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Le regard du pouvoir algérien sur la guerre d'Algérie – Radio France

Le regard de l’autre | Réconcilier les mémoires entre Alger et Paris est un défi de taille pour une question encore sensible. Emmanuel Macron, premier chef d’État français né après l’indépendance de l’Algérie, semble décidé à tendre la main. Mais le point de vue algérien reste encore très éloigné du point de vue français.
Deux gestes récents ont eu une forte valeur symbolique dans l’avancée des relations entre Paris et Alger au sujet de la guerre d’Algérie :
– La reconnaissance de la responsabilité de la France dans la torture et l’assassinat de l’avocat Ali Boumendjel en 1957.
– La simplification de l’accès aux archives françaises, souvent classées secret défense.
Mais comment Alger considère encore le chemin à parcourir quasiment soixante ans après la fin du conflit ? La question est sensible et très instrumentalisée politiquement.
Analyse en six points clés pour “ Le regard de l’autre : géographie, Histoire, droit, économie, psychologie et sociologie.
L’Algérie est d’abord une puissance régionale qui entend être prise au sérieux, a fortiori par l’ancienne puissance coloniale.
2 millions 380 000 km2, l’Algérie fait 4 fois la taille de la France, c’est le plus grand pays d’Afrique par la taille.
Puissance pétrolière, c’est aussi un pays jeune : 44 millions d’habitants avec une moyenne d’âge de 29 ans.
La France est un voisin, par la Méditerranée. On le dit souvent : Alger et Marseille se regardent, comme des sœurs jumelles. 750 kilomètres à vol d’oiseau, à peine plus que la distance Paris Marseille.
Et puis l’Algérie est un pays d’émigration. En particulier vers la France. La communauté algérienne en France est estimée à 1 million de personnes, dont près de 450 000 possèdent la double nationalité.
Nos deux pays sont donc liés, par la géographie et la démographie.
C’est la question centrale : comment effectuer un travail de mémoire conjoint, partagé, avec ce que cela signifie de renoncement de chacun à son monopole sur la façon de raconter l’Histoire ? Tout le monde s’y est cassé les dents jusqu’à présent.
Trouver des solutions, par une politique de petits pas, c’est l’objectif, côté français, du rapport de l’historien Benjamin Stora remis en janvier. Faciliter l’accès aux archives et admettre la responsabilité française dans la mort de Boumendjel sont deux de ces pas. Mais vu d’Algérie, ces pas restent modestes. D’abord parce que c’est la reconnaissance d’une vérité connue de longue date : le responsable de la torture et de l’assassinat de Boumendjel, le général Aussaresses, a reconnu les faits, il y a déjà vingt ans ! Ensuite, parce que les demandes de l’Algérie dépassent le cas Boumendjel.
Alger demande d’abord de façon globale des excuses officielles de la France, la reconnaissance des “crimes de la colonisation”, en particulier pendant la période de la guerre proprement dite, de 1954 à 1962. Paris refuse cette repentance. Même si en 2017, alors qu’il n’était que candidat à l’Élysée, Emmanuel Macron, en déplacement à Alger, avait qualifié la colonisation de “crime contre l’Humanité“.
Vu d’Algérie, la liste est longue des cicatrices encore béantes qui font l’objet de demandes de réparations symboliques ou financières :
– La répression féroce au moment du début de la colonisation, en particulier entre 1830 et 1860,
– La détention par la France de l’épée d’Abdelkader, héros algérien de la Résistance à la colonisation
– Les massacres de Sétif, Guelma et de Kherrata en 1945 : plusieurs milliers de morts,
– Les exactions de l’OAS,
– Les essais nucléaires français de Reggane dans les années 60, Alger demande des indemnisations pour les familles des victimes,
– Les ravages des mines antipersonnel laissées par l’armée française après son départ.
Les divergences juridiques entre Paris et Alger sont une conséquence du désaccord sur la lecture de l’Histoire. Deux sujets font débat.
Le premier, c’est le principe de réparations financières réclamées à la France.
Des chercheurs algériens comme Seddik Larkèche évalue le montant des réparations que pourrait demander à l’Algérie à 100 milliards d’euros. Des réparations pour les familles des victimes, au titre d’une “faute lourde” et de “crimes contre l’Humanité”, de l’État français pendant la période coloniale de 1830 à 1962. Mais vu de Paris, le principe même est toujours demeuré inacceptable : les accords d’Évian, signés en 1962, tournent la page, constituent une sorte d’amnistie. L’idée de réparation financière n’est pas concevable.
