L’association des jeunes sapeurs-pompiers d’Eu a tenu une après-midi de détection ce samedi 10 septembre. Neuf enfants, âgés de 12 à 14 ans, se sont présentés, en quête des cinq places disponibles.
Silence total dans une des salles de la caserne des Prés-Salés, repaire des sapeurs-pompiers de la ville d’Eu. Ils sont neuf enfants à se concentrer, sous la surveillance des formateurs, pour calculer correctement les opérations posées sur le tableau blanc. Un contrôle des aptitudes en mathématiques qui succède à une dictée afin de vérifier le niveau d’orthographe et de grammaire de ces aspirants jeunes sapeurs-pompiers (JSP). Il s’agissait des deux premières épreuves de ce recrutement, organisé samedi 10 septembre.
« Pourquoi faire du français ? », interroge Aimé, l’un des candidats. « Pour vérifier que vous vous exprimez correctement. Si vous devenez pompier, vous serez amené à rédiger des rapports, des courriers. Et on ne peut pas accepter qu’il y ait des fautes. Même chose pour les maths. Il faut savoir faire des calculs de base, pour déterminer le volume d’eau dans une pièce par exemple », répond Dylan Valdin, l’un des formateurs.
« J’étais surpris », confie plus tard le jeune Eudois, qui estime être plus à l’aise en sport. Une aisance qu’il a eu l’occasion de prouver à travers des exercices au milieu du centre de secours. « Ce sont ceux que les pompiers doivent passer chaque année », rappelle Dylan Valdin. Celui-ci explique comment bien réaliser les tâches. « Gardez le dos bien droit », dit-il pour les pompes. « Regardez bien au loin et soufflez », conseille-t-il avant de faire la chaise contre le mur.
Si le geste est mal réalisé, le formateur demande au candidat de s’arrêter. Tous tiennent à réaliser les 20 pompes ou à tenir la chaise et le gainage pendant deux minutes. Certains échouent, d’autres y parviennent malgré le corps tremblant et le visage grimaçant. « C’est tout dans la tête », les motive Dylan. Les actuels JSP jouent les supporters et se joignent à l’effort.
Le bilan sportif est plus que satisfaisant. « C’est un des meilleurs recrutements que j’ai fait », avoue le formateur. Notamment sur l’épreuve de la souplesse. « On ne faisait pas ça nous ! », se souvient l’un des pompiers. « Ils sont trop forts ! », rigole un autre. Tous pratiquent déjà un sport, comme le BMX pour Gabin, l’escrime pour Ambre, la natation pour Éloïse. Malgré ces performances, il y aura des déçus puisqu’il n’y a que cinq places disponibles dans ce groupe d’une vingtaine d’unités. Un entretien individuel avec Simon Quesnel, formateur et vice-trésorier de l’association des JSP, permettra la décision, en veillant à assurer une parité filles-garçons dans le groupe.
Autre critère qui peut influer le choix : l’âge. Les candidats ont entre 12 et 14 ans. « Pour arriver au passage obligatoire du diplôme après quatre ans de formation entre 16 et 18 ans », indique le vice-trésorier, même si ne pas l’obtenir n’empêche pas de devenir volontaire ou professionnel plus tard. Ce qui peut parfois faire pencher la balance pour un candidat plus âgé. Pour Aimé, par exemple, c’est la dernière chance. « Ça m’aiderait à rentrer dans l’armée, en m’apprenant à dépasser mes limites », pense-t-il. Un projet professionnel qu’avait déjà en tête Enzo, 15 ans, en intégrant les JSP. « J’ai l’ambition de devenir gendarme », avoue le Tréportais, tandis que son collègue Quentin a pour rêve d’intégrer les prestigieux sapeurs-pompiers de Paris.
L’Eudois a aussi été inspiré par la famille. « Voir mon frère, volontaire ici, partir en intervention, m’a donné envie », confie-t-il. Même imitation du frangin, ancien JSP, pour Flavie, qui « est rentrée dès l’âge requis pour me dépasser, aider les gens ». Une affaire de famille confirmée par les candidats : un oncle pour Liséa, un beau-père pour Louise. Tous avec l’envie d’aider les autres. « J’aime bien l’idée de pouvoir sauver des vies plus tard », résume Hugo.
Dans la Somme, les recrutements de la rentrée sont en cours mais Lionel Tabary, président de l’Association départementale des jeunes sapeurs-pompiers de la Somme (ADJSP80), espère « une stabilité avec environ 280 jeunes » afin de confirmer le rebond des effectifs depuis 2021. La pandémie de Covid-19 avait provoqué le départ de près de 60 adolescents. « On a espoir de repasser cette barre des 500 », avoue le colonel. Ces graines de pompiers samariennes sont réparties dans 26 sections, dont 10 rien qu’en Picardie Maritime (Abbeville, Rue, Friville-Escarbotin, Saint-Valery-sur-Somme, Cayeux-sur-Mer, Gamaches, Bouvaincourt-sur-Bresle, Crécy-en-Ponthieu, Oisemont et un tout nouveau regroupement entre Mers-les-Bains et Ault). « Il y a beaucoup plus de centres à l’Ouest, donc mécaniquement plus de sections JSP », explique le gradé. Ces jeunes représentent, selon lui, « la moitié des engagements volontaires, et ce depuis une dizaine d’années ».
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