Le cercueil de la reine passe devant Emma, le fidèle poney royal d’Elizabeth II. Le 19 septembre 2022. (Aaron Chown/AP)
Le temps s’est arrêté ce lundi au Royaume-Uni. Il sera temps plus tard. Temps de retourner travailler, de s’inquiéter de la guerre en Ukraine, des prix de l’énergie et de l’inflation, du climat bousillé et du Brexit bien sûr. Il sera bien temps alors de reprendre une vie normale. En ce lundi 19 septembre 2022, le temps s’était arrêté au Royaume-Uni et rien n’y était vraiment normal. Les Britanniques enterraient leur reine, Elizabeth II, après soixante-dix ans de règne. En soi, un événement inédit. Ils disaient adieu à leur monarque, à une dame âgée de 96 ans, mais c’est aussi une page qu’ils tournaient, celle de presque un siècle d’histoire. Retrouvez-ici notre reportage à Londres.
Une petite foule se forme devant le château de Windsor. Devant la porte Henry VIII du château de Windsor, quelques badauds sont réunis avant l’enterrement privé de la Reine en présence de sa famille. Depuis la fin de la procession sur Long Walk, la ville s’est largement vidée, laissant une atmosphère endormie et solennelle. Certains essaient d’apercevoir les portes de la cour du château, tandis que d’autres boivent un verre dans la rue.
Ursula von der Leyen salue une souveraine «inébranlable». Présente lors des funérailles de la reine Elizabeth II, la présidente de la commission européenne Ursula von der Leyen a salué une reine «stoïque et inébranlable», une souveraine qui a «toujours rappelé que notre avenir est construit sur de nouvelles idées et fondé sur nos valeurs les plus anciennes».
I was honoured to pay my last respects to Her Majesty Queen Elizabeth II.
Stoic and steadfast, she always reminded us that our future is built on new ideas and founded in our oldest values.
May we all continue to find inspiration in the unique legacy she has left us. pic.twitter.com/8lKycnv4nU
Le cercueil a disparu aux yeux du monde. L’hymne «God save the King» retentit enfin. Le roi Charles III a les yeux humides, son règne commence vraiment à cette minute.
Le cercueil est en train de descendre doucement dans le sol de la chapelle. Plus tard dans la soirée, le cercueil sera transporté dans la petite chapelle adjacente où il sera définitivement inhumé, en privé. Elizabeth II reposera aux côtés de son époux le prince Philip, de ses parents le roi George VI et Elizabeth, et sa sœur Margaret. C’est ici que se terminent les obsèques officielles de la reine. Une cornemuse solitaire joue.
Les attributs de la royauté retirés du cercueil. Le sceptre, le globe et la couronne sont retirés du dessus du cercueil de la reine Elizabeth II. Ils seront transmis à Charles III lors de son couronnement, dans quelques mois. En attendant, ils seront gardés à la Tour de Londres. Ce moment signe officiellement la fin du règne d’Elizabeth II.
Un cercueil vieux de plus de trente ans. Pour ceux qui s’inquiètent de voir le sceptre, la couronne ou le globe rouler à terre, le cercueil de chêne est doublé de plomb et les attributs de la monarchie sont vissés dessus. Le cercueil a été fabriqué il y a plus de trente ans.
La deuxième cérémonie va commencer. Le cercueil s’apprête à entrer dans la Chapelle Saint-George. C’est la dernière fois que le cercueil est vu en public et à l’extérieur avant son inhumation. C’est dans la même chapelle que Harry et Meghan s’étaient mariés le 19 mai 2018, et que le roi Charles et Camilla avaient reçu une bénédiction pour leur mariage en 2005. C’est aussi la chapelle où la Reine a assisté à l’enterrement de son mari le Prince Philip le 17 avril 2021. Le pays était alors en pleine pandémie et elle avait été photographiée seule, masquée et entourée de bancs vides. Le silence est désormais total, alors que le cercueil s’apprête à être monté sur les marches. Les cloches retentissent.
Marche pour certains, voiture pour d’autres. Seuls les hommes de la famille royale marchent dans la procession. A l’exception de la Princesse Anne, fille de la Reine Elizabeth II, les femmes de la famille royale rejoindront la Chapelle Saint-George en voiture.
