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Aelpeacha : Interview – MusiK Please


THE Rappeur de la West Coast française ne s’arrête jamais. Aelpeacha vient de sortir son dixième album solo, STC à Vie. Une oeuvre 100% G-Funk.
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Entretien avec un Rider comme les autres mais à l’inspiration unique (accompagné de son fidèle acolyte MSJ).
MusiK Please : Peux tu nous présenter STC (Spliff Town Concept) à Vie, le concerné étant originaire de Joinville Le Pont (94) ?
Aelpeacha : C’est mon dixième album solo et mon vingt-cinquième en production ! Cet opus contient quatorze titres sans les interludes avec des réalisations totalement Gangsta Rap. L’ambiance G-Funk ressemble à celle qui s’était dégagée dans les années 90 (Dj Quik, Daz Dillinger, Lil Half Dead…). Mais, c’est la première fois que je n’intègre pas de morceaux crades à la Above The Law. On reconnait l’ambiance de la Cote Ouest d’il y a vingt ans à chaque titre.
MP : Cet album est donc 100% West Coast, c’est d’ailleurs toi le fer de lance de ce style à la française, mais dernièrement tu as élargi tes ambiances avec du reggae notamment dans l’opus Summer Of Love (2013).
Aelpeacha : J’ai la chance de pouvoir faire ce que je veux. J’aime établir autre chose car par exemple j’ai grandi en écoutant du reggae beaucoup plus que du rap donc ça devait ressortir dans mes choix musicaux. Le Gangsta Rap c’est un style que j’affectionne évidemment mais c’est un style parmi tant d’autres. Il existe toujours mais ne se développe pas, il ne foisonne pas, cela appartient davantage aux années 90. Ce sont des cycles avec des boucles. J’en fais toujours comme c’est le cas avec STC à Vie mais je cherche d’autres sonorités, je ne suis pas arrêté. Je suis rangé dans l’étiquette West Coast mais c’est normal car j’en fais énormément et puis on a besoin de se rattacher à une étiquette, cela ne me dérange pas c’est comme ça. Je fais de la musique comme j’en ai envie et pas en fonction de mon étiquette.
https://www.youtube.com/watch?v=A91mF3mSBq8
MP : Dans STC à Vie, il y a ton fidèle acolyte MSJ (ex-Yusiness).
Aelpeacha : Oui c’est la famille (Ndlr: Aelpeacha rappelle que cette expression nous vient une fois n’est pas coutume des Etats-Unis et n’est pas franco-française à ce qu’on pourrait croire). Il me suit depuis quinze ans. Lorsque je fais un album, je ne me pose même plus la question, je pense à lui environ pour un tiers des morceaux.
MSJ : on a l’habitude de travailler ensemble. Même si je suis assez ouvert, j’aime bien travailler en famille. On prépare d’ailleurs ma mixtape qui est pratiquement terminée.
MP : Sur l’album, tu reprends une interview de Mouloud (Canal Plus) et tu joues de la guitare dessus.
Aelpeacha : Dans son discours, il dézingue pas mal le rap français et je trouvais ça super intéressant qu’une personne autant exposée et aussi cultivée prenne tant de risques. J’aurais dit surement la même chose mais sous une autre forme mais cela n’aurait pas eu le même i mpact.
MP Tu as déclaré « nous sommes sortis du rap Kaïra ». Que voulais tu dire par là ?
Aelpeacha : Il n’y a rien de moins musical que le rap Kaïra et dans les années 2000, c’était très développé sans donner véritablement d’exemple précis. Le rap Kaïra a succédé à celui des années 90 (Réciprok, Alliance Ethnik…) très influencé par Snoop Dogg et Dr Dre qui contenait beaucoup de clap et de grosses basses. Ensuite, les rappeurs voulaient faire du WuTang ou du Mobb Deep mais ca n’y ressemblait pas du tout, c’était très mal fait. J’avais bien aimé le groupe TSN (Tout Simplement Noir) qui arrivait à synthétiser beaucoup de choses. Le coté « Negro Parigo », les histoires, les textes et le bon instru. Il y avait tous les ingrédients avec des codes valables pour du bon rap français. Aujourd’hui, j’écoute ce qui se fait mais personne ne m’a mis de véritable claque.
J’ai collaboré avec A2H dernièrement à l’occasion de la sortie de notre album en commun (Studio Liqueur). Je suis ouvert dans la musique, je n’ai pas de barrière et je pense pouvoir travailler avec tout le monde. Après c’est important que les deux artistes qui sont en studio s’amusent. Il doit y avoir un amusement, un kiff et avec cette règle tu peux faire de la musique avec n’importe qui.
