En 2020, notre budget consacré aux fluides était de 5,2 millions d’euros pour le gaz et l’électricité. En 2022, on est passé à 12 millions à cause, principalement, de l’augmentation du gaz. Au regard de nos achats sur le marché de gros de l’électricité cet été, on serait, pour 2023, à 23,7 millions, à consommation constante. Ce sont donc dix millions supplémentaires. Autant vous dire que, pour nous, ce n’est pas l’épaisseur du trait sur le plan financier.
L’explosion du prix de l’électricité a des traductions très concrètes. On évoque en ce moment 10 % d’économies d’énergie à réaliser (objectif du gouvernement, NDLR). Je pense que Rennes doit aller au-delà, y compris sur un strict point de vue budgétaire.
Sur le long terme, la sobriété doit nous conduire à consommer moins. On était déjà sur cette trajectoire-là. Éclairage public, rénovation des bâtiments, production d’énergie renouvelable, raccordement au chauffage urbain… Mais je dissocie cela de la question actuelle, liée au contexte international. C’est une situation d’urgence. Il y a une inquiétude sur le plan de l’approvisionnement en France même si j’observe que la solidarité européenne s’opère. Il y a aussi des équilibres budgétaires qui peuvent ne plus être atteints. Cela peut conduire à des décisions immédiates. On pourrait être amenés à fermer des équipements publics mais ce n’est évidemment pas un objectif de long terme.
La Ville s’engage sur un prix de l’électricité mais elle ne paiera que ce qu’elle consomme. L’objectif est donc de réduire cette facture, en consommant moins. D’où le plan de sobriété énergétique sur lequel nous travaillons. Nous nous donnons jusqu’à fin septembre. Des décisions avaient déjà été prises fin juin : raccourcissement de la période de chauffe, diminution d’un degré dans les équipements publics, diminution de l’éclairage publique, avec, par exemple, des extinctions de façade des monuments mais aussi sur le réseau des communes de la Métropole… Nous devrons aller plus loin.
Cela fait partie des hypothèses. Je n’ai pas encore de réponses plus précises car nous sommes dans le processus de réflexion. J’ai demandé que les services nous fassent remonter un tableau exhaustif de nos consommations. On s’intéresse d’abord à la question de l’efficacité des mesures et les impacts qu’elles peuvent avoir. Mais au moment où je vous parle, je n’exclus pas de devoir fermer une de nos piscines cet hiver. On sait d’ores et déjà qu’on aura des décisions compliquées.
S’il y a une piscine nouvelle annoncée à Villejean, c’est précisément parce que l’actuelle est relativement catastrophique sur le plan thermique. Mais Saint-Georges n’est pas non plus particulièrement performante.
Oui. Nous réfléchissions déjà à aller vers une saisonnalité en peu plus forte. On peut se dire que patiner en juillet par 40°, c’est discutable. De la même manière, il nous vient moins à l’idée de manger des fraises en janvier.
La température peut se discuter. Mais il y a aussi la dimension de l’apprentissage de la nage dans le cadre scolaire. Il faut qu’on puisse concilier tout ça. Je le redis : si nous sommes amenés à fermer une piscine cet hiver, ce n’est pas pour obtenir une palme écologique. C’est parce qu’on n’aura pas le choix. L’objectif sera de rouvrir le plus rapidement possible. Ce ne sont pas des mesures de long terme.
On est passé en un an d’une moyenne à 85 € le MWh à plus de 1 000 € en début de semaine dernière. Nous sommes dans ces proportions-là, énergie verte ou pas.
En réalité, ce n’est pas vraiment de la négociation. Ce sont des contrats, qui sont devenus très unilatéraux en ce moment. C’est une difficulté à laquelle on s’est retrouvé confrontés avec la libéralisation du marché de l’énergie. Nous sommes devenus acheteurs là où nos compétences n’étaient pas d’être traders en énergie. Nous sommes donc accompagnés par des gens dont c’est le métier. Ils ont mis au point des formules qui permettent de voir à quel moment il faut « cliquer », pour acheter l’énergie. Ce n’est pas une négociation au sens commercial. Ce sont des cours mondiaux, sur lesquels vous n’avez pas vraiment le choix. J’ai parfois entendu des collègues dire que les collectivités ont mal négocié. Mais on ne négocie pas : cela s’impose à nous à un moment donné.
Nous ferons des choix en novembre, selon notre calendrier habituel. D’ici là, la visibilité sera peut-être meilleure sur les évolutions des prix. L’État nous dira s’il accompagne les collectivités ou pas. Nous saurons les dotations et les aides éventuelles. Cela nous permettra d’ajuster nos choix financiers.
Il y a une part d’incertitude très forte. Je ne veux pas prendre des décisions financières dans la précipitation.
Étant donné la situation actuelle, je ne peux rien exclure.
Au moment où j’ai présenté le projet aux Rennais, je n’avais pas vu venir le covid ni la guerre en Ukraine. S’il y a une nouvelle donne, il y a un moment où il faudra prendre les décisions. C’est en dernier recours. Et il faudra pouvoir expliquer.
C’est une situation très paradoxale. Je ne pense pas que la bonne réponse soit de stopper les investissements publics. On sait comment réduire les factures à terme et notre empreinte carbone : la sobriété, les changements des comportements, de consommation… Tout cela passe par des investissements publics massifs. En cette rentrée, nous voyons comment le 1,3 milliard investi pour le métro est une brique essentielle dans notre politique de transition écologique du territoire. Parce que c’est bien de demander de changer les comportements, mais il doit exister des alternatives dont beaucoup sont financées par l’investissement public.
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