week-end de 14 heures à 20 heures.
Page Facebook : France Dépression Var
Site Internet : francedepression.fr
Par ailleurs, un loto géant est organisé au profit de France Dépression le samedi 12 novembre à 20 heures au Complexe Saint-Exupéry à Draguignan.
Ouverture des portes à 17 h 30
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