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Recrutement de 8 500 policiers et gendarmes sur 5 ans, transformation numérique du ministère, investissements dans la cybersécurité, départementalisation de la police nationale… Voici quelques-unes des mesures de la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'intérieur (LOPMI) qui prévoit 15 milliards d'euros d'ici 2027.
Étape 1 validée
7 septembre 2022
Conseil des ministres
Étape 2 validée
7 septembre 2022
Dépôt au parlement
Étape 3 validée
14 décembre 2022
Examen et adoption
Adoption définitive
Étape 4 validée
19 janvier 2023
Conseil Constitutionnel
Étape 5 validée
24 janvier 2023
Promulgation
La loi a été promulguée le
Elle a été publiée au Journal officiel du
Le 19 janvier 2023, le Conseil constitutionnel avait jugé partiellement non conforme le projet de loi. Il avait été saisi d'un recours par plus de 60 députés le 19 décembre 2022.
Le texte avait été présenté au Conseil des ministres du 7 septembre 2022 par Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des outre-mer. Il avait été adopté en première lecture, avec modifications, par le Sénat le 18 octobre, puis par l'Assemblée nationale le 22 novembre 2022. Après accord en commission mixte paritaire le 1er décembre, l'Assemblée nationale avait adopté le projet de loi le 7 décembre 2022. Le Sénat l'avait définitivement voté le 14 décembre 2022.
Le gouvernement avait engagé la procédure accélérée sur le texte le 7 septembre 2022.
La loi fixe les objectifs et programme les moyens humains, juridiques, budgétaires et matériels du ministère de 2023 à 2027. Elle prévoit une hausse du budget de l’Intérieur de 15 milliards d’euros sur les cinq prochaines années, pour investir dans le numérique, pour une plus grande proximité des services et pour mieux prévenir les menaces et les crises.
Ce texte, qui a été amendé par les parlementaires, est accompagné d’un rapport annexé qui détaille les ambitions et les projets de modernisation du ministère de l’intérieur d’ici 2027. Un comité des investissements, présidé par le ministre, va être institué pour les projets d’investissement majeurs.
Près de la moitié du budget de la loi est consacrée à la “révolution numérique” du ministère et à la modernisation des moyens de lutte contre la cybercriminalité. Le livre blanc sur la sécurité intérieure, publié en novembre 2020 avait mis en évidence la nécessité d’investir massivement dans le domaine technologique.
Parmi les projets annoncés, figurent la dématérialisation des procurations électorales, un accompagnement humain pour les télé-procédures du ministère, de nouveaux outils numériques pour les forces de l’ordre ou encore une agence du numérique des forces de sécurité.
Le cadre pour le déploiement du “réseau radio du futur”, réseau de communications à très haut débit (4G et 5G des opérateurs mobiles) qui doit être commun aux forces de sécurité et aux services de secours, est défini (à l’origine une ordonnance était prévue).
En matière de cybersécurité, les crédits permettront de créer une école de formation cyber au sein du ministère et l’équivalent numérique de “l’appel 17”, le 17 Cyber, pour signaler en direct une cyberattaque ou une escroquerie en ligne. De plus, 1 500 cyber-patrouilleurs seront déployés. Toutes les entreprises et les institutions seront sensibilisées aux risques cybers.
Le code de procédure pénale est, en outre, modifié pour permettre aux policiers, sur autorisation de la justice, de saisir des actifs numériques.
Pour une meilleure information de la police et de la justice, les clauses de remboursement des cyber-rançons par les assurances sont encadrées. Le remboursement est désormais conditionné au dépôt d’une plainte de la victime dans les 72h après connaissance de l’infraction. Les parlementaires ont prévu que l’obligation soit limitée aux professionnels et qu’elle s’applique 3 mois après la promulgation de la loi. L’assurabilité sous conditions des cyber-rançons est une recommandation du ministère de l’économie, figurant dans son rapport sur “le développement de l’assurance du risque cyber”.
À l’initiative des députés, les peines encourues en cas de cyberattaques contre un réseau informatique ou bancaire, les hôpitaux et les services de numéros d’urgence ont été aggravées. En outre, le gouvernement devra remettre d’ici fin 2023 deux rapports évaluant la protection des collectivités locales et des entreprises face aux cyberattaques.
