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PARIS: Emmanuel Macron s’est entretenu jeudi avec le président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva, à qui il a “réitéré le soutien de la France” après les attaques menées début janvier par des partisans de Jair Bolsonaro contre plusieurs lieux de pouvoir.
“Lors de notre entretien, j’ai réitéré au Président @LulaOficial le soutien de la France après les attaques contre la démocratie brésilienne”, a tweeté le président français. “Nous avons réaffirmé notre détermination à agir pour le climat, la biodiversité, nos forêts et contre la faim. Nous relèverons ces défis”.
Le 8 janvier, une semaine après l’investiture de Lula, plus de 4 000 soutiens de l’ex-président brésilien Jair Bolsonaro, refusant sa défaite, ont envahi et saccagé le Congrès, le palais présidentiel et la Cour suprême à Brasilia.
Lula da Silva a depuis limogé de nombreux militaires, dont le chef de l’armée de terre, Julio César de Arruda.
Le Brésil et la France, avec la Guyane, possèdent plus de 700 kilomètres de frontière commune.
https://arab.news/2f4h4
WASHINGTON: Un chef du groupe Etat islamique, identifié comme Bilal al-Sudani, et “environ dix personnes” liées à l’organisation terroriste, ont été tués mercredi dans un raid américain en Somalie, a fait savoir jeudi l’exécutif américain.
“Al-Sudani se chargeait d’encourager la présence croissante du groupe Etat islamique en Afrique et de financer ses opérations dans le monde, y compris en Afghanistan”, a commenté dans un communiqué le secrétaire à la Défense Lloyd Austin.
Cette opération préparée depuis “plusieurs mois”, n’a fait de victime ni dans la population civile ni parmi les militaires américains, a précisé une haute responsable de la Maison Blanche lors d’un entretien avec des journalistes.
Le président Joe Biden a donné son feu vert à l’opération cette semaine, après avoir consulté les plus hauts responsables de la Défense et des services de renseignement, a-t-elle indiqué.
“Il a été finalement décidé qu’une capture (du djihadiste) était la meilleure option pour obtenir le plus de renseignement possible de l’opération”, a indiqué un autre responsable américain. Mais “la réponse des forces ennemies a conduit à sa mort”.
La haute responsable, qui n’a pas souhaité être identifiée, a déclaré que le raid avait été précédé de “répétitions intensives” des forces américaines, sur des sites “spécifiquement construits” pour imiter le terrain où il a eu lieu, une caverne dans les montagnes du nord de la Somalie.
“Nous étions prêts à capturer al-Sudani”, a-t-elle assuré.
Joe “Biden a dit très clairement que nous étions décidés à trouver et à éliminer toutes les menaces terroristes contre les Etats-Unis et contre le peuple américain, où qu’elles soient, même dans les endroits les plus reculés”, a affirmé un autre responsable de la Maison Blanche.
Le seul Américain blessé est un soldat blessé par son chien de service.
L’armée américaine, qui possède une base à Djibouti, mène depuis plusieurs années des opérations en Somalie, en coopération avec l’armée régulière somalienne et au nom du gouvernement.
Il s’agit principalement de frappes aériennes contre les islamistes radicaux shebab, liés à Al-Qaïda, menées depuis l’étranger, mais elle mène aussi des opérations terrestres dans le pays, entre deux et quatre par an.
En août dernier, le chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, avait été tué sur son balcon en Afghanistan par une frappe de drone américain.
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WASHINGTON: Cinq policiers ont été inculpés et incarcérés jeudi pour meurtre à la suite du décès début janvier d’un Afro-Américain, quelques jours après une arrestation “épouvantable” dans le sud des Etats-Unis, selon les autorités.
Ces agents de la police de Memphis, grande ville du Tennessee, tous Afro-Américains, sont visés par plusieurs chefs d’inculpation, dont meurtre, coups et blessures ou encore enlèvement, a annoncé le procureur Steve Mulroy lors d’une conférence de presse.
Le président américain Joe Biden a réclamé jeudi dans un communiqué une “enquête rapide, complète et transparente” sur ce drame.
Le 7 janvier, les policiers – depuis licenciés – avaient voulu arrêter Tyre Nichols, 29 ans, pour une infraction routière.
Alors que les agents s’approchaient, une “confrontation avait eu lieu” et “le suspect s’était enfui”, avaient expliqué les forces de l’ordre.