MSJ : J’écoute beaucoup la radio mais comme Aelpeacha je ne peux donner un nom qui m’a scotché. Je m’intéresse énormément au flow (X-Men, Ministère Amer…) et je suis resté perché dans les années 90. C’est à ce moment là que ça me parlait le plus.
MP : Il y a deux ans, tu as vendu un jeu de société, La Ride (basé sur l’argot et le vocabulaire utilisé fréquemment dans ses chansons).
Aelpeacha : On a écoulé 600 jeux de société en auto prod, donc je suis très satisfait. C’est un bon score et, d’ailleurs, c’est toujours en vente même si l’effet commercial est passé. Les gens avaient senti un truc, il y avait un disque fourni avec le jeu de société. Il n’y avait pas seulement un objet tout seul, il y avait un package. De toute façon, aujourd’hui, que ce soit en major ou en indé, si tu veux vivre de ta musique, il faut des produits dérivés. Will.I.Am l’a dit il y a dix ans déjà, c’est la musique qui est devenue un produit d’appels malheureusement. Nous sommes obligés de vendre autre chose que de la musique puisque tout le monde télécharge.
En parlant de cela, Internet m’a autant servi que desservi. Le côté négatif est la vente direct de disques. Il y a dix ans, avec le CSRD (Club Splifton Réservoir Dogues), on vendait 4.000 CD dans les bacs sans passer à la radio mais on n’avait aucune emprise sur notre produit. Le côté appréciable est le lien direct avec l’auditeur. Maintenant, on peut aller dans le foyer. On vend moins de disques mais on touche plus de monde et ça je le sens dans la rue ou dans les concerts.
MP Quel est ton avis sur le rap en France ?
Aelpeacha : Les structures mentales ne sont pas présentes dans notre pays. Le rap existe ici depuis 30 ans et on a un pauvre bac rap français ! en 30 ans !! Il y a pourtant plusieurs styles musicaux dans ce domaine artistique mais on a juste un bac intitulé rap français. Alors que dans le rock, il y en a plein : Métal, Pop, Hard et aux Etats-Unis, tu as la West Coast, le Mid West, Dirty South etc…ça foisonne. En France, on n’a pas réussi à être dans le prolongement du style américain. Moi je fais du rap californien en grande partie mais je suis rangé dans la catégorie rap français. C’est dommage car on n’a pas su créer différents styles de rap français alors que la créativité est là. C’est paradoxal, triste et anormal car la France est le deuxième marché au monde dans le HipHop.
MP : Tu as collaboré avec un jeune rappeur, A2H.
Aelpeacha : On a sorti un album en commun, Studio Liqueur, et cela m’a permis de toucher un autre public. Je suis raccroché avec cette troisième génération. J’en vois de plus en plus dans la rue et dans mes concerts. J’aime bien cette nouvelle vague car ils s’en foutent. Peu importe que tu sois davantage West Coast ou East Coast, ils n’ont pas connu cette atmosphère donc ils n’y font pas attention. Et je dois bien avouer que c’est vraiment appréciable cette absence de barrière. C’est encore un problème de culture car lorsque la musique est ancrée dans le foyer français, elle le vit sans se poser de question. Du coup, les plus jeunes sont moins segmentés et peuvent donner un autre souffle. Il n’y a plus de compartiment ni de bloc.
MP : En parlant de style, tu es le grand représentant de cette West Coast française, qui est à part.
Aelpeacha : Lorsqu’on a formé le CSRD (Club Splifton et Reservoir Dogues) il y a une quinzaine d’années, notre rencontre a provoqué une certaine émulation. C’était un peu la fin de la West Coast : Tupac était mort, Snoop Dogg était transféré sur le label No Limit, Dr Dre s’était planté chez AfterMath et n’avait pas encore sorti Chronic 2001. Le jeu était fini en quelque sorte et là on créé le CSRD avec South Cide, Bass Clik, Driver etc… Notre West Coast était ressuscitée et c’était alors une deuxième boucle. Nous avions sorti des albums et des compilations West Rider 1 et 2. Mais on a été très mal accueilli par la certaine élite parisienne car on ne rentrait pas dans les codes. Quand tu as 20-23 ans, tu te fous de ne pas entrer dans le consensus. On a fait notre truc comme on le voulait et on n’a pas baissé la tête.
MSJ : Exactement, on fait ce qu’on aime sans se préoccuper de l’avis de l’autre. S’il aime bien tant mieux et si ça ne passe pas tant pis. On ne va pas se formater. Dans CSRD, j’avais totalement trouvé ma place. Entre temps, j’essaie de devenir plus perfectionniste, autrement dit, je bois moins d’alcool (rires).
MP : Ton plus grand tube c’est String Volant ?
