Par Philippe Guerrier | Le | Motivation & engagement
Comment s’assurer que les salariés et les travailleurs participent activement à la société numérique ? Lors d’une table ronde sur l’inclusion numérique organisée à La REF 2022, 3 experts (L’Oréal, Carrefour, ICDL) et une députée partage leurs points de vue sur ce défi RH.
Comment ancrer tous les citoyens et travailleurs dans la société à l’ère numérique ?
Selon une étude de l’Insee de 2019, 17 % de la population française n’a pas accès à Internet ou ne sait pas utiliser les outils numériques. Alors qu’il devient difficile de s’en passer pour des démarches classiques : déclarer l’impôt sur le revenu, faire une demande de permis, créer son entreprise…Cet illettrisme numérique, appelé illectronisme, touche les populations les plus fragiles mais le phénomène se perçoit aussi dans les entreprises.
Dans le cadre d’une table ronde organisée le 30 août sur le stand d’IDCL de La REF (convention parisienne du MEDEF), quatre experts du monde de l’entreprise et de la politique ont apporté leurs témoignages.
« L’intérêt de Groupe L’Oréal pour l’accompagnement des collaborateurs remonte à 1971 avec la création d’un département de l’éducation permanente exploité avec beaucoup de conviction, d’humilité et d’expérimentation en mode test & learn. Nous réfléchissons à la manière de transmettre et d’apprendre. Nous nous remettons régulièrement en question dans la manière d’accompagner les collaborateurs afin qu’ils expriment leurs besoins de formations et de compétences et qu’ils deviennent acteurs de leur développement. »
« Les questions de l’illectronisme et de l’inclusion numérique sont importantes pour L’Oréal : nous avons mis en place un certain nombre de solutions à ce sujet. Il faut les relier aux évolutions technologiques et à l’innovation sur les maillons de la chaîne d’activité (laboratoires, chaîne d’approvisionnement, relation client…). Elles nous ont donné les moyens de passer la crise Covid-19 dans de bonnes conditions. Cette période a permis d’identifier les collaborateurs rencontrant des difficultés avec les outils et les usages numériques pour effectuer le travail à distance. Nous avons pu les aider avec des actions de formation spécifiques pendant les périodes de confinement. Entre 2020 et 2021, tous les collaborateurs du groupe ont disposé d’une formation au numérique. »
« Dans une démarche prospective, le Groupe L’Oréal réfléchit aux implications liées à la qualité des données, à l’IA, au métaverse et au Web 3. Je fais un lien avec l’illectronisme, l’illettrisme et l’expression avec l’exploitation d’outils conversationnels. C’est une question de dignité. Plus le collaborateur se sent en confiance pour poser ses sujets-là, plus il est facile pour nous de mettre en place des formations spécifiques sous un angle pratique . Avec les outils mis à disposition au sein du groupe et les socles de compétences numériques acquises, des collaborateurs envisagent des reconversions vers des métiers davantage orientés dans le digital. »
« En tant que Digital Retail Company, le Groupe Carrefour veut intégrer ses collaborateurs dans la transformation numérique. D’ici 2024, l’ensemble des collaborateurs seront formés au digital à divers stades. Personne ne sera exclu. »
« L’importance du badgeage des compétences numériques sur les CV est à souligner. Il est évident qu’il ne faut laisser personne de côté dans les compétences numériques mais il faut développer des moyens pour les reconnaître, y compris sur le marché du travail. Le digital engendre de nouvelles façons de penser : usage vs propriété, consommation collaborative vs hyper-consommation…
»En discutant avec des jeunes de la génération Z, nous voyons des nouveaux comportements apparaître, notamment sur le choix des moyens de transport pour les voyages professionnels en fonction de l’empreinte carbone. »
« L’illectronisme est un sujet complexe avec des profils différents. Il touche des gens différents les uns des autres, contrairement à l’illettrisme qui concerne des personnes généralement peu scolarisées.
« Selon les statistiques de l’Union européenne en matière de pénétration numérique, 40 % des Français ne disposent pas d’un minimum de compétences numériques pour leur parcours professionnel. Néanmoins, nous observons une prise de conscience progressive de ce manque de compétences, dans les grands groupes mais aussi les PME et les petites structures. Mais elle n’est pas généralisée en fonction de la taille et du degré de maturité en termes de transformation numérique. »
« L’État a un rôle à jouer mais il doit s’appuyer sur les forces vives du terrain. Certes, la formation au numérique améliorera la compétitivité, mais l’entreprise peut jouer aussi un rôle social dans l’inclusion numérique. Demain, on peut s’attendre à l’arrivée de l’IA dans toutes les strates de l’entreprise. Il va falloir s’y préparer. Le numérique inclut aussi une dimension citoyenne, ne serait-ce que pour déclarer ses impôts ou pour prendre rendez-vous chez le médecin. »
« L’objectif de l’évaluation est d’identifier un besoin en formation pour accompagner le collaborateur dans la montée en compétences numériques. Le fait de mal maîtriser un outil ou un service informatique peut générer du stress pour le collaborateur. Dès 2004, nous avions mis en place un programme d’apprentissage pour les débutants. Cela n’avait pas très bien fonctionné à l’époque. Mais, avec la crise Covid-19, les entreprises ont pris conscience de la nécessaire transformation numérique et qu’il fallait l’intégrer dans la GPEC. »
Digital Citizen : un kit pour évaluer les compétences numériques
ICDL a mis en place Digital Citizen, un cahier d’apprentissage au numérique disponible sur papier.
• « Il est complémentaire du Pix, [un service public en ligne pour évaluer, développer et certifier ses compétences numériques tout au long de la vie] qui se veut plus généraliste alors que “Digital Citizen” se concentre sur les compétences logicielles indispensables en entreprise en travaillant sur un socle minimum d’employabilité. »
• « Par exemple, nous collaborons dans ce sens avec une centaine de salariés du groupe SEB et cela marche très fort. »
Digital Citizen : un kit pour évaluer les compétences numériques
ICDL a mis en place Digital Citizen, un cahier d’apprentissage au numérique disponible sur papier.
• « Il est complémentaire du Pix, [un service public en ligne pour évaluer, développer et certifier ses compétences numériques tout au long de la vie] qui se veut plus généraliste alors que “Digital Citizen” se concentre sur les compétences logicielles indispensables en entreprise en travaillant sur un socle minimum d’employabilité. »
• « Par exemple, nous collaborons dans ce sens avec une centaine de salariés du groupe SEB et cela marche très fort. »
Extrait d’un article publié sur News Tank RH le 05/09/2022. Pour accéder à l’offre Découverte.
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