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"Sur la retraite à 65 ans, il n'y a rien à négocier" : Yves Veyrier (FO) avertit le gouvernement – lexpansion.lexpress.fr

Smic à 1500 euros, sixième semaine de congés payés…Le patron de Force ouvrière expose ses revendications dans un entretien accordé à L'Express.
afp.com/Ludovic MARIN
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Yves Veyrier n’effectuera pas d’autre mandat. Le secrétaire général de Force ouvrière (FO) s’apprête à passer la main en juin. S’il constate aujourd’hui une certaine impuissance des syndicats, il demande au gouvernement d’entendre les inquiétudes des Français sur le pouvoir d’achat. Et l’assure : sur la retraite, il n’y a rien à négocier. 
L’Express : Le constat d’une France largement fracturée, avec un score historique de l’extrême droite au deuxième tour de la présidentielle, est aujourd’hui largement partagé. Selon un sondage, 31% des sympathisants FO auraient voté pour le Rassemblement national. Que leur répondez-vous ? 
Yves Veyrier : Ce genre de sondages comporte de nombreux biais. Désigner un sigle syndical sur une liste, ne veut pas dire sympathisant, encore moins adhérent, et les abstentionnistes ne sont pas sondés … Je n’ai d’ailleurs entendu aucun militant dire ouvertement qu’il allait voter pour l’extrême droite. Mais c’est vrai, on trouve plus de votes vers le RN ou d’abstention parmi la population salariée la plus en difficulté. Notre syndicat ne donne aucune consigne de vote, car nous sommes fermement attachés à notre indépendance. Cela ne nous empêche pas d’exprimer clairement nos principes, comme l’universalisme républicain et ouvrier, et nous rejetons les thèses qui conduisent à faire de l’étranger le bouc émissaire de tous nos problèmes. Nous rappelons également que l’extrême droite, c’est historiquement la remise en cause de la liberté syndicale. Mais il ne faut pas négliger ce vote, qui est l’expression d’un sentiment d’abandon, de désarroi. C’est aussi un appel au secours qui n’est pas suffisamment entendu par le gouvernement. Nous avons aussi une part de responsabilité : celle de ne pas avoir réussi à fédérer ces salariés sur le terrain du syndicat. C’est pour partie ce qu’a révélé le moment des Gilets Jaunes : nous devons travailler à organiser ces salariés dispersés dans de petites entreprises, les travailleurs précaires ou à temps partiel, cette “seconde ligne” dont on a tant parlé au moment du confinement. Si nous voulons être écoutés, nous devons avoir la capacité de nous faire entendre.  
Comment ? 
En faisant mieux connaître ce que font au quotidien les syndicats, par exemple pour les salaires dans les entreprises et les branches, en rappelant qu’ils sont à l’origine des grandes conquêtes sociales, le SMIC, les retraites, l’assurance chômage, ce qui a été oublié alors qu’elles sont d’actualité… 
L’appel au secours aujourd’hui concerne les fins de mois de plus en plus difficiles. Le Président a déjà mis en place un certain nombre de mesures et en annonce d’autres, comme le chèque alimentaire, la revalorisation des minima sociaux… Que lui demandez-vous de plus ? 
Évidemment poursuivre les mesures conjoncturelles qui bloquent l’inflation, qu’il s’agisse du bouclier tarifaire ou de la remise sur le carburant. Mais il faut aussi donner un coup de pouce significatif au SMIC. Nous demandons qu’il soit porté à 80% du salaire médian, soit environ 1500 euros net, et il faut également revaloriser la grille des fonctionnaires. La prime de 6000 euros exonérée de cotisation sociale est une réponse ponctuelle, et qui n’arrange pas les recettes de la Sécurité sociale… Nous défendons le salaire dans son entièreté : le salaire net, qui permet à chacun de vivre dignement, et la part consacrée au financement de notre système social. 
L’augmentation du SMIC ne résout pas tout, et de nombreuses branches ont des minima sous le salaire minimum (85% d’entre elles après la dernière revalorisation) : l’État doit-il à nouveau mettre la pression sur ce sujet, comme il l’a fait en fin d’année dernière ? 
Qu’il mette la pression est une chose, mais il faut préserver la liberté de négocier. Un coup de pouce au SMIC va dans ce sens, car il permettrait justement de débloquer les négociations. Il est plus facile de faire entendre aux employeurs qu’elles sont nécessaires quand le salaire minimum augmente, surtout à un moment où il existe des difficultés de recrutement dans certains secteurs. 
Rejoignez-vous Laurent Berger sur l’idée de conditionner les aides aux entreprises à la signature d’accords sur les rémunérations ? 
Le gros problème dans les négociations salariales vient des seuils d’allègement de cotisations sociales (jusqu’à 1,6 SMIC auquel s’est ajouté celui venant du CICE). Ces dispositifs écrasent les salaires. Nous souhaitons qu’ils soient supprimés, ou alors qu’ils soient ciblés et conditionnés au maintien de l’emploi et à la revalorisation des salaires dans les secteurs où ils sont trop bas, avec des mécanismes de contrôle et de sanctions si ces conditions ne sont pas respectées. 
Emmanuel Macron a promis un changement de méthode pour ce nouveau quinquennat. Qu’attendez-vous de lui ? 