Des dispositions traitent de l’accueil des victimes, qui pourront désormais porter plainte et être entendues par la police en visioconférence. En 2023, l’application “Ma Sécurité” lancée début 2022, doit permettre de déposer plainte en ligne et à terme de suivre son traitement.
Pour renforcer la lutte contre les violences intrafamiliales, des crédits financeront l’augmentation du nombre des enquêteurs spécialisés (4 000 contre 2 000 aujourd’hui) et des intervenants sociaux police-gendarmerie (600 contre 400 actuellement). La possibilité de porter plainte “hors les murs” d’un commissariat, déjà expérimentée, va être généralisée.
Le code pénal est revu pour sanctionner plus sévèrement l’outrage sexiste et sexuel, qui devient un délit dans certaines circonstances aggravantes (lorsqu’il est infligé à un enfant par exemple). Cet outrage aggravé est dorénavant passible de 3 750 euros d’amende, avec possibilité d’une amende forfaitaire de 300 euros.
Les amendes forfaitaires délictuelles (AFD), qui concernaient 11 délits (conduite sans permis, usage de drogue…), sont étendues à de nouveaux délits : vente à la sauvette, filouterie de carburant, tags, intrusion dans un établissement scolaire, atteintes à la circulation des trains, striking -fait d’entrer sur un terrain de sport…Initialement le projet de loi généralisait les AFD à tous les délits punis d’un an de prison maximum, soit près de 3 400.
Les parlementaires avaient, par ailleurs, durci les peines sanctionnant les violences contre les élus, les refus d’obtempérer et les rodéos urbains et facilité les poursuites en cas de menace de mort. Ces dispositions ont été censurées par le Conseil Constitutionnel comme cavaliers législatifs.
La loi renforce la filière investigation en simplifiant la procédure pénale : tous les nouveaux policiers et gendarmes vont être formés aux fonctions d’officier de police judiciaire (OPJ), des assistants d’enquête sont créés afin d’accélérer et de rendre plus efficace les enquêtes. Dans sa décision du 19 janvier 2023, le Conseil constitutionnel a limité les attributions des assistants d’enquête jugeant inconstitutionnelles certaines de leurs missions, faute de contrôle suffisant des officiers de police judiciaire.
Le rapport annexé à la loi prévoit la départementalisation de la police nationale. Les directions départementales de la police nationale (DDPN) doivent être généralisées mi-2023, “sous réserve des spécificités de la police judiciaire”. Les parlementaires ont rappelé les principes que cette réforme doit respecter et y ont apporté des garanties : libre choix du service enquêteur par les magistrats ; maintien de la cartographie des services de la police judiciaire…Trois rapports de missions d’information sont encore attendus.
Avec une hausse de près de 22% de son budget en cinq ans, le ministère de l’intérieur a aussi pour objectif de :
Ce budget permet également de tenir compte des deux protocoles signés en mars 2022 avec les syndicats sur les carrières des policiers (783 millions d’euros sur cinq ans) et des gendarmes (700 millions sur la même période).
Dans le rapport annexé, les sénateurs ont précisé que les maires doivent être consultés par le ministère de l’intérieur avant toute fermeture de commissariat ou de gendarmerie.
Le texte confie la gestion des crises graves (cyber, santé, environnement…) aux préfets de département qui dirigeront désormais l’action des établissements et services déconcentrés qui ne relèvent pas de leur autorité en temps normal. La construction d’un “centre interministériel de crise 2.0” est envisagé.
Pour développer la culture du risque chez les citoyens, l’organisation chaque année d’une journée nationale obligatoire dédiée aux risques majeurs et aux gestes qui sauvent est annoncée.
En vue de la Coupe du monde de rugby en 2023 et des Jeux Olympiques de 2024, 11 nouvelles unités de forces mobiles (UFM) spécialisées vont être constituées.
La sécurité civile, la sécurisation des frontières et les centres de rétention administrative doivent aussi bénéficier de crédits.
Les mesures de la loi sont adaptées et étendues outre-mer (initialement une ordonnance devait intervenir).
Les projets d’investissement pour les outre-mer sont : un effort de remise à niveau de l’architecture de leurs réseaux de communication, de nouveaux outils technologiques pour lutter contre les trafics aux frontières, un pré-positionnement des moyens de la sécurité civile pour fournir une première réponse en cas de risque naturel (comme les cyclones ou séismes), des plans des risques spécifiques à chaque territoire ultramarin…
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