Les corgis sont de la partie. Sandy et Mick, deux des derniers corgis de la reine, sont là aussi, alors que le cortège entre dans la cour du Château de Windsor. La famille royale, le roi Charles III, ses frères Andrew et Edward et sa sœur Anne, ainsi que ses fils les princes William et Harry, s’apprêtent à suivre à nouveau le cercueil à pied.
The Queen’s corgis, Muick and Sandy, sit in the forecourt of Windsor Castle to greet Her Majesty. pic.twitter.com/H02sPv17mY
Des funérailles estimées à 9,1 millions d’euros. Si les chiffres officiels n’ont pas encore été dévoilés, les premières estimations placent le prix des funérailles autour de 9,1 millions d’euros (8 millions de livres). Celles de la Queen Mum en 2002 avaient coûté 6,1 millions d’euros (5,4 millions de livres), dont une grande partie de frais de sécurité. Au Royaume-Uni, les funérailles d’Etat sont payées par le contribuable, ce qui fait grincer quelques dents. Mais certains n’y voient aucun inconvénient : «Qu’est-ce que 9 millions face à soixante-dix ans de règne ? Quel que soit le prix final, avec Elizabeth II, on en aura eu pour notre argent !», assure une passante à Hyde Park.
Même le poney de la reine assiste à la cérémonie. Le cortège vient de passer devant Emma, le grand poney noir de la reine, qu’elle montait encore il y a quelques mois.
The Queen’s horse Emma waits as the funeral procession passes through Windsor pic.twitter.com/0gKCZYpPfZ
La procession descend désormais vers la Chapelle St George du Château de Windsor. Des deux côtés de l’allée, la foule est immense et silencieuse, alors qu’une cornemuse solitaire joue une lamentation. De temps en temps pourtant, une salve d’applaudissements jaillit spontanément. Sur le trajet de la Chapelle, devant le château, le personnel, cuisiniers, femmes de chambre, maîtres d’hôtel sont sortis et attendent le passage de la dépouille de leur souveraine, le bras ceint d’un brassard noir. La série The Crown n’a décidément rien inventé.
La fin d’un règne, le début d’un autre. Tous les attributs de la monarchie sont présents sur le cercueil. A la tête de la monarchie et de l’Église anglicane, la couronne impériale, l’orbe et le sceptre seront retirés de son cercueil et le roi viendra déposer le drapeau du régiment. Puis, comme la tradition le veut, Lord Chamberlain cassera la canne blanche au-dessus du cercueil, ce qui signera la fin définitive du règne d’Elizabeth II qui aura duré plus de 70 ans.
Olena Zelenska salue le soutien de la reine Elizabeth à l’Ukraine. Dans un message publié sur son compte twitter, la première Dame d’Ukraine Olena Zelenska qui assiste aux funérailles de la monarque défunte a souligné le soutien de la reine Elizabeth II à l’Ukraine : «son attention à l’Ukraine était un important signal de soutien. Elle nous souhaitait des temps meilleurs et partageait notre désir de liberté».
A great honor for me to be present at the farewell to Her Majesty Queen Elizabeth II on behalf of all Ukrainians. Her attention to 🇺🇦 was an important signal of support. She wished us better times and shared our desire for freedom. We will always remember it with deep gratitude. pic.twitter.com/4DJqhLbIUn
Le cercueil de la reine arrive à Windsor. Le corbillard Jaguar de la reine d’Angleterre est arrivé à Windsor. Il s’apprête à avancer au pas sur le Windsor Castle Long Walk, précédé, encadré et suivi par plusieurs régiments en grand apparat et en musique. Le capot du corbillard est couvert de roses et tournesols jetés par la foule. Avant de s’engager sur la longue avenue, le cortège avance sur une petite route qui coupe au milieu des champs.
