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[Edito] Vu tantôt comme un espoir et tantôt comme une menace, l’agrivoltaïsme s’installe indéniablement dans nos campagnes, à la faveur du développement des énergies renouvelables. Certains y voient un rempart face au changement climatique, d’autres une concurrence avec la production agricole.
A la différence du photovoltaïsme, qui consiste à installer des panneaux solaires sur les toits de bâtiments existants, les panneaux agrivoltaïques sont érigés au sein même d’une parcelle agricole. La définition de l’agrivoltaïsme, proposée par l’Agence de la transition écologique (Ademe), repose sur la notion de synergie entre production agricole et production photovoltaïque sur une même parcelle. Tout en produisant de l’énergie, les panneaux doivent apporter un avantage à la production agricole : protection contre le gel, la grêle, les coups de chaleur, ombre pour les animaux, etc. Grâce à l’intelligence artificielle, les panneaux peuvent être orientés en fonction des besoins physiologiques des plantes et non uniquement pour maximiser la production d’électricité. Les résultats d’expérimentations ont montré des écarts de températures significatifs entre des vergers témoins et des vergers sous panneaux, amortissant ainsi les températures caniculaires l’été ou les coups de froid l’hiver, et permettant aussi des économies d’eau.
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Alors que la France est en retard sur les objectifs de développement des énergies renouvelables fixés par l’Europe, Emmanuel Macron souhaite accélérer les projets d’énergie solaire, un secteur qui ne représente aujourd’hui que 4% des énergies renouvelables en France. Le secteur agricole produit 13% de l’énergie photovoltaïque au niveau national, avec 50 000 exploitations équipées.
Les promesses de l’agrivoltaïsme, en combinant production d’électricité sur de larges surfaces et protection des cultures face aux aléas climatiques, a de quoi faire rêver. Mais attention aux dérives possibles. « La stricte priorité doit demeurer l’installation d’agriculteurs et non de panneaux solaires », alerte le syndicat Jeunes Agriculteurs, qui demande un moratoire sur l’agrivoltaïsme en France. « Le risque porte en effet sur un phénomène de spéculation et de détournement de la vocation nourricière des fermes dans un contexte démographique inédit ». Les installations photovoltaïques doivent être installées en priorité sur les terres déjà artificialisées, notamment les terrains pollués, les toitures, les couvertures de parkings, plaide le syndicat.
Même son de cloche pour la Confédération paysanne, qui considère que les toitures et les espaces artificialisés sont largement suffisants pour répondre à la demande d’électricité renouvelable, et qui voit dans l’agrivoltaïsme « une notion marketing qui vise à légitimer un opportunisme foncier et financier dans un contexte économique et climatique difficile à supporter pour le monde paysan ».
Afin de mettre en place des garde-fous, Emmanuel Macron a annoncé que le gouvernement déposera au sujet de l’agrivoltaïsme un amendement au projet de loi sur l’accélération des énergies renouvelables. Celui-ci doit être présenté le 26 septembre en Conseil des ministres avant d’être débattu au Parlement fin octobre-début novembre. Objectif : faire en sorte que l’agrivoltaïsme reste au service de la production agricole, afin d’éviter que la production d’électricité ne se substitue à la production alimentaire.
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