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Le Haut Conseil à l'Egalité a publié, ce lundi 23 janvier, son cinquième rapport annuel sur l'état du sexisme en France. Voici les enseignements qu'il faut en tirer.
“Le sexisme ne recule pas en France. Au contraire, certaines de ses manifestations les plus violentes s’aggravent, et les jeunes générations sont les plus touchées.”
Voici les conclusions du cinquième rapport annuel sur l’état du sexisme en France, publié ce lundi par le Haut Conseil à l’Egalité (HEC).
Il s’appuie sur les chiffres officiels et sur un baromètre réalisé par l’institut ViaVoice auprès de 2.500 personnes représentatives, âgées de 15 ans et plus.
80% des Françaises sondées ont déjà eu l’impression d’avoir été moins bien traitées en raison de leur genre, contre seulement 37% pour les Français, notamment dans la rue et les transports (pour 57% des femmes), à leur domicile (49%) et dans le monde du travail (46%).
Dans le détail, il s’agit de blagues et remarques sexistes (57%), de déséquilibre dans les tâches ménagères (41%), de sifflements et gestes déplacés (41%), de “mansplanning” -lorsqu’un homme explique à une femme quelque chose qu’elle sait déjà- (38%), et de remarques sur la tenue ou le physique (29%).
Concernant le monde du travail, 23% des femmes ont vécu un écart de salaire avec un collègue homme, à poste égal ou compétences égales, et 13% une discrimination à l’emploi. Ces taux s’élèvent à 34% et 21% pour les cadres.
Plus d’une femme sur dix (14%) déclare avoir subi un “acte sexuel imposé”, c’est-à-dire une agression sexuelle ou un viol. Ce score grimpe à 22% pour celle âgées de 18 à 24 ans.
22% des Françaises interrogées ont déjà vécu une situation d’emprise psychologique ou de jalousie excessive imposée par leur conjoint.
15% affirment avoir subi des coups portés par leur partenaire ou ex-partenaire, un score qui monte à 20% chez les femmes âgées de 50 à 64 ans.
33% des femmes interrogées ont déjà eu un rapport sexuel en raison de l’insistance de leur partenaire, alors qu’elles n’en avaient pas envie.
12% ont déjà eu un rapport sexuel non protégé devant l’insistance de leur partenaire, et 18% pour les 25-34 ans.
7% ont déjà eu un rapport sexuel non consenti sous emprise d’alcool ou de drogue, un score qui double presque (12%) pour les 18-24 ans.
7% ont déjà subi des étreintes, baisers par un collègue ou un homme qu’elles ne connaissaient pas.
4% ont déjà eu un rapport sexuel pendant lequel leur partenaire a retiré le préservatif sans demander leur accord, un score qui grimpe à 8% pour les 18-24 ans.
Pour rappel, 122 femmes ont été victimes de féminicide conjugal en 2021, contre 102 en 2020, soit une augmentation de 20%.
Les réseaux sociaux sont loin d’être un espace sécurisant pour les femmes. La haine misogyne en ligne, le cyberharcèlement et le cybersexisme (injures, menaces de violences et de mort, propositions indécentes, insultes, persécution) auraient déjà été expérimentées par 73% des femmes dans le monde, selon l’ONU.
9 femmes interrogées sur 10 affirment anticiper les actes et les propos sexistes des hommes et adoptent des conduites d’évitement.
Elles renoncent à sortir et faire des activités seules (55%), à s’habiller comme elles le souhaitent (52%), veillent à ne pas parler trop fort ou hausser le ton (41%) et censurent leur propos par crainte de la réaction des hommes (40%).
Et 8 femmes sur 10 ont peur de rentrer seules chez elles le soir.
Le rapport du HEC sonde aussi les hommes sur leur vision du sexisme en France. 33% d’entre eux estiment que le féminisme menace la place et le rôle des hommes dans la société.
23% des interrogés considèrent qu’on en fait trop sur les agressions sexuelles.
Parmi les moins de 35 ans, 25% assurent qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter.
Le Haut Conseil à l’Egalité propose 10 recommandations pour lutter urgemment contre le sexisme:
– augmenter les moyens financiers et humains de la justice pour former plus et en plus grand nombre les magistrats au sein des juridictions chargées de traiter les violences intrafamiliales;
– instaurer une obligation de résultats pour l’application de la loi sur l’éducation à la sexualité et à la vie affective dans un délai de trois ans, et prévoir une sanction financière en cas de non-respect de cette obligation dans ce délai;
– réguler les contenus numériques pour lutter contre les stéréotypes, représentations dégradantes, et traitements inégaux ou violents des femmes, en particulier les contenus pornographiques en ligne;
– rendre obligatoires les formations contre le sexisme par les employeurs;
– généraliser l'”égaconditionnalité”, qui conditionne l’argent public à une contrepartie en terme d’égalité, et la budgétisation sensible au genre;
– créer une Haute Autorité indépendante pour lutter contre les violences sexistes en politique;
– conditionner les aides publiques à la presse écrite à des engagements en matière d’égalité;
– rendre obligatoire un système d’évaluation et une publication annuelle sur la part de représentation des femmes dans les manuels scolaires, informant voire conditionnant leur mise sur le marché;
– interdire la publicité pour les jouets genrés;
– institutionnaliser la journée nationale de lutte contre le sexisme le 25 janvier.
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