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L'affaire d'Outreau, Saint Omer : pourquoi la justice sur les écrans … – madame.lefigaro.fr

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Miroirs de notre société, les affaires judiciaires font appel à des émotions universelles. Cathartiques et réalistes, elles inspirent films, séries, émissions et fascinent un public toujours plus friand. Décryptage
Du cultissime Douze hommes en colère, de Sidney Lumet, à La Vérité, de Clouzot, au cinéma, de New York, police judiciaire à l’inclusif Murder  côté séries, du long-métrage documentaire Ni juge ni soumise au docu-série Soupçons, la popularité des affaires judiciaires sur nos écrans ne s’est jamais démentie. Et se confirme : France 2 vient tout juste de diffuser un docu-fiction en quatre épisodes sur le fiasco judiciaire de l’affaire d’Outreau et dès le 8 mars deux films en salles s’attellent à l’exercice, Mon crime, de François Ozon, et Toi non plus tu n’as rien vu, de Béatrice Pollet, avec Géraldine Nakache en avocate pénaliste.
Mais pourquoi fascinent-elles autant ? Est-ce lié à une curiosité morbide ? Au plaisir de jouer les colonels Moutarde d’un Cluedo en CinémaScope ? Est-ce notre attirance pour le côté obscur de l’âme humaine ? «Ce qui intéresse avant tout, ce sont les affaires pénales et les crimes de sang, sans doute parce qu’ils cristallisent nos frustrations, nos fantasmes, nos peurs…», explique Clarisse Serre, avocate pénaliste au barreau de Seine-Saint-Denis et consultante pour la série Engrenages. «On s’identifie à la victime, on se dit que ce gamin accusé de meurtre pourrait être notre fils, on prend conscience que, parfois, il suffit d’un rien pour que tout bascule… Par ricochet, l’avocat devient alors l’ultime espoir pour que les droits de chacun soient reconnus, le Zorro de la justice, ou a contrario l’objet des critiques quand on est persuadé d’y voir plus clair que lui. Quoi qu’il en soit, ces affaires font de nous des spectateurs actifs.»
Qui a tué Grégory Villemin ? Les parents y sont-ils pour quelque chose ? Le juge Lambert a-t-il sabordé l’instruction ? Au fil des images de la minisérie documentaire de Netflix Grégory sur le célèbre disparu de la Vologne, le spectateur mène l’enquête sur ce cas non élucidé qui hante nos mémoires collectives. «Beaucoup d’affaires posent plus de questions qu’elles ne donnent de réponse. On est en quête de vérité, mais il est très rare qu’un jugement repose sur des preuves infaillibles. C’est souvent une histoire d’interprétation et d’intime conviction qui laisse le champ libre à l’imaginaire du spectateur», analyse Jean-Baptiste Thierry, maître de conférences en pénal à la faculté de droit de Nancy. «Ce qui pique le plus notre curiosité, c’est ce qui est hors cadre, ce qu’on ne comprend pas, ce qui, de la nature humaine, nous échappe», ajoute le psychiatre Daniel Zagury.
Les salles d’audience sont un matériau sociologique incomparable et de fait une matière à fiction intarissable
Dans Saint Omer, Alice Diop s’intéresse à un procès pour infanticide en s’appuyant sur l’affaire Fabienne Kakou, doctorante qui a noyé son bébé en l’abandonnant sur une plage à marée montante. « Il y a un double mouvement d’attraction-répulsion pour ces affaires », analyse le docteur Zagury, expert sur le procès de la meurtrière en 2016. «On s’approprie l’histoire, car elle s’ancre dans notre réalité connue de parent, d’enfant, de minorité… Mais cela s’accompagne aussi d’un sentiment de rejet, parce qu’elle renvoie aussi au plus profond de la construction de notre identité avec une forme de violence que l’on préfère nier. Au fond, elle concrétise l’impensable, ce que l’on a refoulé.» Catalyseurs de la psyché humaine, les procès font non seulement appel à des émotions universelles, mais tendent aussi un miroir à notre société et à ses manquements, selon Anne Landois, scénariste de la série Engrenages. «La violence, le visage de la délinquance, la typologie des crimes racontent toujours quelque chose d’une époque. Les salles d’audience sont un matériau sociologique incomparable et de fait une matière à fiction intarissable.»