Aelpeacha : C’est le titre qui a eu le plus de répercussion. C’est une affaire de conjoncture, un bon track, le clip qui va avec, un thème, une sonorité dans l’air du temps et l’exposition en plus. Mais si le morceau « Ya pas qu’la chatte » avait été clipé, il aurait davantage cartonné. En 2000, on avait peu de moyen et je n’avais pas encore mon studio. On devait payer l’ingénieur, la bande et le studio donc c’était bien différent. « Ya pas qu’la chatte » est celui qui marche le mieux en concert. Il est puissant surtout le refrain car même si tu ne le connais pas tu adhères. C’est un texte grivois dans la tradition française et un peu paillard. Il contient une mélodie sympa et fun. Une bonne combinaison qui permet à tout le monde de le chanter simplement. Pour l’anecdote, lorsqu’on l’a enregistré on étais dans le studio du manager de Jimi Sissoko. Ce dernier était présent ainsi qu’un chanteur de rai. Les deux ont posé sur le morceau. C’était très spontané.C’est très important pour moi la spontanéité, cela paie davantage que le travail trop carré. Tu ressens beaucoup plus de choses dans ces cas là. On le voit surtout dans le reggae (parfois les cuivres sonnent faux) mais il y a une telle intensité que ça parle tout de suite à l’auditeur.
MP : Dans tes textes, tu utilises souvent l’humour et le sexe.
Aelpeacha : Nous ne sommes pas les premiers et les seuls. Le plus grand vendeur de rap, Eminem, utilise énormément de second degré. Je suis un grand fan d’Eddy Murphy, des Nuls, des Inconnus… Mes textes reflètent tout simplement ce que je pense mais il ne faut pas prendre tout au pied de la lettre. Je ne me force pas et cela vient avec la spontanéité et l’amusement. C’est dommage parce que parfois on prend la musique pour ce qu’elle n’est pas au lieu de la prendre pour ce qu’elle est.. Les images sexuelles peuvent être utilisées à l’infini. On n’a rien inventé, il y a des périodes plus ou moins fructueuses. La vie c’est des cycles et après cela peut se régénérer.
MP : Tu as sorti 10 albums solo et 25 en prod, c’est assez impressionnant.
Aelpeacha : Je ne me considère pas comme super productif car selon moi c’est une allure de travail normale. Si on calcule, on enregistre donc deux titres par semaine, ce qui est une cadence moyenne. J’ai besoin d’être au pied du mur pour travailler. Par exemple, Laurent Voulzy, lui, met cinq ans, pour sortir un disque. Ce sont des formes de travail totalement opposées. Le problème dans le rap, c’est qu’il faut toujours un Featuring avec un nom porteur. Moi c’est l’inverse, j’écoute et je me dis que telle personne pourrait poser dessus. C’est encore une question de spontanéité. Elle existait dans l’âge d’or du rap mais elle est un peu révolue. On peut s’amuser sans faire le clown et tout en enregistrant une chanson triste.
MSJ : A propos de ma façon de travailler, j’écoute le son chez Aelpeacha, je ne m’enferme pas mais je préfère travailler avec l’instru et non dans le vide. Pour le contexte, peu importe je peux travailler dans un parc aquatique (rires) ou dans un studio.
MP : Quelles sont tes principales influences ?
Aelpeacha : J’écoute du reggae depuis tout petit bien avant d’être dans le rap. On retrouve, d’ailleurs, beaucoup cette inspiration dans l’album Ride Hivernale (2013). J’aime aussi le chanteur James Blake, je suis vraiment ouvert à tout. C’est dur de de faire une synthèse de ce que tu aimes mais c’est important de donner sa personnalité. Le vrai défi d’un artiste c’est ça : il ne faut pas partir dans n’importe quoi. Dans l’opus Summer Of Love, j’ai ouvert le jeu en en changeant mon son : faire un album de Rider sans G-Funk.
MP Quels sont tes projets pour 2015 ?
Je suis en train de réaliser un documentaire rétrospectif sur le rap des années 80 et 90. C’est la musique à travers mon regard et mon parcours. Cela me prend énormément de temps car au niveau de la vidéo, le système en est à un point où en était la musique il y a dix ans. Tout est trop lourd et trop long. Dans ce docu, j’interroge Mouloud, Olivier Cachin, Jean Pierre Seck et Fabrice Eboué que j’ai connu au lycée. Comme je l’ai dit, je n’ai aucune barrière. Je m’intéresse à développer de nouveaux concepts et différents univers. C’est dans la transformation qu’on avance.

Aelpeacha sera en concert avec A2H et Taipan au Petit Bain (Paris) le 23 Janvier 2015. Save The Date


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