Rattrapé, Tyre Nichols avait finalement été interpellé mais s’était plaint d’avoir du mal à respirer et avait été hospitalisé.
Il était décédé trois jours plus tard.
«Passage à tabac»
Les détails de cette arrestation ne sont pas encore clairs: une vidéo des faits existe, mais a pour l’instant uniquement été montrée aux proches de la victime et à leurs avocats.
Selon ces derniers, “la police l’a battu au point qu’il était méconnaissable”.
“Il s’agit d’un passage à tabac pur et simple, sans interruption, de ce jeune homme pendant trois minutes”, a déclaré Me Antonio Romanucci.
Lors de la conférence de presse jeudi, les autorités ont évité de décrire précisément le déroulé des faits, renvoyant aux images.
Mais ce qui s’est passé était “inadmissible” et “criminel” et “n’aurait pas dû se produire”, a martelé David Rausch, directeur du bureau d’enquête du Tennessee, se disant “choqué” et “écoeuré” par ce qu’il a vu.
“En un mot, c’est absolument épouvantable.”
«Inhumain»
Les avocats de la famille de la victime, dont le célèbre Ben Crump – qui avait représenté la famille de George Floyd – ont salué l’inculpation des policiers. Cette nouvelle “nous donne de l’espoir alors que nous continuons à réclamer justice pour Tyre”, ont-ils commenté.
Jeudi, en évoquant ses rencontres avec les proches de Tyre Nichols, le procureur Steve Mulroy a dressé le portrait d’un “fils presque parfait”. “Une personne joviale et heureuse, qui aimait le skateboard”, a-t-il dit.
Les cinq agents inculpés ont été licenciés la semaine dernière. L’investigation interne de la police avait démontré qu’ils avaient fait usage de la force de façon excessive.
D’autres policiers font encore l’objet d’une enquête.
Les agents mis en cause sont “directement responsables des violences physiques commises sur M. Nichols”, a déclaré mercredi la cheffe de la police de Memphis Cerelyn Davis, estimant qu’il ne s’agissait “pas seulement d’une erreur professionnelle, mais d’un manque d’humanité”.
“Cet acte était odieux, irresponsable et inhumain.”
Violence policière
La vidéo de l’arrestation sera rendue publique vendredi après 18H00 locales (minuit GMT samedi).
“Je m’attends à ce que vous soyez scandalisés” en voyant ces images, a admis Cerelyn Davis.
Jugeant également probable l’organisation de manifestations, la cheffe de la police a appelé à ne pas “inciter à la violence ou à la destruction”.
Dans son communiqué, Joe Biden dit se joindre à la famille de Tyre Nichols en appellant à ce que les manifestations soient “pacifiques”.
“La colère est compréhensible, mais la violence n’est jamais acceptable”, a-t-il ajouté.
L’affaire trouve un écho particulier dans un pays encore marqué par la mort de George Floyd, en mai 2020, et les manifestations Black Lives Matter, contre le racisme et les violences policières, qui avaient suivi.
Et le drame a relancé le débat sur la violence policière dans le pays.
“Nous ne pouvons ignorer le fait que les interventions policière mortelles ont davantage touché les personnes noires”, a rappelé le président Biden.
Le président démocrate exhorte le Congrès à passer un projet de loi de réforme de la police, adopté à la Chambre des représentants en 2021 mais qui n’a pas passé l’obstacle du Sénat.
Depuis le meurtre de George Floyd, le Congrès américain a été incapable d’adopter toute réforme ambitieuse de la police aux Etats-Unis, y compris l’interdiction des prises d’étranglement.
Le président de l’organisation de défense des droits civiques NAACP, Derrick Johnson, a pour sa part appelé les élus du Congrès à regarder la vidéo de l’arrestation, puis à agir.
“Nous pouvons nommer toutes les victimes de violences policières, mais nous ne pouvons pas citer une seule loi que vous avez passée pour régler le problème.”
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PARIS: Le Mali l’a remplacée par les Russes, le Burkina ne veut plus d’elle et les djihadistes étendent leurs zones d’influence. En pleine disgrâce au Sahel, la France doit s’inventer une stratégie pour rester militairement efficace et politiquement influente.
La tâche tarde à prendre forme : le président Emmanuel Macron s’était donné six mois en février 2022 pour définir une stratégie après l’annonce de la fin de l’opération antidjihadiste Barkhane, entamée en 2014. Un an plus tard, des conclusions sont attendues “dans les prochaines semaines”, selon une source gouvernementale.