Au-delà d’enjeux dramatiques lourds, c’est aussi la théâtralité formelle du tribunal, son décor, ses costumes, sa solennité, ses codes et son langage qui fascinent cinéastes et spectateurs. Dans La Fille au bracelet, Stéphane Demoustier filmait le procès d’une lycéenne accusée d’avoir assassiné sa meilleure amie. «Un procès, c’est une mise en scène : chacun joue le rôle qui lui a été assigné. C’est aussi une dramaturgie avec des arcs narratifs balisés — les témoignages ou les plaidoiries, par exemple — et un dénouement, le verdict. Il y a un parallèle avec le cinéma ou les séries, qui eux aussi font appel à une narration, des personnages, une tension dramatique.» En revanche, la temporalité de la fiction ne peut pas être celle du procès pour éviter l’ennui et créer le suspense. «Je me suis tout de même attaché à laisser de la place au silence et à convoquer le hors-champ à travers les récits des uns et des autres pour retranscrire le temps du procès», se souvient Stéphane Demoustier.
«Au tribunal, chaque parti a le temps de s’exprimer, d’être entendu. C’est un moment salutaire, qui échappe à la frénésie quotidienne de nos vies réelles et numériques.» Peut-être est-ce là aussi ce que viennent chercher les spectateurs : un moment suspendu qui invite à la réflexion et à l’écoute. «L’oralité des débats, les temps de parole distribués ont ceci de particulier qu’ils donnent l’espace à la contradiction et à l’analyse, contrairement au débat médiatique et numérique où tout n’est qu’indignation», appuie Anne Landois.
Nul besoin de spectaculaire en effet pour capter l’attention : le cadre juridique peut se suffire à lui-même.
Né de ce constat, le format de Justice en France, sur France 3, décrypte ainsi de vrais procès filmés, commentés en plateau. Depuis le tapage médiatique de l’affaire Dominici en 1954, et exception faite de quelques procès historiques (Papon, Barbie, Touvier…), les caméras étaient interdites dans les tribunaux. En avril 2022, Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, les autorisait à nouveau. «La démarche est pédagogique, complémentaire de celle de la fiction», confirme Dominique Verdeilhan, chroniqueur judiciaire et présentateur de l’émission. «L’idée est de sortir de la justice spectacle et de redonner confiance en l’institution. Il ne s’agit pas de refaire le procès, de juger le travail des magistrats et des avocats, mais de décrypter, avec l’aide d’experts, les décisions et le langage. C’est une immersion dans la machine judiciaire avec d’authentiques avocats, magistrats, prévenus et victimes.»
Au-delà des affaires criminelles et des assises qui seront aussi traitées, l’émission s’attache à une justice plus quotidienne à travers des affaires familiales, civiles, de surendettement… Une ouverture que l’on trouve aussi dans les fictions américaines : s’il faisait jadis le bonheur des fans de Perry Mason, le whodunit, polar posant l’unique question du «qui a commis le crime ?», ne suffit plus à accrocher. À mesure que l’éducation du spectateur progresse, les cas abordés sont de plus en plus variés : le crime de sang plaît toujours, mais cohabite avec les affaires environnementales (Goliath, Dark Waters…) ou le droit des manifestants (Les Sept de Chicago, d’Aaron Sorkin).