Le deuxième sujet juridique qui fait débat, c’est l’accès aux archives. Et en particulier la propriété des archives. L’Algérie demande de longue date la restitution de documents qu’elle estime lui appartenir. Parce qu’en 1962, à leur départ d’Algérie, les autorités ont rapatrié en métropole des tonnes de documents. Alger invoque la convention de Genève de 1983 qui dit en résumé : les archivés créées sur un territoire doivent y rester après l’indépendance. Paris répond que cette convention de Genève n’est pas en fonction, puisque ratifiée par trop peu de pays.
La question de fond est de savoir si dans ces archives gardées jalousement par l’État français figurent les preuves d’exactions dissimulées par l’ex puissance coloniale. S’y ajoute le fait que récemment, le secret défense a régulièrement été opposé aux historiens y compris français.
La récente décision d’Emmanuel Macron de simplifier cet accès va peut-être lever cet obstacle. Mais cela ne règlera pas le désaccord avec Alger sur le fait de savoir qui est propriétaire de ces documents.
C’est un aspect relativement secondaire dans ce dossier, si ce n’est que l’économie est un levier d’influence.
Rappelons d’abord que pour les adversaires, en France, de toute forme de repentance, la colonisation a eu des aspects positifs du point de vue économique. Elle a permis le développement de l’Algérie, les transports, les routes, les écoles, etc. Une vision que conteste évidemment le pouvoir algérien.
L’Histoire économique récente cette fois est d’abord celle de partenaires. La France est le deuxième partenaire commercial de l’Algérie après la Chine et le premier partenaire de la France en Afrique.
500 entreprises françaises sont présentes en Algérie avec plus de 30 000 expatriés. La France importe du pétrole et exporte des voitures ou des produits pharmaceutiques.
Il y a aussi là un enjeu géostratégique pour la France : assurer sa présence sur la rive Sud de la Méditerranée.
Et quand les questions mémorielles créent un regain de tension entre Paris et Alger, les contrats et les relations économiques en font parfois les frais.
Ce débat mémoriel est en grande partie pollué par les enjeux de politique intérieure.
En France, c’est la pression électorale de l’extrême droite qui refuse toute reconnaissance d’exaction en Algérie. Et qui attise les plaies mal refermées sur deux dossiers : les descendants des harkis, ces anciens supplétifs musulmans de l’armée française (communauté estimée à plus de 500 000 personnes aujourd’hui) et les descendants des pieds-noirs (3 à 4 millions de personnes aujourd’hui).
En Algérie, l’enjeu de mémoire est instrumentalisé par le pouvoir : les cadres de l’armée et du FLN fondent une grande partie de leur légitimité sur ce combat historique contre la colonisation. Et sur sa récupération permanente. Ce combat permet aussi au pouvoir de détourner l’attention des problèmes du quotidien, du chômage, du manque de liberté. C’est un dérivatif facile.
Et puis, au sein même du pouvoir algérien, il y a des différences de sensibilité sur le sujet. Il y a des durs. Et des pragmatiques. On l’a perçu au moment de la publication du rapport Stora fin janvier. À ce moment-là le président Tebboune était à l’hôpital. Les durs, les plus nationalistes en ont profité.  Ils ont vivement critiqué le rapport qui selon eux “cherche à occulter les crimes coloniaux”.
A l’échelon plus large de la population algérienne, le regard est plus complexe encore. Les Français sont regardés à la fois comme les anciens colons et comme des cousins proches. Et puis surtout, aujourd’hui, 90% de la population algérienne a moins de 60 ans et n’a donc jamais connu la guerre. Plus d’un Algérien sur deux a même moins de 30 ans.
La préoccupation de ces jeunes est donc d’abord d’avoir du boulot et de la liberté. Le mouvement du Hirak, depuis deux ans en témoigne. La question de la guerre d’Algérie vient après.
Et des gestes de réconciliation trop ostensibles de la part de Paris pourrait même être mal perçus par des Algériens qui y verraient un cadeau de Paris au pouvoir algérien contesté.
Pour toutes ces raisons, le contentieux ne va pas se régler rapidement. Il est trop instrumentalisé dans tous les sens. C’est un champ de mines.
Et une date lourde de symboles se profile à l’horizon : le 19 mars 2022, dans un an. Les 60 ans des accords d’Évian ouvrant la voie à l’indépendance de l’Algérie. Alger en attend beaucoup. Mais à ce moment-là, la France sera en pleine campagne présidentielle.