Des marins plutôt que des chevaux. Petit point technique : pourquoi le cercueil de la reine a-t-il été tiré par 98 marins de la Royal Navy et pas par des chevaux, ce qui serait tout de même plus simple ? Et bien la tradition date des funérailles de la reine Victoria, en 1901. A l’époque, ce sont des chevaux qui tiraient le cercueil, sauf qu’au début de la procession, un cheval avait paniqué et commencé à ruer dans les brancards, menaçant de renverser le cercueil. Dans la panique, l’improvisation joua et il fût décidé de décrocher les chevaux et de demander aux marins présents de prendre le relais. Depuis, la tradition a pris le pas et c’est désormais inscrit dans le cérémonial des obsèques royales.
Sur le trajet du corbillard, la foule reste compacte des deux côtés de la route. Alors que le corbillard transportant le cercueil de la reine a quitté Londres pour rouler sur la A4 vers le château de Windsor, la foule reste compacte sur les deux côtés de la route et lance des fleurs sur le véhicule. La vitesse du convoi a été soigneusement calculée pour qu’il arrive à 15h00 précise en haut du «Windsor Castle Long Walk», l’avenue majestueuse de 5 kilomètres qui mène au château. Là, une nouvelle procession à pied se déroulera vers la Chapelle où aura lieu un autre service, plus intime et plus bref. Les membres de la famille royale marcheront derrière le cercueil sur une partie du trajet, à partir de 15h40 précises.
Des funérailles façonnées par Elizabeth II. Jusqu’au bout, la reine a souhaité rajouter sa touche personnelle. Elle souhaitait elle-même que la cérémonie religieuse ne dure pas très longtemps. La Reine a aussi choisi un chant très familier puisqu’il a été joué lors de son mariage. Tout au long du chemin, les britanniques continuent de lancer des fleurs sur le corbillard qui transporte le cercueil d’Elizabeth II. Un dernier adieu pour ce peuple qui pour la plupart n’a connu que cette souveraine.
A Windsor, une première cérémonie se tiendra à 17 heures. Une première cérémonie aura lieu à 17h en comité plus restreint. La reine Elizabeth II reposera au côté de son père, George VI, sa mère, la princesse Margaret et son époux le prince Philip, décédé en avril 2021 à 99 ans. Pour rendre hommage à la reine, les Britanniques pourront entendre résonner une cornemuse dans la chapelle de Windsor. Le son de cet instrument, si chère à Elizabeth II, la réveillait tous les jours pendant 15 minutes.
En France, des maires refusent de mettre le drapeau en berne. La Première ministre Elisabeth Borne a enjoint le 11 septembre dernier les maires à mettre le drapeau tricolore en berne au fronton des mairies en signe d’hommage à la reine d’Angleterre. Mais plusieurs élus refusent et certains reconnaissent que la question est complexe. Dans la circulaire 6371/SG publiée le 8 septembre, la Première ministre a demandé aux édiles à mettre en berne les drapeaux «pendant une durée de vingt-quatre heures suivant l’annonce du décès de Sa Majesté courant à réception de la présente note et, d’autre part, le jour de ses obsèques solennelles» qui se déroule ce lundi. A Ivry-sur-Seine, le maire Philippe Bouyssou a expliqué son refus en rappelant que «la mise ne berne des drapeaux à l’occasion du décès d’une reine, qui plus est cheffe de l’Eglise Anglicane, contrevient au principe de notre République laïque, sociale et démocratique». Lire notre article.
Londres fait ses adieux à la Reine. Le Cercueil quitte définitivement la capitale pour rejoindre le château de Windsor à 40km de Londres. Tout au long de la route, les Britanniques attendent de voir le cercueil d’Elizabeth II pour la saluer une dernière fois. Derrière elle, les membres de sa famille la suivent en voiture.
Des clients regardent les funérailles de la reine Elizabeth II en direct à la télévision depuis un pub à Bangkok. (Jack Taylor/AFP)
«Vivement le couronnement». A Hyde Park, après le silence ému, les applaudissements, l’hymne national et les multiples coups de canon, la foule alignée de part et d’autre de la route est enfin récompensée pour ses longues heures d’attentes et aperçoit le cercueil, transféré dans un corbillard vitré a Wellington Arch. Une dernière vague d’émotion après dix jours de deuil national. Prochaine étape : Windsor. «Vivement le couronnement», glisse Louise, presque déçue que ça soit «déjà» fini. Par notre correspondante à Londres, Juliette Démas.