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Une tendance accrue aux États-Unis, où la littérature, les films et les séries de procès sont un genre historique où se bousculent les œuvres de référence, de Truman Capote (De sang-froid) à Otto Preminger (Autopsie d’un crime) ou Oliver Stone (JFK), en passant, côté séries, par Ally McBeal, The Good Wife, New York Police Judiciaire, Damages ou la très attendue Accused, adaptation d’un format de la BBC dont chaque épisode raconte en flash-back l’histoire d’un accusé en attente de son verdict. «On connaît tous la déclaration américaine dite Miranda – “Vous avez le droit de garder le silence…”- et les revirements de jurisprudence de la Cour suprême. En France, nous sommes moins rompus aux règles de nos gardes à vue ou aux rouages du conseil d’État», explique Jean-Baptiste Thierry. Le droit américain s’invite régulièrement dans les fictions hexagonales, qui, pour un petit effet de manche ou par méconnaissance, dégainent des mandats de perquisition, pourtant inexistants en France. Il n’est pas rare non plus que le «président» des tribunaux français se transforme en «votre honneur», appellation tout américaine. «Si la procédure américaine est si populaire, c’est aussi parce qu’elle peut être plus “spectaculaire” : on peut arriver avec une preuve de dernière minute au procès, ce qui est impossible en France. Chez nous, les éléments dans les mains de l’accusation doivent aussi être en possession de la défense au moment où s’ouvre l’audience», analyse Anne Landois, qui, afin d’éviter les erreurs sur sa série 66.5, prochaine création Canal+, a de nouveau fait appel à l’expertise de Clarisse Serre. «En travaillant avec des avocats, j’ai constaté qu’ils avaient la même façon de penser et d’analyser que des scénaristes : ils explorent des possibles, se racontent une histoire. Nous partageons le même ADN. En fréquentant les tribunaux, j’ai aussi compris que la procédure française était une vraie source de dramaturgie. Tout ce qui va être dit et décidé à l’audience, durant l’instruction ou les interrogatoires, a un impact sur les individus : il y a des enjeux de vie ou de mort, de privation de liberté…»
Cinq grandes affaires françaises au cinéma
À mesure que le public se familiarise avec le droit français, scénaristes et réalisateurs se documentent eux aussi davantage. D’après Jean-Baptiste Thierry, «ils dépassent les évidences, transforment des notions juridiques a priori arides en enjeux dramatiques, et, ce faisant, inculquent au public cette idée majeure : la justice n’est pas une question de morale, mais de droit».
Si la fiction est un outil de compréhension judiciaire, ellipses et raccourcis restent cependant inévitables pour éviter l’ennui. Malgré de nets progrès, certains stéréotypes persistent dans la caractérisation des personnages notamment. À commencer par la figure de l’avocate, selon Clarisse Serre.«Je me suis battue pour qu’elle porte un pantalon dans Engrenages, mais je n’ai pas eu gain de cause. Pour une question de pratique, on ne peut pourtant pas courir de gardes à vue en tribunaux en jupe et en Louboutin.» Autre écueil du genre : la systématisation des grands tribunaux tout de bois ciré. 66.5, au printemps sur Canal+, prendra volontairement le contrepied en basant ses récits à Bobigny. « La solennité de tribunaux comme celui de Paris donne parfois un aspect suranné à la justice et du traitement des affaires », explique la showrunneuse Anne Landois. « À Bobigny, on est dans un bâtiment en brique et en métal, avec beaucoup de jeunes magistrats, souvent en premiers postes. Ça donne une autre couleur à la justice. Il y a une forme de liberté de parole, de familiarité, de proximité, qui invite un autre public à s’identifier. » De quoi assurer de beaux jours à un genre de plus en plus plébiscité en France.
3123611
le
Cela n’a aucun intérêt.
LE MOINE BOURRU
le
Fascine-t-elle !!!
Depuis le Japon où elle vit, la journaliste Karyn Nishimura-Poupée analyse la baisse de la natalité sans précédent à laquelle l’Archipel est confronté.
À tout moment, vous pouvez modifier vos choix via le bouton “paramétrer les cookies” en bas de page.
L’affaire d’Outreau, Saint Omer : pourquoi la justice sur les écrans fascine-t-elle autant
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