Digital Home Révolution : 3 syndicats, 6 réalisateurs, soit 95% de la production cinématographique française se sont unis pour écrire une lettre aux décideurs publics et leur soumettre 4 propositions concernant la VOD et plus …
Par Pascal Lechevallier pour Digital Home Révolution |
3 syndicats (SPI, APC, UPF), 6 réalisateurs médiatiques, soit 95% de la production cinématographique française se sont unis pour écrire une lettre aux décideurs publics et leur soumettre 4 propositions concernant la VOD et plus largement le financement de la filière. Quelle bonne idée ! Espérons que ces décideurs prendront le temps de la lire.
Dans cette lettre, les professionnels soulignent que la politique culturelle de la France «volontariste et intelligente, (…) a su préserver un cinéma national alors que tous ses grands voisins européens voyaient disparaître leur industrie cinématographique au seul profit du cinéma américain». Sans ce «soft power, il n’y aurait plus de création cinématographique française depuis bien longtemps» ajoutent-ils.
Mais la révolution numérique est passée par là et se fait de plus en plus menaçante, laissant «craindre purement et simplement la disparition du système de soutien à la création tel qu’on le connaît aujourd’hui.»
Si bien que nos héros nationaux, réalisateurs et producteurs, se sont réunis pour lancer un programme d’actions pour «une véritable révolution copernicienne que nous appelons de nos vœux pour assurer l’avenir de la création cinématographique française dans un monde ouvert et interconnecté.»
Voici donc les « 4 réformes fondamentales » du Collectif des 95 :
1°. « Nous demandons à ce que soit fixé par décret un prix minimum de reversement aux ayants droit de 4 euros par transaction »
4 euros par transaction pour les ayants droit, cela signifie un prix de vente TTC pour le consommateur de 8,13€ TTC. Pour un film en SD, en stéréo en sans bonus, et en location uniquement pour 48 heures. De quoi inciter les internautes à signer des pétitions pour la réouverture de MegaUpload !
Ce que les producteurs ne disent pas, mais que le CSA et le CNC ont souligné dans plusieurs études, c’est que ce sont les ayants droit qui s’attribuent la majeure partie des revenus de la VOD. Environ 60% du prix HT pour un film de nouveauté proposé à 4,99 €TTC (4,09 €HT), alors que le distributeur empoche 30% du prix de vente hors taxes et l’éditeur 10%.
Une situation bien plus avantageuse avec la VOD qu’elle ne l’est avec le DVD, où le pourcentage des ayants droit s’avère nettement moins élevé, même s’il reste supérieur en valeur absolue surtout lorsque le prix de vente final est de 19,99 €TTC.
Ce que les producteurs omettent de mentionner, ce sont les propositions 10 et 11 du rapport Hubac (dans un tiroir depuis un an) qui d’une part demandaient de ne pas mettre en œuvre la rémunération minimale garantie et qui invitaient à fixer une rémunération minimale proportionnelle pour les éditeurs de services VOD d’autre part :
“Proposition 10 – Ne pas mettre en œuvre à court terme la rémunération minimale garantie des ayants droit prévue par l’article L. 223-1 du code du cinéma et de l’image animée.
Proposition 11– Favoriser la fixation par voie d’accord professionnel d’une rémunération minimale proportionnelle des recettes tirées de l’exploitation de la VàD pour les détenteurs des droits d’exploitations et les éditeurs de services VàD.”
De plus, il faudra aussi que les producteurs nous expliquent comment ils pourront continuer à céder leurs droits à iTunes qui vend les films de nouveauté 3,99 € TTC tout en percevant une rémunération de 4 €. Equation impossible.
2. «Mettre en place une obligation légale de préfinancement des œuvres par les opérateurs de service de VàD»
Apparemment, les producteurs ne visent que les services de VOD par abonnement. Qu’ils voudraient soumettre au même régime que les chaînes de télévision : «Ces obligations légales de préfinancement seraient assises sur un pourcentage du chiffre d’affaires annuel de ces services, devraient prendre une forme similaire à celles applicables aux chaînes de télévision pour ce qui concerne les services de VàD par abonnement et donneraient droit à des périodes limitées d’exclusivité d’exploitation en VàD des œuvres, négociées entre l’ayant-droit et le service concerné.»