Le cortège arrive au Victoria Memorial. Après avoir passé l’arc de Wellington, un arc de triomphe commandé par le roi George IV pour commémorer les victoires britanniques pendant les guerres napoléoniennes, le cercueil de la reine est désormais au Victoria Memorial. Ce monument de Londres est situé face aux grilles de l’entrée principale du palais de Buckingham. Des membres du personnel de la famille royale sont présents rapporte le Guardian.
«Des funérailles pour un souverain qui a régné 70 ans». Voilà, le cortège du cercueil de la reine est passé sur Whitehall et a tourné sur Horse Guard Parade, pour se diriger vers l’ouest de Londres et Windsor. La foule se secoue, soupire presque, comme si, face à cette pompe incroyable et cette musique poignante, les respirations s’étaient un instant suspendues. Doucement, les conversations reprennent, on s’ébroue et on s’égaye. Arlene du Preez, une Sud-Africaine de 47 ans, venue à l’aube du Berkshire (au nord de Londres) soupire : «Des funérailles pour un souverain qui a régné 70 ans je n’en verrai pas d’autres de mon vivant».
Etreint par l’émotion, le Royaume-Uni dit adieu à Elizabeth II. Des funérailles grandioses, conclues par deux minutes de silence: un Royaume-Uni étreint par l’émotion a fait ses adieux en grande pompe lundi à Elizabeth II, souveraine dévouée et « joyeuse » à la popularité planétaire, en présence de centaines de dignitaires étrangers.
Rassemblé dans le centre de Londres, le public écoute les funérailles de la reine Elizabeth II à l’abbaye de Westminster, le 19 septembre 2022. (Scott Garfitt/AFP)
George et Charlotte, arrière-petits-enfants et princes solennels. Solennels et concentrés, le futur roi George, neuf ans, et sa sœur Charlotte, sept ans, ont accompagné lundi le cercueil de leur arrière-grand-mère Elizabeth II à son entrée puis à sa sortie de l’abbaye de Westminster, où se tiennent ses funérailles. Arrivés en voiture avec leur mère, Kate, et la reine consort, Camilla, George et Charlotte, respectivement deuxième et troisième dans l’ordre de succession au trône, ont rejoint la procession remontant l’allée centrale de l’abbaye derrière la dépouille de la souveraine. Leur frère cadet Louis, dont les hilarantes grimaces avaient presque volé la vedette à la reine lors de son jubilé de platine en juin, est quant à lui absent, jugé sans doute trop jeune pour l’événement, à seulement quatre ans.
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La procession funéraire vers le château de Windsor démarre doucement. On dira ce qu’on veut, mais les Brits ont quand même un talent fou. Le ciel, gris depuis ce matin, est désormais bleu, le soleil brille alors que le cercueil sort de l’Abbaye de Westminster, suivi par les quatre enfants de la reine Elizabeth II, dont le roi Charles III. Par notre envoyée spéciale à Londres, Sonia Delesalle-Stolper.
La procession vers Windsor démarre doucement. pic.twitter.com/iu7LBFH1Us
Les anciens Premiers ministres côté à côté pour dire au revoir à la reine. Au cours de ses 70 ans de règne, la reine Elizbeth II aura vu se succéder 15 premiers ministres. Sir John Major, Tony Blair, Gordon Brown, David Cameron, Theresa May et Boris Johnson, six anciens premiers ministres encore vivants, assistent aux funérailles de la monarque aux ôtés de leurs époux dans l’abbaye de Westminster.
All six former living British PMs take their places, alongside their spouses: Major, Blair, Brown, Cameron, May and Johnson. pic.twitter.com/0a6KLrg2hQ
Le prince Harry, le roi Charles III, la princesse Anne et Peter Phillips arrivant à l’abbaye de Westminster. (Sarah Meyssonnier/AP)
L’abbaye de Westminster remplie pour les funérailles de la reine Elizabeth II. (Frank Augstein/AP)
L’archevêque de Canterbury rend hommage à la reine. «Elle était pleine de joie, elle a touché l’âme de multitude de gens», selon l’archevêque de Canterbury, qui dirige la cérémonie. Le chef de l’Église d’Angleterre et de la Communion anglicane fait aussi référence à deux discours de la reine. Le premier, une promesse qu’elle a faite lors de son 21ème anniversaire, celle de «servir» le peuple britannique jusqu’à son dernier souffle. Et le second, «nous nous retrouverons», des mots prononcés lors de son dernier discours à propos de la pandémie de Covid 19. «Dans un discours connu prononcé pour ses 21 ans, sa défunte Majesté a déclaré que sa vie entière serait consacrée au service de la nation et du Commonwealth [organisation réunissant de nombreuses ex-colonies britanniques ndlr]. Rarement une promesse aura été aussi bien tenue», relate l’archevêque.
