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Les femmes sont-elles instrumentalisées par l’exécutif pour faire passer sa réforme ? Pour Sophie Binet, de la CGT, c’est une évidence. Le gouvernement se sert des femmes pour faire passer des mesures injustices.
Pour l’exécutif, en revanche, cette réforme va venir rectifier un certain nombre d’inégalités pour les femmes, notamment celles qui ont de petites pensions, ou des carrières hachées. C’est en tout cas le discours répété ces dernières semaines par la Première ministre Elisabeth Borne, et les autres membres du gouvernement, pour tenter de convaincre les Français d’adhérer à leur projet.
L’étude d’impact présentée, ce lundi, par l’exécutif, avec son projet de loi, montre, en effet, que le report de l’âge de 62 à 64 ans va beaucoup plus toucher les femmes que les hommes. Et notamment les femmes nées dans les années 70. Pour les femmes nées en 1972, par exemple, l’âge moyen de départ va augmenter de neuf mois contre cinq pour les hommes de la même année.
Pour la génération de celles nées en 1980, l’écart sera encore plus marqué puisqu’il sera deux fois plus important : 8 mois de plus pour les femmes contre quatre pour les hommes. L’écart varie en fonction des générations, mais toujours à la défaveur des femmes.
En cause, « l’avantage » familial dont bénéficient les femmes qui ont des enfants. Actuellement, elles bénéficient de trimestres (8 trimestres par enfant) qui leur permettent de partir plus tôt à la retraite en termes d’annuités à cumuler. Avec l’âge légal, elles perdront de facto cet avantage. Non pas que le gouvernement le retire. Mais, plutôt parce qu’il s’effacera de lui-même en raison du recul de l’âge. En effet, même en faisant valoir la majoration pour la maternité, ces femmes qui ont des enfants devront attendre d’avoir 64 ans pour liquider leur retraite à taux plein.
De quoi alimenter la grogne, notamment chez les femmes qui ne sont pas en dispositif carrière longue, qui ont commencé à travailler après 20 ans, ont fait quelques années d’études. Soit des femmes ayant aujourd’hui entre 40 et 55 ans, appartenant à la classe moyenne, qui ont des Bac +2 ou +3 et qui, aujourd’hui, ont des postes de management intermédiaires.
Pour les femmes cadres nées dans ces générations 70 ou 80, qui sont entrées tard sur le marché du travail, du fait de leurs études, il y aura en revanche peu de changement, car le gouvernement maintient le départ à taux plein à 67 ans. Pour les femmes n’ayant pas d’enfants, là non plus, pas de changement. En revanche, pour les millions d’autres, cela a toutes les chances d’apparaître comme une régression.
« Oui, pour des millions de femmes, c’est la double peine », confirme François Hommeril, à la tête du syndicat CFE-CGC. « Ce que ne mesure pas le gouvernement, c’est que ces femmes ont souvent perdu en salaire, ont vécu des ralentissement dans leur carrière, du fait de ces maternités. Les avantages familiaux permettaient de compenser un peu ces distorsions ». Sans compter que ces femmes, en procréant contribuent à l’équilibre démographique du régime par répartition.
Le gouvernement, lui, a bien vu que la réforme demandait plus d’effort aux femmes qu’aux hommes d’une même génération. Mais il assume et minimise. Les éléments de langage sont bien rodés. Il met en avant l’espérance de femmes plus importante pour les femmes que pour les hommes.
Pour Matignon, « le fait de décaler l’âge légal conduit les femmes à décaler davantage leur départ à la retraite. Globalement, la variation de l’âge de départ est donc plus importante chez les femmes mais elles continuent en moyenne à avoir des âges de départ inférieur à ceux des hommes avec une espérance de vie plus forte. Car les effets sur le montant des pensions sont plus favorables aux femmes ».
Surtout, le gouvernement assure que la réforme des retraites va conduire à une revalorisation moyenne des pensions plus importante pour les femmes. Pour les générations nées en 1972, la hausse serait de 2,2% contre 0,9 % pour les hommes.
Comme dans le privé, le calcul de la pension se base sur les 25 meilleures années. Comme en général, un ou une salariée est mieux payée en fin de carrière qu’en début de carrière, c’est un effet mécanique du report de l’âge.
Mais c’est oublier que si le montant des pensions des femmes va aussi aller en s’améliorant, c’est aussi parce que les femmes nées depuis les générations 70 travaillent plus que leurs aînées. Soit un effet naturel.
Autrement dit, le gouvernement reconnaît que les femmes vont y perdre d’un côté, en durée de travail. Mais, il met en avant que sa réforme est juste, car leurs pensions vont s’améliorer , car en ayant travaillé plus longtemps, leurs pensions seront forcément meilleures.
Enfin, pour parer les critiques, le gouvernement met aussi en avant une meilleure prise en charge des périodes de congés parentaux. Mais, attention, cette disposition ne s’applique qu’aux carrières longues, c’est-à-dire pour les femmes ayant commencé à travailler avant 20 ans dans la réforme.
Reste que selon les calculs du gouvernement, à peine 3000 femmes par an, pourront partir à la retraite de manière anticipée grâce à cette meilleure prise en compte du congé parental. « Ce qui est finalement très peu, » regrette François Hommeril, de la CFE-CGC, « Tant mieux pour ces 3 000 femmes…. mais cela ne doit pas occulter les milliers d’autres femmes, qui, elles vont être perdantes dans cette réforme ».
Politiquement, la question est très sensible. Surtout que durant son premier quinquennat, Emmanuel Macron a cherché à faire de la cause des femmes, un axe prioritaire. Sa communication risque d’en prendre un sacré coup ! Les associations féministes risquent de monter aux créneaux. Les femmes concernées – de ces générations 1970/80 – pourraient être tentées de se mobiliser le 31 janvier prochain.
A la sortie du conseil des ministres, Olivier Dussopt a toutefois assuré ce lundi midi : que « les mesures du gouvernement dans le cadre de la réforme ne creusent pas les inégalités entre les hommes et les femmes », et « qu’elles rétablissent même un certain nombre de choses ».
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