J’avoue ne pas comprendre la logique de cette mesure. Je ne vois pas en quoi elle contribue au développement de l’offre légale. Je ne comprends pas comment s’articulera l’obligation légale de préfinancement avec l’actuelle taxe vidéo de 2% qui pèse sur la VOD et la SVOD et qui contribue au fonds de soutien du CNC.
En cherchant à modéliser ce mécanisme, une plateforme de SVOD qui réalise 10 M€ de CA par an, contribuerait à hauteur de 3,2% de son CA, soit 320.000 €, pour préfinancer par exemple 10 films sur scénario, soit 32.000 euros par film, qu’elle ne pourra exploiter en exclusivité que sur une période limitée au minimum 36 mois après sa sortie en salles. Je continue à dire qu’on ne peut pas appliquer aux exploitations dématérialisées les mêmes obligations qu’aux chaînes linéaires.
A moins qu’à travers cette proposition, les 3 syndicats visent le toujours invisible Netflix qui se verrait contraint de participer au préfinancement du marché, pendant que ses concurrents Apple, Youtube et Amazon échappent à toute obligation. Mais comme tous ses confrères américains, Netflix a élu domicile au Luxembourg, échappant ainsi à toutes les obligations imposées par le cinéma français.
3. «Interdire l’achat groupé de droits par les groupes medias possédant plusieurs chaînes de télévision»
Que viennent faire les droits TV dans une argumentation en faveur des exploitations numériques ?
J’aurais plutôt proposé d’interdire aux grands groupes médias possédant plusieurs chaînes d’acheter des droits VOD et SVOD en exclusivité comme cela commence à être le cas. Au lieu de se diversifier, le marché de l’exploitation des droits dématérialisés tend à se concentrer. Le cumul des mandats vidéo et VOD est une réalité qui empêche une partie des plateformes de VOD d’accéder aux films français. Et qui pourrait aussi contribuer à faire baisser la valeur marchande réelle d’un film en VOD, amputant donc les recettes potentielles des ayants droit.
Aux Etats-Unis, les grands acteurs de la VOD et de la SVOD ne sont pas des filiales des groupes média. En France, si. Le cinéma doit favoriser l’essor de nouveaux acteurs en facilitant la circulation de leurs droits.
Il est d’ailleurs étonnant de noter qu’un des producteurs mis en avant par le Collectif des 95 déclarait dans un compte rendu d’Assemblée Générale, vouloir céder en exclusivité les droits VOD de son catalogue : “Tirer profit des nouveaux modes de diffusion des films : le studio entend valoriser la VOD, dont le marché est en plein développement, grâce à un nouveau mode de commercialisation des droits sous la forme de la signature de deals exclusifs pour les films frais.”
4. «Asseoir l’assiette de redistribution des parts distributeurs sur la totalité des recettes réalisées par les exploitants de salles de cinéma»
«Il serait donc légitime que l’assiette prise en compte pour calculer la part revenant aux ayants-droit comprenne également le chiffre d’affaires confiserie réalisé par les exploitants de salles de cinéma.»
Si jamais la proposition «PopCorn» est validée un jour par le CNC, je conseille aux producteurs de l’étendre pour la VOD, aux commandes de pizzas et de sushis à domicile que nous dévorons en regardant des séances de VOD payantes.
A vrai dire, je pense que les 3 syndicats de producteurs sont passés à côté de 95% des vrais problèmes de la VOD en France, en ne se préoccupant que du financement de leurs films et absolument pas des attentes des consommateurs de VOD et de SVOD. Le véritable enjeu de l’exception culturelle française est de pouvoir s’organiser de telle sorte que tout au long de la chaîne de distribution des programmes audiovisuels , des acteurs traditionnels mais aussi de nouvelles entreprises puissent se développer afin d’éviter que 100% du marché numérique ne soit le terrain de jeu d’acteurs étrangers, basés hors du territoire. Sans oublier que ces nouveaux marchés, prometteurs et très dynamiques doivent avant tout prendre en compte les attentes des consommateurs :
@plechevallier
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