Le problème avec lui, c’est que cela vient toujours après coup… Il n’a même pas pris la peine ne serait-ce que d’un coup de fil pour informer les syndicats qu’il allait inclure le recul de l’âge de départ à la retraite dans son programme. Le changement que l’on attend, c’est d’être écoutés et que nos arguments soient pris en compte. Notre opposition n’est pas un simple slogan : il faut que le débat soit mis sur la place publique et je suis prêt à en débattre avec le président à une heure de grande écoute ! 
Êtes-vous prêt à négocier sur le recul de l’âge de départ à la retraite à 65 ans ? 
Il n’y a rien à négocier : nous sommes contre. Le déficit vient aujourd’hui de deux éléments. D’abord d’un manque de recettes dû à la crise du Covid. Pour résorber cela, nous proposons de mettre en place une taxe exceptionnelle sur les profits et dividendes records. Et pour résoudre le problème plus structurel, la réponse n’est pas de reculer l’âge légal, mais d’améliorer la qualité de l’emploi, dès l’entrée dans la vie active jusqu’à la retraite, pour augmenter les recettes et équilibrer le régime par répartition. L’argument de l’équilibre financier n’est d’ailleurs même plus celui du président : on nous dit désormais qu’il s’agit de réaliser des économies pour financer autre chose, il faudrait savoir ! Il faut également stopper l’allongement de la durée de cotisation à 43 ans. Notre aspiration est de revenir un jour à la retraite à 60 ans. Il faut pour cela oeuvrer à en réunir les conditions économiques. Il y a là de quoi négocier. 
Approuvez-vous l’idée d’Emmanuel Macron d’ouvrir une grande conférence sociale dédiée au financement des “progrès sociaux” dès son élection ? 
Ces grands-messes ne servent à rien, il s’agit juste de communication. François Hollande en organisait tous les ans, et qu’en est-il sorti ? Rien du tout ! Et nous demander de passer sur le recul de l’âge de la retraite, au prétexte d’aller discuter de ce que nous financerions avec les marges de manoeuvre ainsi dégagées, serait nous demander de négocier un recul social… 
Le taux de chômage est au plus bas depuis 2008. Vous ne vous en félicitez pas ? 
Bien sûr que si, mais il faut aussi regarder les chiffres dans le détail. Le chômage a retrouvé son niveau de 2008, mais le “halo” (des personnes sans emploi qui ne sont pas considérées comme chômeurs au sens du BIT, mais dont la situation s’en rapproche, NDLR.) a, lui, nettement augmenté, et beaucoup d’emplois créés aujourd’hui sont précaires, mal payés ou s’exercent dans des conditions difficiles… Ce n’est pas cela le plein-emploi. 
Le président a annoncé une nouvelle réforme de l’assurance-chômage – il souhaite notamment faire varier la durée d’indemnisation en fonction de la conjoncture économique – est-ce un nouveau chiffon rouge ? 
C’est une erreur, et nous nous y opposons. Nous allons négocier une nouvelle convention avec le patronat à l’automne. Que l’État nous laisse faire. Il a promis un changement de méthode. Eh bien nous allons voir à ce moment-là s’il s’y tient. Vouloir faire varier la durée d’indemnisation des demandeurs d’emploi en fonction de la conjoncture est du même acabit que la précédente réforme, qui limite les droits au rechargement. Plutôt que de stigmatiser les chômeurs, il faut résorber la précarité. Les employeurs ont leur part de responsabilité !  
Avez-vous l’impression que la position du président a évolué sur les corps intermédiaires ? A une époque, il disait qu’ils ne servaient à rien… 
Je ne suis pas sûr qu’il ait beaucoup évolué. Je n’ai vu qu’une seule fois le président en tête-à-tête pendant son premier quinquennat. Il a fallu la crise du Covid pour que l’on se souvienne du rôle des syndicats quant aux protections sanitaires des salariés, à l’emploi avec l’activité partielle… Nous avions alors pratiquement toutes les semaines des réunions avec le ministère de Travail, parfois à Matignon ou à l’Elysée. 
Existe-t-il un risque d’embrasement social lié à la question du pouvoir d’achat ? 
Au moment où nous parlons le temps est plutôt orageux, mais la météo sociale est plus incertaine… Il est plus difficile de mobiliser l’ensemble des salariés sur la question des salaires. Le monde du travail est aujourd’hui plus éclaté, inégal, avec des salariés confinés aux bas salaires, précaires ou en temps partiels, et de l’autre côté des techniciens ou cadres avec des emplois stables et des niveaux de rémunérations qui leur permettent de vivre plus correctement. 
Vous allez passer la main en juin prochain. Que conseillez-vous à votre successeur ? 
Rassembler toujours, et mettre l’accent sur l’amélioration de notre fonctionnement pour nous permettre de grandir : plus nous serons nombreux, plus nous serons efficaces pour améliorer la situation des salariés. Ces quatre dernières années, on a vu FO sur tous les sujets sociaux et nous avons préservé notre représentativité. Nous avons toutes les raisons de faire preuve d’ambition et d’esprit de conquête. 
Vous parliez de conquête sociale au début de notre entretien. Quelle pourrait être la nouvelle conquête sociale de ce quinquennat ? 
Pour parler de conquête sociale, il faut d’abord stopper les reculs sociaux. C’est ce qui nous mobilise le plus souvent aujourd’hui… réparer aussi, par exemple notre hôpital public. Et militer pour une sixième semaine de congés payés. Nous le demandions déjà à l’époque des 35 heures, qui ont été plus compliquées à mettre en place. Une sixième semaine de congés payés est plus efficace et répond à notre aspiration à l’émancipation car c’est véritablement du temps pour soi. 
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