Les régiments de la reine s’alignent pour l‘accompagner dans son dernier voyage vers Windsor Castle où elle sera inhumée auprès de son époux Philip. pic.twitter.com/AbD1Du6Uf9
«Personne n’organise les cérémonies aussi bien que nous.» Le long de la route qu’empruntera la procession, le public écoute attentivement le service religieux retransmis en direct par des dizaines de haut-parleurs. James, qui a servi 3 ans dans l’armée, est venu du Nord «assister au dernier voyage de son ancienne commandante en chef». «Elle a été une constante influence bénéfique dans ma vie et la vie de ma famille», explique-t-il. A ses côtés, son ami Conor n’a pas hésité à dépenser 2000 £ pour revenir de Hong Kong à temps. Un voyage «évident» et «nécessaire» pour le jeune homme qui aime «la Reine, son pays et le Commonwealth». «Personne n’organise les cérémonies aussi bien que nous, et le nombre de personne dans les rues aujourd’hui témoigne de tout ce qu’Elizabeth II a fait et représenté.» En fin de journée, ils rejoindront d’autres anciens de l’armée pour porter un toast «à la mémoire de la Reine et à la santé du Roi». Par notre correspondante à Londres, Juliette Démas.
«Commencer avec Winston Churchill et finir avec Boris Johnson et Liz Truss, c’est vraiment pas de chance». John Settle, 74 ans, «comme le roi», s’est levé à 4h30 pour prendre un train depuis Warwick, à 450 kilomètres. Il est arrivé à 7h30 devant les barrières, au premier rang, sur Whitehall, la grande avenue qui relie Trafalgar Square à Parliament Square où se trouvent le Parlement et l’Abbaye. Il attend de voir passer le cercueil de la reine après la messe. «Je suis un peu triste pour elle quand même, commencer avec Winston Churchill et finir avec Boris Johnson et Liz Truss, c’est vraiment pas de chance.» Par notre envoyée spéciale à Londres, Sonia Delesalle-Stolper.
Le cercueil de la reine Elizabeth II arrivant à l’abbaye de Westminster pour les funérailles. (Marco Bertorello/AFP)
Le cercueil de la reine Elizabeth II, morte le 8 septembre à 96 ans. (Emilio Morenatti/AP)
Le cercueil de la reine entre dans l’abbaye de Westminster. Sous les chants de la chorale, les membres de la famille suivent derrière sa dépouille. Le cercueil repose maintenant dans l’abbaye pour la cérémonie religieuse. Le prince George et la princesse Charlotte marchent derrière le cercueil de leur arrière-grand-mère pour son arrivée.
Le cercueil de la reine en route pour l’abbaye de Westminster. Le cercueil de la reine Elizabeth II quitte finalement Westminster Hall, où il reposait depuis mercredi dernier, pour rejoindre l’Abbaye de Westminster pour la cérémonie religieuse. Tiré par 142 marins, la dépouille de la reine est suivie à pied par plusieurs membres de la famille dont son fils, le Roi Charles III.
