Pour le préfet du Tarn, l’excellence, le savoir-faire, le Made in France des entreprises textiles doivent être soutenus.
Le préfet du Tarn François-Xavier Lauch, a récemment consacré une journée à une activité emblématique de notre vallée, le textile.
La démarche du représentant de l’Etat visait de façon générale la remobilisation des filières qui font l’identité du Tarn. Après le granit, le cuir, l’agroalimentaire et le porc ou encore le bois, ce sont donc deux entreprises du Mazamétain qui ont retenu son attention.
La manufacture Jules Tournier a été présentée par Lionel Bonneville, son président, avant que le préfet, accompagné du sous-préfet François Proisy, ne prenne la direction d’Aussillon pour découvrir les établissements Plo, installés rue de la Mécanique, dans la zone industrielle.
Ils sont spécialisés dans l’ennoblissement des matières textiles. Cette PME familiale de vingt salariés, dirigée par Xavier Plo, petit-fils du fondateur, est aussi le dernier teinturier de fibres en bourre de France.
L’occasion pour le préfet de s’exprimer sur son constat. « On croit que ces entreprises n’existent plus alors que certaines se sont développées sur des marchés de niche avec de la valeur ajoutée. C’est le « Made in France » dans le respect de l’environnement, parfois tourné vers le marché du luxe mais pas qu’avec une technicité recherchée.
Pour Xavier Plo, son entreprise est une belle histoire de famille, depuis cinq générations, avec, en 1949, le grand-père, dans le recyclage des déchets du textile. En 2003, ce recyclage fermait et les ateliers se tournaient exclusivement vers la teinture des fibres et de toutes les matières y compris les vêtements.
« Depuis, nous travaillons avec des clients à 80 % en Midi-Pyrénées, il y a Missègle, le Tissage d’Autan, le linge Basque, les toiles de la Montagne Noire, Regain, etc. ». Avec ses 20 salariés, l’entreprise ne manque pas de travail.
« Nous avons un savoir-faire et finalement peu de concurrence à l’international. Pour la coloration, la couleur, nous pouvons satisfaire toutes les demandes des clients ». Les quatre ateliers répondent aux besoins en coloration mais aussi en traitements techniques et apprêts. Le laboratoire met au point les formulations et offre aux clients une expertise dans la conception de leurs produits.
Pour Xavier Plo, c’est un combat de tous les jours. « Avec le traitement de l’eau, le coût de l’énergie, les difficultés de recrutement la filière est en difficulté alors que le carnet de commandes est bien garni. » L’entreprise a besoin de 400 à 600 m3 d’eau par jour, mais elle a su faire sa transition écologique avec sa propre station d’épuration biologique dont les rejets sont utilisés dans le compostage agricole. Le coût actuel de l’énergie constitue une autre difficulté.
« Nous sommes passés au gaz, au GPL moins cher que l’électricité, mais sur ce type d’installation, il n’y a aucune aide, aucun amortisseur. L’installation, la cuve, c’est 45 000 €. » À cela s’ajoutent les problèmes de recrutement. « Nous assurons une formation sur le tas car on se heurte à l’absence de formation spécifique, mais il manque souvent la motivation, la conscience professionnelle. »
Une occasion pour Xavier Plo d’exposer aux représentants de l’Etat les besoins de son activité.
Ces entreprises d’excellence, qui se sont souvent débrouillées seules, ont besoin du soutien de l’état et des collectivités. Pour la main-d’œuvre, il y a méconnaissance de ces industries, des mentalités à faire évoluer, la motivation, des salaires intéressants, les conditions de travail. Il faut aussi aider à l’innovation, au parc des machines, aux questions d’énergie. Je souligne le génie de ces chefs d’entreprise, à la fois à l’entrée et à la sortie de leur usine. Ils se battent pour l’emploi, la valeur ajoutée. »
Pour conclure sa journée de visites, le préfet a réuni, à la CCI, tous les acteurs en comité de filière pour identifier les enjeux communs (recrutement, énergie, formation, méconnaissance des métiers et image de la filière, appui à l’innovation, France 2030, etc.) et travailler à des solutions pour ce secteur d’avenir.
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