Le chiffre d'affaires dans le pays, longtemps point noir du groupe, est reparti à la hausse pour la première fois depuis début 2019. Orange attend toujours le feu vert de Bruxelles pour pouvoir fusionner ses activités espagnoles avec MásMóvil. En France, le chiffre d'affaires a encore baissé mais à un rythme plus faible.
Par Raphaël Balenieri
Orange redresse la barre en Espagne. Pour la première fois depuis le début 2019, le chiffre d'affaires de l'opérateur dans le pays (son deuxième marché après la France) est reparti à la hausse au troisième trimestre, selon les derniers résultats publiés mardi. Avec une progression de 0,2 %, à 1,1 milliard d'euros (plus de 10 % de l'activité), la croissance reste certes modeste. Mais c'est une bonne nouvelle pour Orange, en attendant que Bruxelles examine son projet de fusion avec MásMóvil, le numéro quatre du marché espagnol (Orange étant le numéro deux).
Car depuis des mois, l'Espagne plombait les comptes du groupe. Le pays est l'un des marchés les plus concurrentiels en Europe sur les télécoms, avec une multitude d'opérateurs sans réseaux (les fameux MVNO, pour « Mobile Virtual Network Operators ») multipliant les promotions. L'été dernier, la situation était telle qu'Orange avait dû procéder à une dépréciation d'actifs de 3,7 milliards d'euros, le faisant passer dans le rouge. Mais l'opérateur s'est retroussé les manches, avec un plan mené par Jean-François Fallacher, le nouveau patron Espagne en place depuis deux ans. L'opérateur a supprimé certaines de ses marques et fait remonter ses prix, l'objectif étant d'aller chercher de la valeur le plus possible.
« C'est la stratégie du 'more for more', et elle est cruciale face au défi inflationniste actuel », explique Ramon Fernandez, directeur général délégué chargé des Finances. Par exemple, le prix des offres Love, sous la marque Orange, a été augmenté de 2 euros ou 5 euros. Par ailleurs, Orange continue d'utiliser sa marque Jazztel sur le milieu de gamme. Une meilleure segmentation qui porte ses fruits : le taux de désabonnement a baissé au troisième trimestre et le panier moyen des abonnés progresse. A cela s'est ajoutée la reprise du tourisme cet été en Espagne qui a fait augmenter les revenus du roaming (+18 %).
La messe n'est cependant pas dite. Sur les neuf premiers mois de l'année, les ventes restent en recul dans le pays (-2,8 %). Sur le front de la rentabilité, l'objectif est de revenir à une croissance positive du cash-flow organique en 2022 et de l'Ebitda en 2023. Mais surtout, Orange est suspendu à la décision de la Commission européenne sur MásMóvil. Les deux opérateurs vont regrouper leurs activités en Espagne dans un joint-venture à 50-50 qui donnera naissance au numéro deux du marché, avec 36 millions de clients et une valeur d'entreprise d'environ 18 milliards d'euros.
Orange décidé à baisser les coûts de son réseau de boutiques
L'exécutif européen a été notifié en septembre et Orange espère bien boucler l'opération au second semestre 2023. Mais la décision la semaine dernière de l'avocate générale de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) sur la fusion avortée entre O2-Three au Royaume-Uni a jeté le trouble sur les perspectives de consolidation dans les « telcos » en Europe.
Orange reste cependant confiant. « La fusion ne dégradera pas la compétitivité. Il y a énormément d'acteurs sur le marché de gros. MásMóvil lui-même emprunte beaucoup les réseaux des autres opérateurs », explique Mari-Noëlle Jégo-Laveissière, la patronne Europe d'Orange.
En attendant, les chantiers en Europe ne manquent pas pour le groupe. En France, son chiffre d'affaires a encore baissé mais à un rythme plus faible (-1 % contre -2,7 % au deuxième trimestre) pour atteindre 4,4 milliards d'euros, soit 41 % de l'activité. L'opérateur fait face à un ralentissement des ventes fibre (+293.000 sur la période) après le boom des confinements. En revanche, sur le mobile, Orange a signé sa meilleure performance depuis 2017 avec 212.000 nouveaux abonnés.
Christel Heydemann renouvelle son état-major chez Orange
Toutes géographies confondues, le chiffre d'affaires ressort en légère hausse de 1 %, à 10,8 milliards d'euros, pour un Ebitda stable à 3,6 milliards d'euros. Le groupe a confirmé ses objectifs financiers pour 2022. Prochain rendez-vous : le 16 février 2023, pour les résultats annuels – et, surtout, la présentation du plan stratégique d'Orange par la nouvelle directrice générale, Christel Heydemann.
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