Cela ne va pas aider à dépassionner le débat.
Avec la collaboration d’Éric Chaverou et de Chadi Romanos
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Deux gestes récents ont eu une forte valeur symbolique dans l’avancée des relations entre Paris et Alger au sujet de la guerre d’Algérie :
– La reconnaissance de la responsabilité de la France dans la torture et l’assassinat de l’avocat Ali Boumendjel en 1957.
– La simplification de l’accès aux archives françaises, souvent classées secret défense.
Mais comment Alger considère encore le chemin à parcourir quasiment soixante ans après la fin du conflit ? La question est sensible et très instrumentalisée politiquement.
Analyse en six points clés pour “ Le regard de l’autre : géographie, Histoire, droit, économie, psychologie et sociologie.
L’Algérie est d’abord une puissance régionale qui entend être prise au sérieux, a fortiori par l’ancienne puissance coloniale.
2 millions 380 000 km2, l’Algérie fait 4 fois la taille de la France, c’est le plus grand pays d’Afrique par la taille.
Puissance pétrolière, c’est aussi un pays jeune : 44 millions d’habitants avec une moyenne d’âge de 29 ans.
La France est un voisin, par la Méditerranée. On le dit souvent : Alger et Marseille se regardent, comme des sœurs jumelles. 750 kilomètres à vol d’oiseau, à peine plus que la distance Paris Marseille.
Et puis l’Algérie est un pays d’émigration. En particulier vers la France. La communauté algérienne en France est estimée à 1 million de personnes, dont près de 450 000 possèdent la double nationalité.
Nos deux pays sont donc liés, par la géographie et la démographie.
C’est la question centrale : comment effectuer un travail de mémoire conjoint, partagé, avec ce que cela signifie de renoncement de chacun à son monopole sur la façon de raconter l’Histoire ? Tout le monde s’y est cassé les dents jusqu’à présent.
Trouver des solutions, par une politique de petits pas, c’est l’objectif, côté français, du rapport de l’historien Benjamin Stora remis en janvier. Faciliter l’accès aux archives et admettre la responsabilité française dans la mort de Boumendjel sont deux de ces pas. Mais vu d’Algérie, ces pas restent modestes. D’abord parce que c’est la reconnaissance d’une vérité connue de longue date : le responsable de la torture et de l’assassinat de Boumendjel, le général Aussaresses, a reconnu les faits, il y a déjà vingt ans ! Ensuite, parce que les demandes de l’Algérie dépassent le cas Boumendjel.
Alger demande d’abord de façon globale des excuses officielles de la France, la reconnaissance des “crimes de la colonisation”, en particulier pendant la période de la guerre proprement dite, de 1954 à 1962. Paris refuse cette repentance. Même si en 2017, alors qu’il n’était que candidat à l’Élysée, Emmanuel Macron, en déplacement à Alger, avait qualifié la colonisation de “crime contre l’Humanité“.
Vu d’Algérie, la liste est longue des cicatrices encore béantes qui font l’objet de demandes de réparations symboliques ou financières :
– La répression féroce au moment du début de la colonisation, en particulier entre 1830 et 1860,
– La détention par la France de l’épée d’Abdelkader, héros algérien de la Résistance à la colonisation
– Les massacres de Sétif, Guelma et de Kherrata en 1945 : plusieurs milliers de morts,
– Les exactions de l’OAS,
– Les essais nucléaires français de Reggane dans les années 60, Alger demande des indemnisations pour les familles des victimes,
– Les ravages des mines antipersonnel laissées par l’armée française après son départ.
Les divergences juridiques entre Paris et Alger sont une conséquence du désaccord sur la lecture de l’Histoire. Deux sujets font débat.
Le premier, c’est le principe de réparations financières réclamées à la France.
Des chercheurs algériens comme Seddik Larkèche évalue le montant des réparations que pourrait demander à l’Algérie à 100 milliards d’euros. Des réparations pour les familles des victimes, au titre d’une “faute lourde” et de “crimes contre l’Humanité”, de l’État français pendant la période coloniale de 1830 à 1962. Mais vu de Paris, le principe même est toujours demeuré inacceptable : les accords d’Évian, signés en 1962, tournent la page, constituent une sorte d’amnistie. L’idée de réparation financière n’est pas concevable.