Des femmes portant des robes décorées du portrait de la reine Elizabeth II, à Londres, alors qu’elles s’apprêtent à assister aux funérailles. (Lewis Joly/AP)
«L’entente cordiale existe». Sur Lambeth Bridge, Christine et Blair, un couple de retraités, sont sur leur trente-et-un. Ils partagent leur vie entre Monaco et Londres. Après moult péripéties, en raison de la grève des contrôleurs du ciel en France, ils sont finalement arrivés de Nice samedi. Ils sont allés directement faire la queue, neuf heure et demi, pour saluer le cercueil de leur reine. «Nous avons les jambes coupées», dit Christine. Mais, après quelques heures de repos, les voilà qui marchent vers Hyde Park Corner, où un «Lunch du Souvenir» les attend. Problème, les bobbies ferment l’accès au pont juste au moment où ils arrivaient sur la rive nord. Qu’à cela ne tienne, ils font demi-tour, vaillants. Christine fait remarquer qu’elle porte du Chanel, «l’entente cordiale existe. Les politiques parfois, ce sont comme des gamins dans la cour de récré. La plupart des gens sont normaux et veulent vivre normalement». L’an prochain, à la même date, ils retrouveront les amis qu’ils se sont faits dans la queue. «Tout cela est triste mais aussi, d’une manière étrange, assez joyeux», ajoute Christine. Par notre envoyée spéciale à Londres, Sonia Delesalle-Stolper.
Le président Emmanuel Macron arrivant dans l’abbaye de Westminster à Londres, avec son épouse Brigitte Macron, pour les funérailles d’Elizabeth II. (Gareth Fuller/AFP)
Le président des Etats-Unis Joe Biden et la première dame Jill Biden prennent place dans l’abbaye de Westminster pour les funérailles de la reine Elizabeth II. (Phil Noble/AFP)
«C’est un processus dont les gens ont besoin». Dans la foule à Hyde Park, des scouts en uniforme, un homme en kilt, des tenues de deuil noires… «Je n’avais pas réalisé à quel point j’appréciais la présence de la monarchie et son effet apaisant face à nos gouvernements ridicules avant la mort de la Reine», s’amuse Ruth, 63 ans, venue en train pour la journée. «Charles III fera certainement un bon roi s’il parvient à moderniser le régime et à réduire la taille de la famille royale pour qu’il soit plus facile de s’identifier à eux. Après tout, c’était un avant-gardiste sur la question du changement climatique !». Pour elle, Elizabeth II était «une monarque très informée après laquelle il sera difficile de passer». Elle attend le passage du cercueil avant d’aller voir les fleurs laissées par les visiteurs. «Cet enterrement, tout ce cérémonial, c’est un processus dont les gens ont besoin, ils mettent leurs divisions de côté pour un moment et se mélangent.» Par notre correspondante à Londres, Juliette Démas.
La Poste aussi est timbrée de la reine. Toutes les occasions sont bonnes. Pour rendre hommage à la reine Elizabeth II (et faire rentrer quelques sous dans la tirelire), la Poste lance ce lundi une planche de quatre timbres dédiés à «Son Altesse Royale la princesse Elizabeth d’York, devenue Sa Majesté la reine Elizabeth II». Les vignettes sont accompagnées d’un texte de l’inévitable Stéphane Bern et permettent d’envoyer des «lettres prioritaires internationales». De quoi justifier le prix faramineux de 8,50 € pour quatre timbres.
Sur Westminster Bridge, des membres de la communauté du Bengladesh au Royaume-Uni distribuent des sachets avec des samossas juste sortis du four et une bouteille d‘eau, un geste de „respect“ pour #ElizabethII pic.twitter.com/veMaDYpPQa
«Pour moi la reine a toujours été une grande inspiration». A Hyde Park, Aina est arrivée hier en train avec son mari et ses deux filles. «On est venus parce que ça semblait être la bonne chose à faire, ce genre d’événements n’arrive qu’une fois dans une vie.» Apres une nuit à l’hôtel, ils ont pris place le long de la route, elle toute en noir, les enfants en tenue du dimanche. «Pour moi la reine a toujours été une grande inspiration, elle a promis de servir le peuple et l’a fait jusqu’au bout.» Mia, cinq ans, sait que «la Reine a des corgis» et a vu le cercueil à la télévision. «Quand elle sera grande, elle comprendra et sera contente d’avoir assisté à ce jour», reprend Aina. Quant à Charles III, «il faudra s’y habituer, ça risque de prendre un peu de temps.» Par notre correspondante à Londres, Juliette Démas.
