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Les rues étaient calmes samedi 27 novembre à Honiara, capitale des îles Salomon dans l’océan Pacifique, après plusieurs jours d’émeutes qui ont fait au moins trois morts et 56 bâtiments de la capitale brûlés et pillés.
Les corps de trois personnes tuées dans les troubles ont été découverts samedi dans un magasin du quartier chinois – entièrement incendié – de Honiara, selon la police. Une enquête a été ouverte pour tenter de déterminer les causes de ces décès, les premiers répertoriés depuis le début des émeutes mercredi dernier.
Ce qui avait commencé comme une petite manifestation mercredi s’est rapidement transformé en une violente mêlée générale, les habitants pauvres de la capitale se joignant aux manifestants anti-gouvernementaux à la recherche de choses à manger ou à vendre à travers les vitres brisées et les décharges calcinées, précise l’AFP.
Pendant trois jours, des foules en colère ont traversé la capitale balnéaire, habituellement paisible, pour exiger le retrait du Premier ministre Manasseh Sogavare.
Cinquante-six bâtiments de la capitale ont été brûlés et pillés, et de nombreuses entreprises devront attendre plus d’un an pour se remettre sur pied, selon de premières estimations de la Banque centrale des îles Salomon. Les pertes économiques s’élèvent à près de 28 millions de dollars (24,7 millions d’euros), selon la Banque centrale, portant un coup dur à une économie déjà fragilisée.
Plus d’une centaine de personnes ont été arrêtées, soupçonnées d’avoir participé aux émeutes, a déclaré samedi la police des îles Salomon qui tente de rétablir l’ordre.
► À relire : Bâtiments incendiés aux Îles Salomon, l’Australie envoie des troupes
Deux ans de fermeture des frontières, en raison de la pandémie de coronavirus, ont fini par asphyxier l’économie des îles Salomon, déjà ravagée, aggravant le chômage et la pauvreté dans cet archipel de 800 000 personnes.
« Maintenant, le Premier ministre doit démissionner », a déclaré à l’AFP Selson, un homme de 32 ans. « C’est la demande de tous les citoyens des îles Salomon », selon ce travailleur indépendant.
Un couvre-feu nocturne et la présence des quelque 150 soldats étrangers de maintien de la paix envoyés par l’Australie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée ont semblé apaiser les tensions.
Les causes de ces émeutes sont multiples. Outre la colère vis-à-vis du gouvernement et les difficultés économiques aggravées par la pandémie, il y a la rivalité historique entre les habitants de l’île la plus peuplée du pays, Malaita, et ceux de Guadalcanal, île où se situe la capitale administrative du pays. Les habitants de Malaita ont le sentiment d’être abandonnés par le gouvernement central et les différends se sont intensifiés quand, en 2019, le gouvernement de Manasseh Sogavare a décidé de ne plus reconnaître diplomatiquement Taïwan mais la République populaire de Chine.
Dans un discours à la nation, le leader pro-Pékin a déclaré aux citoyens que le pays avait été « mis à genoux » par les émeutes, et a promis de résister aux appels à la démission. Il a également affirmé que des puissances étrangères opposées à sa décision en 2019 de reconnaître diplomatiquement la Chine étaient à l’origine des troubles.
Ce n'est pas la première fois qu'il y a des manifestations anti-chinoises aux Îles Salomon, il y en avait déjà eues en 2006. Je pense que c'est certainement dû au fait que les communautés chinoises en particulier, dans les villes, sont des liens privilégiés sur le plan du commerce avec la Chine, et que donc depuis les années de la montée économique de la Chine, bénéficient évidemment de la possibilité d'acheter des produits chinois à bas coûts et de les revendre. Je pense que c'est aussi pour cela qu'ils sont visés. De l'autre côté, je pense qu'il faut voir les choses plus largement, je pense que l'on est peut-être dans, je dirais, le premier conflit dans la nouvelle guerre froide dont on parle beaucoup entre la Chine et les États-Unis, étant donné que l'enjeu, c'est aussi la reconnaissance par le Premier ministre des Îles Salomon de la Chine en 2019, reconnaissance qui fait qu'ils abandonnaient leurs liens avec Taïwan. Et ce dont on s'aperçoit en ce moment, c'est qu'il y a une partie des Îles Salomon qui veulent continuer leurs relations avec Taïwan. Donc, on sent qu'il y a une confrontation derrière qui est beaucoup plus large, beaucoup plus globale.
Pourquoi un tel ressentissement ? L'analyse du sinologue Alain Wang
► À relire : Aux Îles Salomon, la situation reste tendue, le quartier chinois visé par les émeutiers
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