Le déclassement, de fait, est profond. Le dernier soldat français est parti du Mali fin août après neuf ans d’opérations militaires. Les relations sont glaciales avec la junte de Bamako, qui s’est offerte les services du groupe paramilitaire russe Wagner.
En Centrafrique, où l’ex-puissance coloniale s’était déployée face aux violences intercommunautaires, les ultimes militaires présents sont partis en décembre. Et au Burkina, où les relations diplomatiques restent correctes pour l’instant, ce sont les 400 soldats des forces spéciales qui plient bagage.
Autant de signes parmi d’autres d’une lame de fond géopolitique alors que se dégrade l’image de la France dans les opinions de la région, où des puissances concurrentes, Russie en tête, soufflent allègrement sur les braises.
D’où le constat de Stephen Smith, professeur d’études africaines à l’université Duke aux Etats-Unis: “La France doit vivre avec le reproche qu’elle est responsable du bilan des indépendances”, écrivait-il mardi dans le quotidien Le Figaro. “Mais il lui reste à comprendre le paradoxe que sa responsabilité monte en flèche alors que son influence en Afrique se réduit comme peau de chagrin”.
Boomerang
Depuis l’indépendance de ses colonies africaines, Paris a tenté de préserver ses réseaux et gérer ses intérêts. Cette politique lui revient en boomerang, alors que plus de 100 000 ressortissants français vivent en Afrique de l’Ouest et centrale et que nombre d’entreprises y sont implantées.
“La France paie sa volonté de vouloir maintenir une présence politique et militaire très forte dans son ancien pré-carré”, résume à l’AFP Jean-Hervé Jézéquel, directeur du Projet Sahel de l’organisation de résolution des conflits Crisis Group. “Au Sahel, les responsabilités sont sans doute partagées. Néanmoins, La France a joué un rôle de chef de file et doit donc assumer ses responsabilités”.
L’été dernier, Emmanuel Macron avait indiqué souhaiter redéfinir le projet de l’hexagone en Afrique, notamment avec une action militaire axée sur les partenariats avec les armées locales. Et une visibilité moindre.
“L’Elysée demande dorénavant à son armée de raser les murs au sud du Sahara”, ironise à cet égard Stephen Smith.
Mais quid alors de son efficacité militaire ? Le Mali est aujourd’hui inaccessible et, comme le Burkina, est impuissant face aux groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique, qui s’étendent vers le Golfe de Guinée.
“C’est une gabegie, on n’a pas de stratégie”, souffle un ancien militaire de Barkhane, déplorant une absence de vision globale cohérente.
«Problème d’accès»
Katherine Zimmerman, experte du Sahel à l’American Enterprise Institute de Washington, note que les Français “font face à un problème d’accès” aux zones de prédation des groupes au Sahel, aggravant le défi déjà énorme de lutter contre des réseaux djihadistes profondément ancrés dans les enjeux politiques locaux.
“L’armée française ne peut plus viser le coeur des réseaux au Mali et au Burkina. A la place, elle devra s’appuyer sur la Côte d’Ivoire, le Niger et le Sénégal pour limiter la propagation et contenir le problème”, précise-t-elle à l’AFP, relevant que Bénin, Togo et Ghana, désormais inquiétés, peuvent aussi y contribuer en facilitant des opérations frontalières.
Mais ce qui apparaît en filigrane est bien le recul de l’espoir d’une solution militaire alors qu’il reste quelque 3 000 militaires français au Sahel, après un pic à 5 500 en 2020.
Au Mali par exemple, où l’armée sait que le rapport de force lui est défavorable, fût-ce avec l’aide de Wagner, “beaucoup d’élites pensent qu’il faut négocier pour trouver un compromis, notamment avec les groupes liés à Al-Qaïda”, explique Lémine Ould Salem, analyste mauritanien.
Paris s’y est opposée “pour des raisons de doctrine”, mais “c’est une de ses erreurs” car “un mauvais compromis vaut mieux qu’une guerre qui s’éternise” affirme-t-il.
Selon lui, “la France aurait pu réussir sur le plan militaire si cela avait été accompagné par une démarche politique”.
Et s’il estime qu’un “modèle de coopération militaire très discret”, éloigné des capitales, pourrait donner des résultats, il n’aboutira qu’à la “condition que les Africains eux-mêmes expriment ce désir-là. Sinon c’est voué à l’échec”.