Le deuxième sujet juridique qui fait débat, c’est l’accès aux archives. Et en particulier la propriété des archives. L’Algérie demande de longue date la restitution de documents qu’elle estime lui appartenir. Parce qu’en 1962, à leur départ d’Algérie, les autorités ont rapatrié en métropole des tonnes de documents. Alger invoque la convention de Genève de 1983 qui dit en résumé : les archivés créées sur un territoire doivent y rester après l’indépendance. Paris répond que cette convention de Genève n’est pas en fonction, puisque ratifiée par trop peu de pays.
La question de fond est de savoir si dans ces archives gardées jalousement par l’État français figurent les preuves d’exactions dissimulées par l’ex puissance coloniale. S’y ajoute le fait que récemment, le secret défense a régulièrement été opposé aux historiens y compris français.
La récente décision d’Emmanuel Macron de simplifier cet accès va peut-être lever cet obstacle. Mais cela ne règlera pas le désaccord avec Alger sur le fait de savoir qui est propriétaire de ces documents.
C’est un aspect relativement secondaire dans ce dossier, si ce n’est que l’économie est un levier d’influence.
Rappelons d’abord que pour les adversaires, en France, de toute forme de repentance, la colonisation a eu des aspects positifs du point de vue économique. Elle a permis le développement de l’Algérie, les transports, les routes, les écoles, etc. Une vision que conteste évidemment le pouvoir algérien.
L’Histoire économique récente cette fois est d’abord celle de partenaires. La France est le deuxième partenaire commercial de l’Algérie après la Chine et le premier partenaire de la France en Afrique.
500 entreprises françaises sont présentes en Algérie avec plus de 30 000 expatriés. La France importe du pétrole et exporte des voitures ou des produits pharmaceutiques.
Il y a aussi là un enjeu géostratégique pour la France : assurer sa présence sur la rive Sud de la Méditerranée.
Et quand les questions mémorielles créent un regain de tension entre Paris et Alger, les contrats et les relations économiques en font parfois les frais.
Ce débat mémoriel est en grande partie pollué par les enjeux de politique intérieure.
En France, c’est la pression électorale de l’extrême droite qui refuse toute reconnaissance d’exaction en Algérie. Et qui attise les plaies mal refermées sur deux dossiers : les descendants des harkis, ces anciens supplétifs musulmans de l’armée française (communauté estimée à plus de 500 000 personnes aujourd’hui) et les descendants des pieds-noirs (3 à 4 millions de personnes aujourd’hui).
En Algérie, l’enjeu de mémoire est instrumentalisé par le pouvoir : les cadres de l’armée et du FLN fondent une grande partie de leur légitimité sur ce combat historique contre la colonisation. Et sur sa récupération permanente. Ce combat permet aussi au pouvoir de détourner l’attention des problèmes du quotidien, du chômage, du manque de liberté. C’est un dérivatif facile.
Et puis, au sein même du pouvoir algérien, il y a des différences de sensibilité sur le sujet. Il y a des durs. Et des pragmatiques. On l’a perçu au moment de la publication du rapport Stora fin janvier. À ce moment-là le président Tebboune était à l’hôpital. Les durs, les plus nationalistes en ont profité.  Ils ont vivement critiqué le rapport qui selon eux “cherche à occulter les crimes coloniaux”.
A l’échelon plus large de la population algérienne, le regard est plus complexe encore. Les Français sont regardés à la fois comme les anciens colons et comme des cousins proches. Et puis surtout, aujourd’hui, 90% de la population algérienne a moins de 60 ans et n’a donc jamais connu la guerre. Plus d’un Algérien sur deux a même moins de 30 ans.
La préoccupation de ces jeunes est donc d’abord d’avoir du boulot et de la liberté. Le mouvement du Hirak, depuis deux ans en témoigne. La question de la guerre d’Algérie vient après.
Et des gestes de réconciliation trop ostensibles de la part de Paris pourrait même être mal perçus par des Algériens qui y verraient un cadeau de Paris au pouvoir algérien contesté.
Pour toutes ces raisons, le contentieux ne va pas se régler rapidement. Il est trop instrumentalisé dans tous les sens. C’est un champ de mines.
Et une date lourde de symboles se profile à l’horizon : le 19 mars 2022, dans un an. Les 60 ans des accords d’Évian ouvrant la voie à l’indépendance de l’Algérie. Alger en attend beaucoup. Mais à ce moment-là, la France sera en pleine campagne présidentielle.
Cela ne va pas aider à dépassionner le débat.
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