« Dans sa nouvelle réforme du bac pro, Emmanuel Macron prévoit d’augmenter de moitié la durée des stages en entreprise, ce qui aboutit à déposséder nos élèves de 260 heures de cours. Déjà, depuis 2019, la formation a été amputée de dizaines d’heures d’enseignement général », s’indigne Iwan Nicolas, militant à Sud Éducation 29. La nouvelle réforme prévoit également une mise en adéquation des formations avec les bassins d’emploi. « Pas d’offres d’emploi, pas de formation, c’est très brutal », s’alarme le militant syndical.
Vent debout contre cette énième réforme qui fragilise l’enseignement professionnel, 35 enseignants du lycée Pierre-Guéguin, à Concarneau, seront en grève, ce mardi 18 octobre. Vingt enseignants du lycée professionnel, rejoints par quinze autres professeurs solidaires, issus de la filière générale et technologique, prendront la direction de Brest où se retrouveront tous les enseignants de la filière professionnelle finistérienne.
Le développement, sans discernement, de l’apprentissage sera également au cœur des récriminations. Via un communiqué, les enseignants mobilisés accusent : « Cette voie contribue à la ghettoïsation des lycées professionnels puisque ce sont les entreprises qui choisissent celles et ceux qui sont autorisés à y accéder ». Cette filière de l’apprentissage pénaliserait, selon eux, les lycées professionnels qui « sont, ainsi, chaque année, privé de davantage d’élèves motivés, entreprenants et volontaires ».
Le communiqué enfonce le clou en indiquant : « Cette primeur dans le choix des admis dans les formations par apprentissage n’est pas synonyme de réussite puisque le taux de rupture de contrats et d’abandons définitifs est aux alentours de 30 %. L’apprentissage est donc, toutes catégories, le champion du décrochage scolaire ».
En dénonçant le montant des aides versées aux employeurs accueillant un apprenti – « sept milliards d’euros dans la loi de finances de 2023, contre quatre milliards en 2021 » -, les personnels mobilisés affirment que « le coût annuel pour l’État d’un apprenti est désormais supérieur à celui d’un élève sous statut scolaire ».
« Ces informations sont sourcées, ce ne sont pas des chiffres que l’on sort du chapeau. Même l’OCDE n’hésite pas à affirmer que l’essor de l’apprentissage, de 480 000 contrats en 2019 à 900 000 en 2021, expliquerait les deux tiers de la baisse du chômage », conclut Iwan Nicolas.