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Le président chinois Xi Jinping est en visite officielle ces 17 et 18 janvier en Birmanie. Au menu des discussions : la construction d’un couloir économique qui reliera la Chine à l’océan Indien. Mais cette décision risque de rendre la Birmanie encore plus dépendante du géant asiatique, estiment les analystes.
Le président chinois Xi Jinping arrive en Birmanie avec des dizaines de milliards de dollars dans ses valises. Le projet phare du Pékin est une gigantesque zone industrielle et un port en eaux profondes. 1,3 milliard de dollars sont prévus pour ce chantier situé dans l’État d’Arakan, dans l’ouest du pays.
Les Chinois investissent à tour de bras
Mais cette région est aussi le théâtre d’affrontements entre l’armée régulière birmane et les musulmans séparatistes Rohingyas. Malgré les combats, les autorités birmanes ont décrété cette zone ouverte aux affaires. Une mesure rejetée par les Occidentaux, mais accueillie favorablement par les Chinois.
Une ligne ferroviaire de 1 700 km devra relier le port birman de Kyaukpyu à Kunming, la capitale de la province chinoise du Yunnan. Il s’agit bien d’un couloir physique destiné à renforcer l’intégration économique de cette zone, qui pose problème au niveau de la sécurité.
Ce chemin de fer devra traverser une région montagneuse du Nord birman, où des nombreux groupes de rebelles sont présents, avant d’atteindre la frontière chinoise. Le train à grande vitesse s’ajoutera au gazoduc et à l’oléoduc (mis en service respectivement en 2013 et en 2017) par lesquels les hydrocarbures birmans sont acheminés vers la Chine.
Xi Jinping tentera aussi de débloquer la construction du barrage de Myitsone, dont China Power Investment Corporation est l’architecte principal. L’ouvrage hydroélectrique entraînerait en effet la disparition sous les eaux d’une surface vaste comme Singapour. D’abord défavorable au projet, la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi appelle maintenant ses concitoyens à reconsidérer leur position. Mais la fronde des populations locales à l’origine de la suspension du projet ne s’est pas apaisée. Un camouflet infligé à la Chine, qui considère l’Asie du Sud-Est comme sa zone d’influence.
Un risque de dépendance
Pékin et Rangoun ont des liens anciens. Les sanctions économiques internationales imposées à la junte militaire après qu’elle a invalidé les élections de 1990 remportées par la Ligue nationale pour la démocratie d’Aung San Suu Kyi ont paradoxalement ouvert la voie aux investissements chinois. Plus récemment, ciblée par les sanctions des Occidentaux après les exactions commises par l’armée birmane à l’encontre des musulmans Rohingyas, la Birmanie s’est vue offrir plusieurs dizaines de milliards de dollars sous forme d’investissements.
Mais pour certains analystes, l’image est claire : la Birmanie est en train de devenir de plus en plus dépendante de la Chine, ce qui à long terme pourrait être une position très dangereuse. L’exemple du Sri Lanka est en cela éloquent. Afin de réduire une dette contractée auprès de la Chine, le petit pays a conclu un accord et perdu le contrôle de son port d’Hambantota détenu à 70 % par deux entreprises publiques chinoises pour 99 ans.
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