Les funérailles d’Etat, des cérémonies pas pour tout le monde. Les funérailles d’Etat sont normalement réservées aux souverains britanniques, et peuvent exceptionnellement être accordées à des personnes ayant joué un rôle important dans la vie du pays, comme Churchill, qui y a eu droit en 1965. Le cercueil est d’abord emmené jusqu’à Westminster Hall au cours d’une procession, avant d’être exposé au public pendant plusieurs jours. Une seconde procession composée de proches et de militaires l’escorte jusqu’à Windsor pour un service dans la chapelle Saint Georges. Pour cela, le cercueil est placé sur un affût (une pièce d’artillerie), recouvert de l’étendard royal, de la Couronne, de l’orbe et du sceptre. Les autres membres de la famille royale comme la Queen Mum ou le Prince Philip ont reçu des «funérailles cérémonielles». Par notre correspondante à Londres, Juliette Démas.
Une femme pose près d’un panneau en carton représentant la reine Elizabeth II, à Windsor. (Owen Humphreys/AP)
Plusieurs dizaines de milliers de policiers et militaires en patrouille. Avec plus de 500 hauts dignitaires étrangers (reines, rois, présidents, premiers ministres…) et jusqu’à deux millions de visiteurs à Londres, l’enterrement d’Elizabeth II est un défi sécuritaire «sans précédent», selon le Maire de la ville, Sadiq Khan. 10 000 policiers et autant de militaires patrouilleront le long des routes empruntées par le cortège. Des snipers ont été installés sur les toits et des drones permettront de repérer les incidents dans la foule. En tout, la facture pourrait s’élever à 7 millions d’euros. Par notre correspondante à Londres, Juliette Démas.
C’est confirmé. Il est interdit de mourir en ce lundi 19 septembre 2022 au Royaume-Uni. Les maisons funéraires sont fermées “par respect” pour la reine #ElizabethII pic.twitter.com/xg5og1ddOL
Avant les funérailles, Emmanuel et Brigitte Macron «en civil» dans les rues de Londres. Le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte, qui assisteront aux funérailles ce lundi, ont été aperçus à Westminster, dimanche, se promenant avec des lunettes de soleil et des baskets pour voir la fameuse Queue et «partager la douleur du peuple britannique», écrit le Daily Mail. Le tabloïd britannique, manifestement très intéressé par les questions vestimentaires, relève qu’Emmanuel Macron, «que l’on voit rarement autrement qu’en costume bleu, a été vu dans une veste bleu marine foncée plus discrète, un pantalon gris anthracite et des baskets noires aux côtés de sa femme, vêtu de la même manière». Si le Daily Mail parle de président «incognito», on peut en douter : Emmanuel Macron et son épouse étaient évidemment bien entourés de nombreux gardes du corps et ont été abondamment photographiés.
En face de Green Park (déjà rempli !) la chaîne de supermarchés M&S a changé sa vitrine. pic.twitter.com/ABpW11YBsJ
Premières funérailles royales à l’Abbaye de Westminster depuis 1760. La cérémonie se déroule à l’Abbaye de Westminster, non loin du Parlement. C’est la première fois que des funérailles royales y sont organisées depuis celles du roi George II en 1760. Lieu du couronnement des rois et reines d’Angleterre depuis 1066, ce bâtiment compte parmi les établissements religieux les plus connus de Londres. Elizabeth II a choisi de s’y marier avec le Prince Philip et deux de ses enfants, la Princesse Anne et le Prince Andrew, ont fait de même.
A Londres, les rues débordantes de monde. La foule converge vers Green Park, un peu déçue de ne pas avoir de place au premier rang. Tous sont sont venus bien préparés : gourdes, drapeaux, chaises de camping, marchepieds et sac à dos. Des vendeurs à la sauvette offrent des roses et des fanions. «Ça me rappelle l’enterrement de mes parents», explique Liz, venue avec sa famille. «La famille royale a à peine le temps de faire son deuil, tout doit être public, ça me chagrine pour eux !». Par notre correspondante à Londres, Juliette Démas.
