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Dans la province afghane du Logar, un site archéologique datant du IIIe siècle est menacé par une entreprise minière chinoise. Les autorités afghanes ont laissé jusqu’au 25 décembre 2012 aux archéologues pour continuer leurs fouilles. Après, il sera détruit pour laisser la place à l’exploitation du cuivre. Mais les équipes espèrent un délai supplémentaire.
De notre correspondant à Kaboul
C’est un peu l’histoire du pot de terre contre le pot de fer à la mode afghane. Celle d’intérêts divergents qui s’affrontent sur le même site. D’un côté, un patrimoine historique inestimable. De l’autre, une ressource financière importante qu’espère un pays.
L’affaire commence en 2008 quand une entreprise chinoise, la China Metallurgical Corporation, signe un contrat avec l’Etat afghan. A la clé, l’extraction de cuivre pour 100 milliards de dollars. Une part non négligeable reviendra sous forme de droit à l’Afghanistan, indispensable dans un pays dont plus de 90% du budget est composé de donations de la communauté internationale.
L’Afghanistan se met à rêver de formidables recettes car son sous-sol regorge de ressources inexploitées. Sauf qu’avant de débuter l’extraction, un chantier de fouilles est lancé. On redécouvre une ancienne cité bouddhiste du IIIe siècle.
Trois années de fouilles
Le ministère afghan des Mines concède trois ans aux archéologues pour travailler sur ces vestiges. « C’est un site exceptionnel que l’on connaissait déjà », raconte Nicolas Engel, directeur adjoint de la délégation archéologique française en Afghanistan (Dafa). L’ancienne ville de Mes Aynak est signalée dans plusieurs ouvrages des années 1960. Les habitants aussi avait conscience des trésors enfouis car les pillages étaient monnaie-courante », relate l’archéologue français.
Sur place, pas moins de 600 personnes se démènent pour extraire le plus vite possible les objets les plus précieux. Mes Aynak fourmille de trésors. Céramiques, statues de Bouddha, objets en tout genre se ramasse par milliers. « Nous réalisons aussi des photographies du site. Vu du ciel, en 3D… toutes les techniques sont utilisées », explique Philippe Marquis lors de la visite qu’il conduit, un béret basque sur la tête.
Priés de laisser la place à la mine
Il y a cependant urgence : après trois ans d’exploration, le ministère afghan des Mines a fixé la date de la fin des fouilles au 25 décembre 2012. « Il nous faut plus de temps », s’insurge Javed Mossedzadeh, le responsable du projet archéologique à Mes Aynak au look de play-boy. « Si nous avions la possibilité, nous pourrions encore travailler 10 ans de plus », renchéri un archéologue britannique présent sur le site depuis 6 mois.
Lui et ses collègues ont cependant l’espoir de pouvoir poursuivre le chantier. Plusieurs indices le laisse penser : ils n’ont pas de nouvelle du ministère et le campement chinois est quasiment vide. « Je pense qu’on aura la possibilité de travailler bien au-delà du 25 décembre », estime Philippe Marquis, « car un projet industriel de cette ampleur prend du temps ». Mesuré, le directeur de la Dafa ne voit pas d’opposition dans les deux projets. Les archéologues travaillent toujours avec des contraintes, se plaît-il à rappeler « et si ce n’est pas par une mine, le site sera menacé par les pillages et les facteurs naturels ».
L’opinion afghane et internationale a été alertée. Relayée dans la presse, la destruction de Mes Aynak a soulevé l’indignation de certaines communautés bouddhistes en Asie. Mais les premiers défenseurs sont devenus les employés du chantier de fouilles qui perdront leur emploi quand le site sera détruit. Une destruction inéluctable qui fera disparaître, à tout jamais, une partie de l’histoire de l’Afghanistan.
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