Publié le 2022-07-19 | lenouvelliste.com
La réouverture des classes est prévue le 5 septembre 2022. Comme annoncé depuis janvier 2022, pour la nouvelle année académique, le ministère introduit dans le système éducatif un livre scolaire unique pour les classes de 1re et 2e année fondamentales. Ce mardi, le ministre de l’Éducation nationale Nesmy Manigat a expliqué les contours de ce chantier au journal. Selon le titulaire du MENFP, ce livre unique sera un document ou un ensemble de documents, en créole, traitant les 5 matières de base du curriculum : créole, français (communication orale), mathématiques, sciences sociales et sciences expérimentales. Il a expliqué que la décision d’introduire un livre unique dans le système éducatif poursuit un triple objectif. « D’abord ce livre poursuit un objectif pédagogique. Cet outil garantit un socle commun d’apprentissage, de compétences, de culture et de savoir des matières de base pour tous les enfants haïtiens. Cela nous préservera de l’apprentissage à double vitesse. C’est un nivellement par le haut», a expliqué le ministre.
«Nous nous assurons que tous les enfants aient accès au meilleur contenu des 5 disciplines de base, a continué Nesmy Manigat. De plus, cet outil soulagera les parents du point de vue économique. Désormais, les écoles ne pourront pas exiger d’un enfant de se procurer 17 ouvrages seulement pour la première année fondamentale. Ce n’est pas une économie sur le nombre d’ouvrages que les parents, qui le peuvent, doivent acheter. Un parent, selon ses moyens, peut toujours acheter d’autres ouvrages à son enfant, mais ce ne sera plus une contrainte des établissements. De plus, il n’est pas interdit aux écoles de garnir leurs bibliothèques afin de mettre autant de livres que possible à la disposition des écoliers. En dernier lieu, le Livre scolaire unique permet l’interdisciplinarité, la transférabilité et la transversalité des matières. Nous avons expliqué aux éditeurs et aux auteurs que l’ouvrage unique ne doit pas être une addition des cinq matières. Dans un exercice de maths par exemple on peut évoquer un sujet de sciences expérimentales à titre d’exemple », a expliqué Nesmy Manigat.
Si cet outil est introduit dans les deux premières classes du premier cycle, Nesmy Manigat ajoute qu’il s’agit d’un projet d’expérimentation et soutient que le ministère touchera d’autres classes l’année prochaine. « Lors de la prochaine année, nous allons poursuivre avec les classes de 3e et 4e année. Nous allons recruter des experts indépendants dès le 5 septembre qui vont analyser l’expérimentation et nous prodiguer des recommandations. Nous irons étape par étape. Ce projet peut aboutir jusqu’au terminal. Déjà les modules présentés en nouveau secondaire sont uniques », a-t-il indiqué, soulignant qu’Haïti est l’un des rares pays à exiger des élèves d’acheter plusieurs ouvrages pour une même matière.
Le MENFP a eu des échanges avec des acteurs de la chaine éducative, notamment des éditeurs, autour de ce projet. Un cahier des charges autour du livre unique a été élaboré et un appel d’offres a déjà été publié dans Le Nouvelliste le 30 juin dernier. M. Manigat a révélé que de nombreux éditeurs ont manifesté leur intérêt pour le projet. « Nous avons déjà rencontré plusieurs éditeurs. Certains travaillaient déjà sur des modèles de livre unique avant même la décision du ministère. Nous leur avons expliqué ce que nous voulions faire. Ils travaillent sur les contenus. Compte tenu de leur expérience et de leur intérêt, je pense que nous serons prêts pour les premières semaines de la rentrée scolaire », a-t-il soutenu.
« Nous voulons couvrir tous les 10 départements. Ce sera une grosse opération de livraison et de distribution. Nous espérons que nous serons prêts d’ici le début de l’année scolaire. Nous avons effectué des communications aux parents pour leur assurer que les ouvrages seront disponibles à temps. Le ministère impose ce curriculum et les contenus pour ces cinq matières de base. En même temps, le ministère interdit aux écoles d’obliger les parents à acheter plus d’ouvrages. Cependant, comme nous l’avions précisé, un parent est libre d’acheter autant de livres qu’il souhaite afin d’inciter son enfant à la lecture », a poursuivi le ministre.
Le titulaire du MENFP a par ailleurs évoqué le processus d’attribution de marché pour ce projet. « Tous les détails concernant les délais et les étapes sont inscrits dans l’appel d’offres. Selon le calendrier établi, les productions seront prêtes d’ici le 5 septembre. Il est trop tôt pour le prévoir. Mais je pense que plusieurs éditeurs seront sélectionnés. Puisque cette année, comme innovation, les lots seront gagnés par département, il est quasiment impossible pour un éditeur d’obtenir les marchés pour les 10 départements. Les livres seront donnés aux établissements. Ils n’appartiendront pas aux écoliers. Ils seront donnés en prêt aux parents qui devront les remettre à la fin de l’année. Ces livres devront durer trois ans. L’année prochaine, il n’y aura donc pas d’appel d’offres pour les ouvrages de ces deux classes. Autrement dit, des parents gagnent, l’Etat gagne », s’est félicité le ministre, qui a souligné par la même occasion que le ministère qu’il dirige va travailler avec des développeurs pour une version numérique des ouvrages d’ici au milieu de cette année.
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