C’est peut-être un détail pour vous mais normalement, en semaine et le week-end, à cette heure, ce parc, au sud de la Tamise, Wandsworth Common, est plein de chiens et leurs maîtres et de sportifs. #ElizabethII pic.twitter.com/WEASgYG358
La RATP rend hommage à la reine d’Angleterre. Surprise métro George V, dans le VIIIe arrondissement de Paris. Sur les murs de la station, l’habituel panneau a été remplacé. Lettres blanches sur fond bleu marine, on peut lire les mots «Elizabeth II 1926 – 2022». Un hommage de l’entreprise de transports en commun à Paris et en Ile-de-France qui sera visible pendant 24 heures. Seule une plaque sur deux a été changée, pour «ne pas créer le trouble auprès [des] voyageurs».
Le groupe RATP rend hommage à la reine d’Angleterre en renommant pour la journée la station George V en Elizabeth II. pic.twitter.com/QfcJzV8LpL
Qui assistera aux obsèques ? Les places à Westminster sont réservées à quelques privilégiés puisque seuls 2000 invités pourront pénétrer dans l’abbaye. Parmi eux, de hauts responsables britanniques, dont d’anciens Premiers ministres, qui, tous, ont côtoyé la reine. Mais aussi des chefs d’Etats et représentants du monde entier, comme le président américain, Joe Biden, le président français, Emmanuel Macron, ou encore la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. L’occasion également de réunir des membres de la famille royale de toute l’Europe, parents de sang de la famille britannique, comme le roi et la reine de Belgique et le couple royal d’Espagne.
Un seul haut représentant par pays pourra assister au service funéraire d’Elizabeth II. Les dirigeants ne pouvant être présents ont pu choisir un délégué. C’est le cas du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui sera représenté par sa femme, Olena Zelenska. Les invités devront se plier à une feuille de route très stricte, et tous leurs déplacements seront cadrés selon le protocole.
Une photo officielle pour les obsèques. Le compte Twitter de la famille royale britannique a diffusé une nouvelle photo de la reine, hier soir, en amont de ses funérailles. «La photo a été prise pour marquer le jubilé de platine de Sa Majesté – le premier monarque britannique à atteindre cette étape. Demain, des millions de personnes se rassembleront pour commémorer sa vie remarquable», peut-on lire dans le message qui accompagne le cliché souriant. Le jubilé de platine, marquant les 70 ans de règne d’Elizabeth II, s’est tenu en juin dernier.
Ahead of Her Majesty The Queen’s State Funeral, a new photograph has been released.
The photo was taken to mark Her Majesty’s Platinum Jubilee – the first British Monarch to reach this milestone.
Tomorrow, millions will come together to commemorate her remarkable life. pic.twitter.com/UyVfjVvJgw
Un protocole millimétré. Soixante-dix ans après le dernier enterrement d’un roi en Grande-Bretagne, ces obsèques d’Etat suivent des règles protocolaires strictes. Ce lundi matin, le cercueil processionnera à travers les rues de Londres, jusqu’à l’abbaye de Westminster. Il sera orné de l’étendard royal, de la couronne impériale et du sceptre. Les hauts membres de la famille royale escorteront son avancée, au premier rang desquels le nouveau roi Charles III, accompagné des princes William et Harry. Comme pour les précédentes funérailles royales, un cortège militaire encadrera la procession. Il sera composé de membres de la Royal Air Force et des Gurkhas, des unités des armées britanniques et indiennes recrutées au Népal. Le cortège arrivera ensuite à l’abbaye de Westminster, où la cérémonie débutera à 11 heures, heure locale (midi à Paris). Pour en savoir plus, lisez notre article dédié au protocole de cette journée.
Le cercueil de la reine Elizabeth II le 17 septembre, à l’intérieur de Westminster Hall, à Londres. (Carl Court/AFP)
Le reflet du Tower Bridge sur une photo de la reine Elizabeth II. (Ben Stansall/AFP)
Derniers recueillements devant le cercueil d’Elizabeth II. Les tout derniers membres du public se sont recueillis devant le cercueil de la reine ce matin à Londres, quelques heures avant des funérailles historiques. Bravant de longues heures d’attente, des dizaines voire des centaines de milliers de personnes ont défilé en cinq jours devant le cercueil disposé sur un imposant catafalque dans Westminster Hall, la plus vieille salle du parlement britannique, jusqu’à sa fermeture vers 6 h 30 heure locale (7 h 30 en France).
© Libé 2022
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