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Le verdict est tombé pour la première Scop de France, ou du moins en partie ! Les candidats intéressés par une reprise partielle, ou totale, de Scopelec avaient jusqu’au soir du 5 décembre pour déposer leur offre finale. La société coopérative, placée en redressement judiciaire suite à la perte de contrats majeurs avec Orange au début de l’année, a ainsi fait l’objet d’intenses tractations ces derniers jours. Avec un dénouement non sans surprise pour les six candidats intéressés.
Le retournement de situation vient notamment du côté de l’opérateur Orange. Celui-ci vient de prendre position dans le dossier en faveur d’un candidat. Il s’agit de New Scope, l’offre de reprise sous forme de société coopérative, portée par les salariés et l’actuel président du directoire de Scopelec, Carlos Verkaeren. « Nous avons un accord écrit de la part d’Orange pour un prêt de 14 millions d’euros, afin de financer les premières semaines d’exploitation », annonce Frédéric Mazars, délégué syndical et membre du CSE de Scopelec. À ce stade de la procédure, la direction d’Orange, joint par La Tribune, ne souhaite pas apporter de commentaire sur ce point.
Au sein des concurrents de New Scope, ce dénouement était peu évident. « On n’imagine pas Orange repartir avec les mêmes, ceux qui ont causé la perte de Scopelec », disait même l’un d’entre eux récemment. Sauf que depuis le départ de Thomas Fantini à la tête de celui qui était le principal sous-traitant de l’opérateur, les relations se sont considérablement réchauffées avec l’arrivée de son successeur. Malgré les incertitudes, cet entrepreneur – adepte de l’entreprise libérée et qui a redressé Poult avec ce modèle – affichait une certaine confiance quant au soutien prochain de la société « qui reste encore un gros client pour Scopelec ». « En coulisses, comme sur le terrain, cela se passe beaucoup mieux avec eux », confirme un très proche du dossier.
L’adoubement du client numéro de la société coopérative ne devrait pas laisser insensible le juge dans ce dossier lié au secteur ô combien sensible des télécommunications. Ces dernières semaines, quatre conseils régionaux (Occitanie, Paca, Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes) ont aussi officialisé leur soutien à New Scope, notamment en avançant les financements pour les parts des sociétaires.
« Des salariés qui ont perdu de l’argent sont prêts à y retourner. Selon un sondage en interne, plus de 70% des salariés veulent repartir dans un modèle de société coopérative. Il y a déjà des engagements officiels pour beaucoup d’entre eux auprès du tribunal de commerce pour un montant de plus d’un million d’euros », fait savoir Frédéric Mazars.
Autre nouveauté dans le dossier Scopelec, ficelée dans la dernière ligne droite des négociations, le candidat New Scope a déposé une offre commune avec Kyntus. Ce dernier est seulement intéressé par certaines parties géographiques de Scopelec comme la filiale de Centre Val-de-Loire, La Réunion et une partie des équipes dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Seul, New Scope s’était engagé à reprendre 1.457 salariés sur les plus de 2.200 encore présents en interne. Avec cette offre commune, l’offre va être revue à la hausse de la manière significative.
C’est une prise de guerre pour l’actuel président du directoire de Scopelec, Carlos Verkaeren, dans cette semaine décisive. Quelques jours en arrière, le président du directoire de Solutions 30, Gianbeppi Fortis, avait annoncé en exclusivité dans La Tribune préparer une offre de reprise complète de Scopelec en ayant l’intention de déposer une offre commune avec Kyntus, mais aussi Folliateam et Alsatis, tous deux intéressés par la filiale Usages et Services de la société coopérative.
« L’offre de Solutions 30 est complémentaire de celle d’autres candidats-repreneurs » s’est contentée de partager dans un communiqué quelques jours plus tard la société, cotée en bourse ?
Est-ce une forme de rétropédalage ? « Personne ne veut travailler avec eux. Solutions 30 ne respecte pas la procédure, en ignorant l’administrateur judiciaire dans certaines démarches. Le CSE ne donnera pas un avis favorable à Solutions 30 », assure le représentant du CSE. Malgré la stratégie de diversification aux 1.000 salariés potentiellement repris par le groupe luxembourgeois, cette perspective n’enchante pas les anciens salariés de Scopelec. « Si le tribunal de commerce va dans leur sens, cela n’ira pas », prévient Frédéric Mazars.
A contrario, le juge pourrait aller dans la direction de Circet, le troisième et dernier candidat sérieux dans la procédure, racheté récemment par un fonds d’investissement britannique. « C’est beau, ils ont de l’argent, cela fait rêver. Seulement, ils n’engagent pas de diversification dans leur stratégie et commentent la même erreur que Scopelec », poursuit le porte-parole des salariés. Autre point de blocage, la garantie de l’emploi pour les équipes reprises de seulement 12 ou 24 mois selon les activités.
Pour se faire une idée, le CSE a pu auditionner une voire deux fois les différents candidats, avant d’éplucher la copie finale de chacun ce mardi 6 décembre. « Nous, nous voulons repartir en modèle coopératif, qui est vertueux. J’espère que le juge l’entend. On y croit », garantit le délégué syndical. Le tribunal de commerce de Lyon doit rendre son délibéré ce jeudi 8 décembre.
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